A Bamako, les abords des goudrons sont devenus un dortoir pour certaines personnes, un lieu de commerce pour d’autres, forçant les piétons à marcher sur la chaussée au risque d’être touché par les motocycles et automobilistes imprudents et discourtois. Nous avons recueilli quelques témoignages :
Karim Soumaré, conducteur de Sotrama : « Il est bon de chercher l’argent, mais il faut préserver aussi sa vie ».
« Les emprises des routes ne sont pas des endroits où l’on doit s’asseoir. En faisant cela, vous mettez votre vie en danger et celle des autres. Souvent, il n’est pas facile pour nous de traverser le goudron à cause de l’occupation anarchique. Par malheur, si tu touches à leur marchandise ou le faire tomber, tu t’exposes à des problèmes. En un mot, conduire dans ces genres de condition est parfois dangereux. Il nous arrive parfois de les éviter sachant que tout peut arriver. Et il faut dire que ces occupations illégales des emprises des voies sont les causes du désordre, des accidents sur nos routes. Les occupants doivent chercher d’autres endroits. Il est bon de chercher l’argent, mais il faut préserver aussi sa vie ».
Arouna Samaké, chauffeur : « Tant que ces occupants ne quittent pas les emprises des routes, les accidents continueront.. ».
«Circulez à Bamako ou traverser les routes aujourd’hui est devenu un challenge pour nous les conducteurs de véhicule. Tant que ces occupants ne quittent pas les emprises des routes, les accidents continueront de se produire ».
Toutefois, les occupants illégaux des emprises ne manquent pas d’arguments pour justifier leur présence sur les routes.
Oumou Koné, vendeuse au bord de la route : « On cherche juste de quoi nourrir nos familles et les voies publiques sont les meilleurs endroits pour vendre plus »
« Je vends ici depuis des années, rien ne m’est arrivée jusque-là. Les autorités veulent juste nous chasser parce qu’ils ont le pouvoir, sinon nous n’avons rien fait de mal. On cherche juste de quoi nourrir nos familles et les voies publiques sont les meilleurs endroits pour vendre plus. Je pense que ce n’est pas un crime, s’ils veulent nous chasser, qu’ils nous donnent un endroit pour y mettre nos marchandises ».
Penda Diakité, vendeuse : « Rester ici n’est pas notre souhait car nous sommes exposés à d’énormes dangers ».
« Je pense que le pays nous appartient à tous, on ne peut pas nous chasser comme des malpropres puisqu’on paye des taxes à la mairie. Je pense qu’on doit avoir les mêmes privilèges que les vendeurs au marché. Nous n’avons pas de place appropriée, c’est à l’Etat de nous donner une place pour qu’on puisse s’en aller d’ici. Rester ici n’est pas notre souhait car nous sommes exposés à d’énormes dangers ».
Blaise A. Dena, chef de département Audit, Réglementation et Circulation routière à l’Agence nationale de la sécurité routière (ANASER) : « Aucune occupation illicite ne sera épargnée, car l’Etat a le devoir de protéger tous ses filles et fils »
« L’occupation anarchique des voies et emprises est une triste réalité dans le District de Bamako et dans nos capitales régionales. C’est l’un des sujets de préoccupation aujourd’hui. Tout le monde est unanime que les emprises des goudrons sont illégalement occupées par la plupart des commerçants ambulants. Le phénomène est que dans le District de Bamako et dans d’autres capitales régionales, nous voyons les chaussées, les pistes cyclables et les trottoirs occupés anarchiquement par les commerçants, les réparateurs d’engins à 2 roues, les garagistes, les véhicules en stationnement prolongé. Il n’existe aucune loi qui autorise une personne à s’installer sur une voie publique ouverte à la circulation.
C’est un véritable danger pour l’ensemble des usagers de la route et surtout une réelle tracasserie pour les conducteurs. Les statistiques d’accident de l’année 2022 du District de Bamako illustrent suffisamment l’impact des occupations anarchiques qui est de 70% à savoir les accidents : 4767, le nombre de morts : 271.
Pour y parvenir et vaincre le phénomène, l’ANASER a entrepris une série de sensibilisation des usagers depuis le mois d’avril. La première opération du genre a eu lieu en Commune IV et s’entend progressivement sur le reste des 6 communes et les capitales régionales. Aussi, une concertation avec les administrations compétentes (collectivités, police, associations de sécurité routière) est en cours dans l’objectif de préparer à l’échéance des opérations de sensibilisation, suivie d’une vaste campagne de déguerpissement. Nous pensons que la solution viendra de ces actions. Aucune occupation illicite ne sera épargnée, car l’Etat a le devoir de protéger tous ses filles et fils. C’est une préoccupation d’ordre public et ne doit pas faire objet de discussions »
Source : l’Indicateur du Renouveau