L’agence anti-corruption du Nigeria a lancé des poursuites judiciaires contre l’ancien secrétaire du gouvernement, Babachir Lawal, et un ex-chef des renseignements, Ayodele Oke, tous deux proches du président Muhammadu Buhari, candidat à un second mandat en février.
La Commission des crimes économiques et financiers (EFCC) a formulé 10 chefs d’accusation contre M. Lawal, qui avait été démis de ses fonctions en octobre 2017, selon l’acte judiciaire consulté jeudi par l’AFP.
Il est notamment accusé d’avoir accordé des marchés à des entreprises qu’il dirigeait ou possédait durant la présidence Buhari, pour des projets de reconstruction dans le nord-est du Nigeria, région dévastée par des années de conflit avec le groupe djihadiste Boko Haram.
Alors à la tête de l’Initiative présidentielle pour le Nord-est, il aurait attribué à ses sociétés des contrats de désherbage et d’installation de systèmes d’irrigation pour plusieurs centaines de millions de nairas.
Babachir Lawal doit comparaître la semaine prochaine devant une cour fédérale à Abuja.
Ayodele Oke, également limogé en octobre 2017 de ses fonctions de directeur général de l’Agence nationale du renseignement (NIA), devra comparaître devant la justice dès vendredi pour avoir détourné des fonds de l’agence.
L’EFCC avait découvert lors d’une perquisition dans un appartement d’un quartier chic de Lagos appartenant à sa femme 43,5 millions de dollars (37 millions d’euros), 28.000 livres sterling (31.000 euros) et 23,2 millions de nairas (51.000 euros).
« Mieux vaut tard que jamais », ont ironisé jeudi de nombreux Nigérians sur les réseaux sociaux à propos des poursuites judiciaires contre ces proches de Buhari, qui interviennent plus d’un an après leur limogeage et en pleine campagne électorale, avant la présidentielle du 16 février.
Buhari a été élu en 2015 après avoir promis d’éradiquer la corruption, le « cancer » qui gangrène le premier producteur de pétrole d’Afrique, mais il est aujourd’hui accusé par ses détracteurs d’avoir surtout mené une chasse aux sorcières visant l’opposition.
La présidence a provoqué une polémique qui fait grand bruit en suspendant la semaine dernière le président de la Cour suprême – arbitre en cas de litiges électoraux – qui s’était montré ouvertement critique envers le pouvoir. L’opposition a dénoncé une mesure illégale contraire à la Constitution.
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