Lors du dialogue inter-malien, l’une des principales résolutions a porté sur l’élaboration d’une charte nationale pour la paix et la réconciliation. Suite à ces recommandations faites par le peuple malien, par décret N° 2024-0384/PT-RM du 28 juin 2024, le Président de la transition, le colonel Assimi Goïta, a mis en place la commission de rédaction de l’avant-projet de ladite charte. Qui a commencé les consultations à travers un document de questionnaire.
Du 21 au 24 juillet 2024, au Centre international des conférences de Bamako, la commission de rédaction de l’avant-projet de la charte pour la paix et la réconciliation nationale du Mali, dirigée par le Pr Issoufi Ousmane Maïga, a consulté toutes les forces vives de la nation pour proposer un avant-projet de charte inclusive. Pendant quatre jours, les acteurs de la société civile et les partis politiques ont proposé des pistes de solution pour la paix durable et le vivre ensemble.
Les vérités du Président de la CNDH
Aguibou Boiré, président de la CNDH (Commission nationale des Droits de l’Homme), précise qu’on ne peut pas parler de paix et de réconciliation sans mettre un accent particulier sur la promotion et la protection des droits de l’Homme. Selon lui, notre pays a besoin de respecter les droits de l’Homme pour pouvoir contribuer à l’avènement de la paix, surtout une paix durable. « Lorsqu’il y a une violation des droits de l’Homme dans notre pays, il s’agit de Maliens et de Maliennes. Si vous voulez constater les violations des droits de l’Homme au niveau des privations de liberté, faites un tour à la MCA, vous n’y trouverez pas d’Occidentaux, mais des Maliens », a-t-il déclaré. De même, que toutes les personnes qui perdent la vie sont nos sœurs et nos frères. A ce effet, il propose qu’une rubrique particulière soit consacrée aux questions des droits de l’Homme dans le cadre de ce processus de réconciliation et de paix. Ce n’est pas tout, il demande de renforcer le processus de justice transitionnelle. « La justice transitionnelle est un outil précieux pour la réconciliation dans un pays en crise », a souligné le président de la CNDH.
En outre, le président de la CNDH, Aguibou Boiré, a indiqué que dans le questionnaire Paix, Sécurité et Développement, les droits de l’Homme sont à la fois la cause et la conséquence des conflits. C’est pourquoi il affirme que « nos frères et sœurs prennent les armes et se révoltent parce que leurs droits fondamentaux sont violés. En ce qui concerne les conséquences des conflits, les violations des droits de l’Homme en sont une, car lorsqu’un conflit éclate, tous les droits sont violés : droit à la santé, à l’intégrité physique, à la sécurité, à l’éducation ». Une évidence, dira-t-il, qui montre que les droits de l’Homme sont au cœur du processus de paix et de réconciliation.
Les politiques acquis à la cause de la Commission
Pour sa part, Assetou Sangaré, présidente du Parti pour le Renouveau et le Développement (PRD), a souligné que cette rencontre est utile car notre pays est à un tournant, encore marqué par les conséquences et les méfaits de la guerre et de la non-entente entre les Maliens. « De telles initiatives permettent que nous nous parlions, que nous soulevions ce qui nous tient à cœur, et que la commission de rédaction de l’avant-projet de la charte utilise ces recommandations pour mettre en place des stratégies afin d’aider à la rédaction définitive de la charte et permettre de détecter des difficultés », souligne-t-elle. Avant de soutenir qu’ il y a de fortes chances que des mesures appropriées soient prises pour les endiguer. Parlant des élections, elle a dit que « pour conquérir le pouvoir, il faut d’abord un État. Nous étions arrivés à un moment où nous n’avions plus d’État. Un des rôles des partis politiques est de contribuer à la stabilité de l’État et à la préservation de son intégrité ».
De son côté, Nouhoum Sarr, président du parti FAD et membre du CNT, a rappelé que notre pays a connu dix ans de difficultés. « La guerre a détruit des vies, et le moment est venu de saisir la véritable paix, qui ne sera pas un vain mot mais portera tout son sens. C’est dans cet esprit que l’ensemble de la classe politique est convié par la commission pour échanger sur le questionnaire et faire en sorte que dorénavant, les solutions maliennes soient trouvées aux problèmes maliens », a-t-il martelé.
« Le problème du Mali ce n’est pas les autres, c’est nous-mêmes, le peuple malien doit faire preuve de leadership. Les termes de référence sont très clairs et j’ai noté tout ce qui a été dit avec intérêt. On a impliqué tout le monde malgré tout, on a des choses à se reprocher » a déploré le président de la Commission de la rédaction de l’avant-projet de la charte, Ousmane Issoufi Maïga. Qui dans la même démarche a rencontré le lundi 29 juillet les organisations faitières de la presse. Au cours de cette rencontre, il a tenu à signifier à la presse son grand rôle dans la réussite de la vulgarisation du document de l’avant-projet de cette Charte, sans pourtant dire les moyens qui seront dégagés à cet effet. D’ailleurs, il estime que la cause de toutes les critiques, doléances et autres récriminations en cours n’est d’autre que la pauvreté (Fanta-Ya). La découverte de la cause d’une maladie est la moitié du remède trouvée, dit-on.
Par Fatoumata Coulibaly