Au moins quatre soldats burkinabè ont été tués lundi à Nassoumbou, dans le nord du Burkina Faso, au lendemain d’une autre attaque qui avait coûté la vie à 10 civils, alors que le pays est en proie à une explosion de la violence jihadiste.
« Des individus lourdement armés et non identifiés ont attaqué aux environs de 04H00 du matin (04H00 GMT) la base militaire du GFSN (Groupement des forces pour la sécurisation du Nord), basé à Nassoumbou. Quatre éléments des forces de défense et de sécurité ont été tués et quatre autres éléments blessés », a déclaré à l’AFP une source sécuritaire burkinabè.
Selon une autre source sécuritaire, « les assaillants (….) arrivés à bord d’engins à deux roues ont également tiré avec des roquettes sur les installations au sein de la base militaire », déclenchant un incendie.
L’armée burkinabè a sollicité l’aide de la force française Barkhane, qui a fait intervenir un avion Mirage depuis Niamey (Niger) et un hélicoptère Tigre de Gao (Mali), selon une source diplomatique.
L’état-major français a confirmé l’appui aérien sans vouloir dévoiler « les moyens aériens engagés ».
Les Français n’ont pas tiré, mais ont réalisé un « show of force » (passage à basse altitude destiné à intimider l’ennemi), a précisé l’état-major, soulignant qu’il n’y avait eu ni frappe ni tir.
« L’appui aérien aux opérations terrestres a permis de mettre en déroute les assaillants », a ajouté une source sécuritaire burkinabè, faisant état de la « neutralisation » de nombreux assaillants. « Les terroristes se sont repliés en direction de la frontière malienne », a-t-elle souligné.
En décembre 2016, douze soldats burkinabè avaient été tués dans une attaque contre cette même base militaire de Nassoumbou, dans la région du Sahel, attaque qui avait traumatisé le pays.
Le Burkina Faso est confronté depuis quatre ans à des attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières.
– 285 morts depuis 2015 –
Dimanche, dix civils ont été tués dans une « attaque terroriste » Selon un élu local, « les assaillants, armés de kalachnikovs, ont fait plusieurs tours dans le village et ouvert le feu sur les habitants ».
« Ils ont saccagé et incendié des boutiques et autres commerces et emporté des motocyclettes et un tricycle (triporteur) », a ajouté l’élu sous le couvert de l’anonymat. « Toute la journée, les populations sont restées chez elles », gagnées par la « psychose de ces attaques qui se multiplient dans la zone », a-t-il dit.
Le 10 janvier, douze civils avaient été tués dans le village de Gasseliki, une autre localité du Soum.
D’abord concentrées dans le nord du pays, près de la frontière malienne, les attaques se sont ensuite étendues à d’autres régions dont celle de l’Est, frontalière du Togo et du Bénin.
Attribuées notamment aux groupes jihadistes Ansaroul Islam et Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), elles ont fait plus de 285 morts depuis 2015 et la chute du régime de Blaise Compaoré, qui entretenait notoirement des relations avec des groupes islamistes.
Ouagadougou, la capitale, a été frappée à trois reprises, avec un bilan total de près de 60 morts. La dernière attaque, en mars 2018, avait dévasté l’état-major général des armées, en plein centre-ville.
Depuis le 1er janvier, l’état d’urgence a été décrété dans 14 provinces sur 45, accordant des pouvoirs supplémentaires aux forces de sécurité, dont celui de procéder à des perquisitions à domicile, de jour et de nuit.
Jadis touristiques, des zones entières du Burkina, pays sahélien très pauvre frontalier du Mali, sont désormais classées « rouge » par les chancelleries occidentales en raison des attaques récurrentes et des risque d’enlèvement.
Face à la multiplication des attaques que les forces de défense se sont incapables d’enrayer, le président Roch Marc Christian Kaboré a limogé mi-janvier le chef d’État major des armées et remplacé la semaine dernière des ministres en charge de la Défense nationale et de la Sécurité.