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Noces d’aujourd’hui : Le sens et les mesures

Selon Dr. Moussa Coulibaly, professeur de sociologie à la faculté des Sciences humaines, dans la société traditionnelle, les mariés ne se connaissaient pas avant le jour des noces. La nuit des noces était pour eux l’occasion d’une préparation psychologique et morale pour que la chambre nuptiale soit le début d’une relation stable et fondée sur des valeurs.

Mais de nos jours, cette tradition perd progressivement son sens à partir du moment où la chambre nuptiale est juste une formalité. Le fait que les couples se choisissent et se connaissent déjà, a vidé cette pratique de tout son sens.

Les futurs époux n’étant pas à leurs premières “expériences”, banalise déjà le caractère sacré de la chambre nuptiale qui est prise en otage finalement par de nombreux visiteurs peut soucieux de la solennité du moment. En temps normal, la chambre nuptiale est un lieu qui sert de courroie de transmission des valeurs qu’il faut observer pour qu’un mariage réussisse. On apprend le respect mutuel, comment se comporter avec son conjoint selon les circonstances, ou comment la femme doit se comporter avec ses futurs beaux-parents.

Si certaines ethnies arrivent encore à conserver jalousement cette pratique, dans l’ensemble, elle est fortement menacée par la modernité et l’effritement de l’autorité parentale.

Bintou Diawara

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Mariage des jeunes filles :

Entre confirmation et sécurité financière

 Il y a quelques années, beaucoup de filles voulaient terminer avec leurs études d’abord avant de se marier. De nos jours, se marier à tout prix est l’obsession de nombreuses jeunes filles.

Le désir effréné des jeunes filles de convoler en justes noces devient obsessionnel aujourd’hui. M. Doumbia est en charge de l’état civil à la mairie de la Commune V du district de Bamako. Sa mairie a célébré 183 unions, rien qu’à la veille du mois de ramadan. « Il y a une hausse des mariages ces dernières années », reconnait M. Doumbia. De janvier à mars, la mairie de la Commune V a célébré, en tout, 408 mariages. Un taux qui sera revu à la hausse d’ici la fin de l’année, lors des grandes vacances scolaires, selon les prévisions de la mairie.

Pour les sociologues Dr. Aly Kola et Dr. Moussa Coulibaly, plusieurs facteurs expliquent cet engouement.

Selon Dr. Aly Kola, il y a d’abord l’inégalité des sexes. « Dans une société comme la nôtre, la femme a un statut inférieur à celui d’un homme. L’autre aspect est la pauvreté. Lorsqu’une fille n’a pas les moyens, très souvent elle voit le mariage comme un moyen d’être à l’abri des besoins.

Ensuite pour éviter les grossesses non désirées. Très souvent, la fille est considérée comme un fardeau pour la famille, donc son mariage est perçu comme une bouche en moins à nourrir. De plus, le mariage est un moyen de s’enrichir pour beaucoup de parents. C’est pourquoi ils créent de nouvelles alliances stratégiques avec d’autres familles ».

Pour le sociologue Dr Moussa Coulibaly, cela s’explique par le fait que les filles en âge de se marier sont de plus en plus nombreuses. « Ensuite, il faut savoir que dans notre société, les filles célibataires qui ont entre 25 et 30 ans sont mal vues. Donc le mariage soulage leurs parents ». Il reconnait que beaucoup « de filles impatientes se marient sans y être préparées mentalement, et la conséquence est le taux élevé de divorces ».

Si pour Dr. Aly, l’une des conséquences de ces mariages peut entrainer des complications au cours de la grossesse, et aussi l’abandon des écoles étant dans le foyer, Mariam Koné pense que beaucoup de jeunes filles courent derrière le mariage à cause de la pression exercée par les parents et la pauvreté. Une bonne chose, soutient-elle, parce qu’il permet, à beaucoup de jeunes, une fois mariées d’éviter des grossesses non désirées.

Kadidia Dantioko fait partie des rares jeunes filles racontées qui ne partagent pas l’avis de Mariam. Selon elle, les filles sont beaucoup plus attirées par le titre de femme mariée que le mariage. Être confirmée d’après leur slogan. « Pour la plupart des filles, être confirmée, c’est de porter la robe de mariée le jour J, prendre des photos et les publier partout sur les réseaux sociaux juste pour montrer aux amis et connaissances qu’elles sont désormais mariées. Sans pour autant être prêtes pour la vie commune », regrette la jeune fille s’exprimant sur les conséquences de cette obsession. « La vie à deux va au-delàs de ses choses matérielles et impliquent de lourdes responsabilités. C’est pourquoi les problèmes conjugaux commencent juste après le mariage. Très souvent, ils aboutissent à un divorce », conclut-elle.

Allaye Cissé

(stagiaire)

Source: Mali Tribune

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