Ça y est, le débat est lancé. Les partisans et les adversaires d’une transition pour sortir le pays de la crise s’expriment, chacun en fonction de sa posture et de sa vision de l’avenir du pays. Mais au final, toutes les deux parties n’ont qu’un même et seul souci : la paix et la stabilité.
Pour ma part, je vais tenter l’exercice, certes périlleux mais nécessaire, de rapprochement des positions des uns et des autres pour la simple raison qu’une sortie durable de la profonde crise en cours vers un Mali stable, en paix et prospère passe, aujourd’hui, par la recherche de convergences entre toutes les filles et tous les fils du pays.
À moins d’être dans le déni de réalité, à l’évidence, le Mali connaît des profonds dysfonctionnements qu’il faut résorber : 1º) la population, en majorité jeune, est aujourd’hui plus libre et mieux informée. Elle est partout en défiance ouverte vis à vis d’un État qui semble totalement déphasé et dépassé, 2º) les leaders politiques n’offrent plus d’alternatives crédibles surtout aux jeunes ; qui ne trouvent leur compte que dans la dénonciation, la révolte ou le refuge dans les bras des mouvements religieux pacifiques ou violents qui leur promettent le paradis, 3º) la corruption, la débrouillardise et les «arrangements» qui violent toutes les règles, installent une jungle et préparent insidieusement des affrontements aux conséquences graves pour la cohésion de la nation, 4º) des chefs de famille et des leaders communautaires qui ont de plus en plus de mal à tenir leur rôle du fait de leur marginalisation progressive.
La sortie de crise passera forcément par des réformes qui demanderont beaucoup de temps et de nombreux et lourds sacrifices. L’immobilisme résultant de la peur du changement et les ruptures fréquentes, qui ont anéanties toutes les volontés de réforme passées, ont aussi creusé de profonds clivages entre l’Etat et les groupes sociaux et au sein même des différents groupes sociaux. La rupture de confiance est si profonde que seul un dépassement des clivages idéologiques ou personnels peut sauver le Mali. L’engagement des différentes composantes de la nation à se mettre en dialogue pour esquisser les contours d’un nouveau Mali commun à tous est le défi nº1 du moment.
Bien que ressenti et réclamé, ce dialogue pour construire un avenir commun reste encore difficile. Pourtant, se retrouver et débattre pour trouver les points de convergence est le passage obligé vers la paix, la stabilité et la prospérité. Les conditions de la tenue de ce grand « Toguna national », les thèmes à mettre en débat, ses modalités d’organisation et sa durée doivent être arrêtés de manière inclusive, en tirant les leçons des expériences anciennes et récentes (la Conférence Nationale de 1992, la Conférence d’Entente Nationale de 2017, etc…). Le temps nécessaire à la mise en œuvre des réformes convenues et la prise des mesures exceptionnelles pour leur réussite doit déterminer le cadre et la durée de la période de passage vers le nouveau Mali espéré par tous.
Cette transition vers le nouveau Mali ne doit pas être perçue comme une période de rupture démocratique ; mais comme un temps de mobilisation et de mise à contribution de toutes les capacités pour remettre le pays debout. Ce temps doit être mis à profit pour penser et engager ensemble les changements profonds devenus obligatoires au plan politique, institutionnel, économique et social. Le but n’est donc pas à la recherche d’une quelconque unanimité, mais la construction des consensus nécessaires à l’atteinte de changements durables. Ma conviction aujourd’hui est qu’aucun parti ou aucun leader seul ne peut sortir le pays de la crise que nous vivons. L’implication et l’adhésion de toutes les composantes de la nation sont obligatoires pour la réussite des réformes et l’acceptation des sacrifices à consentir. La mobilisation de toutes les maliennes et de tous les maliens pour le Mali doit précéder la mobilisation de la communauté internationale.
Bonne et heureuse année 2018, Tous ensemble pour un Mali qui se remet debout.
Source: Blog Spot