Le Conseil National de Transition a ouvert sa session ordinaire d’avril en début de cette semaine. Une session qui se tient à un moment très particulier où le Mali est victime des sanctions économiques et financières imposées par la CEDEAO et l’UEMOA.
Diaw dénonce les sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA contre le Mali
Dans son discours, le président du CNT, le colonel Malick Diaw déplore les sanctions « injustes, injustifiées et inhumaines » de la CEDEAO et de l’UEMOA à l’encontre du Mali. Comme le premier ministre l’a toujours dit, le président du CNT estime que la finalité desdites mesures, était d’isoler complètement le Mali et le sevrer de ressources. Aussi, le président du CNT fustige les sanctions individuelles contre certaines personnalités de la transition. « Finalement nous sommes en bon droit de nous demander pourquoi tant d’acharnement et d’agressivité contre notre pays et ses dirigeants », laisse entendre le colonel Diaw qui a également dénoncé la campagne de dénigrement contre le Mali. « Pour cela, on nous désavoue et on tente de nous dénigrer partout sur la scène internationale », laisse-t-il entendre. Pour le colonel Diaw, la déclaration de Macron à la suite de la suspension de RFI et France 24 est une confirmation de l’instrumentalisation de la CEDEAO par la France. « Il n’en fallait pas davantage pour pousser le Président français à avouer publiquement ce que l’opinion soupçonnait depuis fort longtemps. Oui, Mesdames et Messieurs, cela a été juste suffisant pour exposer encore au grand jour l’influence coupable dont la CEDEAO semble faire l’objet, spécialement sur le dossier du Mali », a-t-il laissé entendre avant de regretter que c’est de cette manière sous-marine que les questions concernant le Mali soient traitées. « C’est de cette même manière que des coups sont portés à notre pays pour l’obliger à rentrer dans le rang. Mais Dieu veille et les maliens restent debout sur les remparts comme l’ont fait nos fiers devanciers, résistants téméraires des grands empires et royaumes du Mali », dit-il.
Selon le président du CNT, le Mali ne sollicite aucunement un traitement de faveur quelconque mais souhaite seulement être compris et traité dignement. « Nous voulons juste que notre pays soit maitre de sa propre destinée, qu’il puisse vivre en paix et entretenir désormais des relations bilatérales ou multilatérales de façon souveraine avec ses partenaires et ses amis », affirme le président de l’organe législatif.
Après avoir félicité le Gouvernement qui a su mettre rapidement cette période d’embargo à profit pour diversifier les opportunités économiques du Mali, salué toutes les initiatives prises par le Gouvernement pour attaquer les sanctions économiques injustement imposées au Mali devant la Cour de Justice de l’UEMOA, Diaw affirme que « le sursis à l’exécution desdites sanctions décidé par cette Cour, le 24 mars 2022, en dit long sur leur illégalité et la force des arguments développés par l’État malien et ses avocats ».
Diaw défend le bilan de la transition
Selon le patron de l’organe législatif malien, malgré toutes les turbulences, la transition malienne se poursuit sereinement et avec responsabilité vers son but ultime. « La loi portant révision de la Charte de la Transition que le CNT a adopté le 21 février 2022 rentrait d’ailleurs dans ce cadre », précise-t-il. A l’en croire résultait de la nécessité de procéder à certains ajustements indispensables à l’atteinte des objectifs majeurs de la transition. Ainsi, il a rassuré que « les autorités de la transition ne faibliront jamais pour relever les divers défis inscrits dans la Charte révisée de la Transition ».
Les Maliens appelés à l’union
La réussite de la transition, une nécessité pour les autorités actuelles. C’est en tout cas que prouve le discours du président du CNT. Selon lui, l’ambition de tous les acteurs du changement est de faire en sorte que le Mali ne retombe plus jamais dans les erreurs et les errements du passé. Tous les moyens sont bons, selon Diaw, pour sauver la nation malade. « En décidant d’intervenir le 18 août 2020, nous, acteurs militaires, avions déjà sacrifié notre vie pour une cause que nous croyons juste et salutaire pour la survie de notre pays », dit-il avant d’ajouter : « Aujourd’hui plus que jamais nous sommes déterminés à donner notre vie, s’il le faut, pour préserver l’intégrité et le renouveau du Mali ». Il a profité de l’occasion pour appeler les Maliens à un sursaut national. Selon lui, les autorités de la transition ont toujours souhaité l’inclusivité. Pour le président du CNT, les Maliens doivent retenir qu’une transition mal conduite est la voie toute tracée vers d’autres remous. « Évitons donc tout acte susceptible de fragiliser la transition, singulièrement au moment où le Mali est en train de trouver sa voie malgré les épreuves et les contraintes de l’heure », plaide-t-il avant de souhaiter que cette transition en cours soit vraiment la dernière au Mali ».
Aussi, a-t-il profité de l’ouverture de cette session pour saluer la montée en puissance de l’armée et exprimer les reconnaissances du Mali à ses soutiens.
Le Premier ministre bientôt devant le CNT
Le Président du CNT a annoncé, devant le premier ministre, l’interpellation de ce dernier pour qu’il défende le bilan de son gouvernement. « Je voudrais m’adresser solennellement au Premier Ministre pour lui dire qu’indépendamment des évaluations périodiques faites du PAG, les maliens veulent savoir exactement l’état d’avancement du processus de transition ainsi que le chronogramme détaillé », dit-il. Selon lui, c’est au peuple que revient la paternité des conclusions des ANR notamment celles devant aboutir à un retour rapide à l’ordre constitutionnel. «Les échanges en cours avec la CEDEAO ne devraient en aucune manière constituer un facteur de blocage de notre processus de refondation. Sur cette question, Monsieur le Premier Ministre, vous serez certainement invité à passer devant le CNT, conformément à sa mission de contrôle de l’action gouvernementale, pour des échanges plus approfondis dans un bref délai », a-t-il annoncé.
Par ailleurs, cette session d’avril couvrira une période de 90 jours et aura à examiner, en l’état actuel du tableau des saisines, trente (30) projets et propositions de loi. « Certains de ces dépôts, faut-il le souligner, sont essentiels à la refondation de notre pays. Tel est le cas du projet de loi électorale pour l’examen duquel vous voudriez bien accorder une attention particulière car constituant un des piliers de rectification de notre démocratie », précise le colonel Diaw qui ajoute « D’autres saisines non moins importantes recevront bien entendu les traitements appropriés. Il s’agit des projets de loi relatifs à la santé, à l’éducation, à la fonction publique, au statut des fonctionnaires de la Police, aux infrastructures et au Code des Douanes, entre autres ».
Boureima Guindo
Source : LE PAYS