Le trésor public malien qu’on a pris l’habitude de présenter comme la vache laitière du Mali est en dépérissement en raison du comportement malhabile de son directeur actuel Sidi Almoctar Oumar. A l’origine, des disparitions de deniers publics, des nominations des proches comme par enchantement, et surtout l’acception des chèques sans provisions par l’inspecteur qu’il est. Conséquences : les difficultés vont crescendo, les finances publiques en agonie, des grincements de dent et tensions en couveuse… A telle enseigne que le directeur national se trouve aujourd’hui dans l’œil du cyclone…
Pour rappel, le trésor est l’ensemble des moyens financiers dont dispose l’Etat. Il s’agit là d’un organisme public agissant au nom de l’Etat. Généralement, le trésor public ne dispose pas de sa propre personnalité juridique qui se confond avec celle de l’Etat. C’est le caissier, le comptable et le financier de l’Etat. La direction nationale du trésor et de la comptabilité publique est l’interface entre l’administration et les usagers. Ses missions sont peu connues du grand public à part le paiement des mandants et le règlement des impôts.
Pourtant, l’ancien directeur Boubacar Ben Bouillé avait entrepris des changements au niveau du trésor malien, dont entre autres, la mise en œuvre des procédures en matières d’exécution des dépenses publiques, de comptabilités générales de l’Etat, de la tenue de la comptabilité des collectivités territoriales, de la publication de l’information économique et financière. L’ancien directeur donc avait à cœur de redynamiser les structures avec en toile de fond l’amélioration et la diffusion des manuels de procédures comptables, des guides de fonctionnement des comptes et fascicules permettant de clarifier et d’harmoniser les pratiques comptables. Mais tout cela est en rade aujourd’hui en raison de l’attitude d’un directeur dont la gestion frise l’inconscience professionnelle. Mieux, le copinage et le népotisme sont devenus monnaie courante.
1,4 milliard disparu à Sikasso
Cette situation est symptomatique de la gestion catastrophique actuelle de la vache laitière que constitue le trésor. Résultat : on assiste à l’amaigrissement de l’Etat. Les
chefs au niveau du ministère des finances ne réagissent pas auréolés déjà des pots – de – vin qu’ils touchent suite à des règlements de factures où ils ont des bonifications ou gratifications avec leurs complicités. Le directeur n’a jamais évoqué ces milliards perdus. Dans la capitale du Kénédougou, on s’est limité à mettre aux arrêts le receveur en douanes. Le syndicat, s’il en existe, est bâillonné. Au niveau de la présidence de la République, on s’interroge sur la responsabilité des cadres de Bamako par rapport au détournement de Sikasso. Le directeur Sidi Almoctar, toujours bouche bée, est vivement interpellé. Il ne peut pas gérer le trésor comme une caisse de résonnance. La conséquence en est qu’il est aux abois aujourd’hui.
Le trésor ou la famille Sidi Almoctar
Nommé par décret pris en conseil des ministres le 28 janvier 2015, cet inspecteur du trésor doit revoir sa carte de visite car il mène une politique ethnicisée au trésor. La plupart des mandats sous paiement porte la marque raciste. On assiste à la promotion de son clan au détriment des anciens cadres du trésor. L’avancement au choix est privilégié par rapport à l’avancement à l’ancienneté, mais aussi des compétences et expériences foulées au pied. Sa pratique consiste à se focaliser sur l’école du trésor réservée aux catégories B laquelle forme les cadres admis pour la première fois à la fonction publique avant de commencer. Ce n’est pas tout car des employés à un an de la retraite ont été nommés à des postes dans les ambassades dont la durée est moins égale à 5 ans. Et que dire du cas Oumar Bah qui signe son retour, Tahirou Bah qui a quitté un poste niveau section de Koulikoro pour être parachuté à un niveau régional (Bamako)… Le comble, c’est l’émission de chèques sans provisions par les commerçants et acceptés par le directeur. S’agit-il d’une complicité ? Les débats sont ouverts, les vérificateurs et autres contrôleurs ont désormais matière à réflexion.
Issiaka Sidibé
Source: Le Matinal