La cérémonie funèbre s’est déroulée sur la place du Cinquantenaire, en présence de Dr. Choguel Kokala Maïga, Premier ministre, de colonel Abdoulaye Maïga, ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, Abdoul Kassim Ibrahim Fomba, ministre de la Jeunesse et des Sports, chargé de l’Instruction civique et de la Construction citoyenne, Abdoulaye Coulibaly, gouverneur du district de Bamako, Moussa Kéita, frère aîné de Salif Kéita, Toubaye Koné, représentant du président de la Fédération malienne de football, ainsi que plusieurs anciens footballeurs.
Salif Kéita débute sa carrière sportive à Ouolofobougou, avant de rejoindre l’AS Réal de Bamako. Très engagé, il fait forte impression lors des rencontres sous-régionales avec l’équipe nationale du Mali. Après brillé sous les couleurs des Scorpions de Bamako, Domingo signe à l’AS Saint-Etienne (France) en 1967. En cinq ans chez les Verts, il a remporté trois championnats de France (1968, 1969, 1970) et deux Coupe de France (1968, 1970).
Son total de buts : 143 (en 186 matches), dont 42 lors de la saison 1970-1971 qu’il ne terminera pourtant qu’à la deuxième place du classement des buteurs dernière le Croate, Josip Skoblar (44), qui établit cette année-là un record toujours en vigueur. Son record en un match fut un sextuplé contre Sedan (8-0) en 1971.
En 1970, il fut le premier lauréat du Ballon d’or africain, crée cette année-là par France Football pour compléter le Ballon d’or, réservé à cette époque aux joueurs européens. Après avoir passé de très bonnes saisons avec les Verts, il a signé à l’Olympique de Marseille en 1972. Il a ensuite joué à Valence, Espagne, au Sporting de Lisbonne au Portugal avant de terminer sa carrière aux Etats-Unis, à Boston.
Dans son oraison funèbre, l’ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Mamadou Dipa Fané, a indiqué que le talent de l’incomparable génie du football sera sans doute brillamment conté par d’autres voix autorisées.
Une envergure exceptionnelle
“Je voudrais, pour ma part, me limiter à la dimension d’un homme que l’Histoire retiendra au-delà de toutes les contingences dérisoires. Un homme d’une envergure exceptionnelle, avec ses qualités et bien sûr ses limites. Qui sommes-nous pour juger les uns les autres ? Qui sommes-nous pour juger un être d’exception que fut Salif ? Il avait une grande soif de ses amis, les vrais, ceux dont la sincérité est indiscutable. Salif avait souvent été un incompris. A cause d’une pudeur qui lui collait à la peau, à cause d’une méfiance maladive qui l’a toujours tenaillé. Salif avait l’expression rare certes, mais pas difficile. Quand il avait un projet en tête, il déployait un trésor d’énergie pour atteindre ses objectifs”, a-t-il précisé.
Il a également ajouté que Salif Kéita, comme chacun des êtres humains sur cette terre, avait des limites, des limites inhérentes à la nature humaine. “Des limites sur le plan de la vie sportive comme sur le plan de la vie de tous les jours. Il ne serait donc pas bienséant de procéder à un quelconque audit d’une vie aussi immensément riche et exemplaire. L’heure est plutôt au recueillement et contenir la douleur qui nous étreint tous aujourd’hui. Je voudrais retenir quelques traits dominants d’un homme qui était d’une sensibilité humaine hors du commun. Salif était avant tout le précurseur d’initiatives hautement positives dans bien de domaines. Sur le plan sportif, il avait inventé un style de jeu d’une telle créativité que personne, malgré de vaines tentatives, n’a vraiment réussi à imiter en Afrique comme ailleurs dans le monde où il était passé. Parce que tout simplement, Salif était et restera à jamais inimitable”, a-t-il insisté.
Un père exceptionnel
Pour la fille aînée du défunt, Raky Kéita, Domingo était un père exceptionnel car, il avait l’habitude de consacrer beaucoup de temps à ses enfants. “Un soir d’hiver à Boston (Etats-Unis), papa est arrivé à la maison, fatigué bien trop fatigué. Maman a regardé papa inquiète. Elle a demandé à son mari : Qu’est-ce qui ne va pas Général ? Papa s’est confié à maman. Il a dit à maman que le football devenait trop comme un métier et que le ballon perdait de sa magie. Quand, je dispute mes matches aujourd’hui Fanta loin de la maison, c’est comme si j’étais presque une machine qui fait la même chose tout le temps. C’est avec vous toi et les filles que je redeviens Salif. Je veux passer plus de temps avec vous car nos filles grandissent et je les vois trop rarement. Ainsi, papa a raccroché ses crampons pour entamer un nouveau métier. Il est devenu notre papa à plein temps et on a découvert que papa n’était pas juste un footballeur exceptionnel. Il avait le don de rendre un simple événement magique”, a-t-elle laissé entendre.
Après les différentes interventions, les frères, les amis, les camarades, les connaissances et une foule nombreuse ont accompagné la Panthère Noire à sa dernière demeure au cimetière d’Hamdallaye.
Mahamadou Traoré