Une délégation russe, conduite par le vice-ministre de la Défense, le colonel-général Yunus-Bek Yevkurov, a été reçue, à Niamey, par le président de la transition au Niger, le général Abdourahamane Tiani. Au même moment, Niamey a annoncé mettre fin à deux missions de sécurité et de défense de l’Union européenne (UE) dans le pays.
Le gouvernement de transition au Niger a annoncé mettre fin à deux missions de sécurité et de défense de l’UE dans le pays, au moment où il accueille une délégation russe à Niamey. À l’issue de la rencontre avec cette délégation russe, les parties ont procédé à la signature d’un document d’entente dans le cadre du renforcement de la coopération militaire entre le Niger et la Russie, paraphé par le ministre d’Etat nigérien à la Défense, le général de corps d’armée, Salifou Mody, et le vice-ministre de la Défense de Russie, le colonel-général, Yunus-Bek Yevkurov. Il s’agit de la première visite officielle d’un membre du gouvernement russe au Niger depuis le coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum. Le gouvernement de transition a annoncé dans un communiqué la dénonciation de l’accord de coopération militaire passé avec l’UE relatif au statut de la mission “Eucap Sahel Niger”, acté depuis 2012. Cette mission de 120 Européens avait pour objectif de soutenir “les forces de sécurité intérieure, les autorités nigériennes ainsi que les acteurs non-gouvernementaux“, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme.
Le gouvernement nigérien a également déclaré le retrait du consentement accordé pour le déploiement d’une mission de partenariat militaire de l’UE nommée “EUMPM”. Cette mission a été lancée en février à « la demande des autorités nigériennes, pour soutenir le pays dans sa lutte contre les groupes armés terroristes », selon le Conseil de l’UE. Le Niger est en proie à des violences jihadistes dans l’Ouest et le Sud-Est du pays. Le gouvernement nigérien ajoute qu’il ” décide du retrait des privilèges et immunités accordées” dans le cadre de cette mission, sans précisions. En septembre dernier, le Conseil de l’Europe a prolongé le mandat de cette mission jusqu’en septembre 2024. La semaine dernière, les autorités militaires nigériennes ont abrogé une loi de 2015 criminalisant le trafic de migrants, adoptée dans le cadre d’un accord avec l’UE pour combattre l’immigration des ressortissants africains vers l’Europe en passant par le Niger et certains pays du Maghreb. Depuis le coup d’État du 26 juillet dernier contre le président Mohamed Bazoum, les relations entre le Niger et l’UE sont devenues tendues. L’UE refuse toujours de reconnaître les autorités militaires nigériennes et demande la libération du président déchu et son rétablissement.
Nouveaux alliés
Le Niger s’est également rapproché du Burkina Faso et du Mali, partenaires comme lui de la Russie et dirigés par des gouvernements de transition. Après le Mali, le Niger et le Burkina ont annoncé leur départ de l’organisation G5 Sahel, dédiée à la lutte contre le djihadisme. De cinq, ils ils ne sont désormais plus que deux. Une décision qui a pris effet dès le 29 novembre, neuf ans après la création de l’organisation dont les membres restants sont la Mauritanie et le Tchad. Largement financée par l’Union européenne, cette force représentait aux yeux des partenaires internationaux du Sahel une porte de sortie dans une région en proie aux violences jihadistes. Ces départs sont une nouvelle illustration du tournant “souverainiste” revendiqué par les trois pays qui ont signé en septembre un pacte de défense mutuelle, l’Alliance des Etats du Sahel, cimentant le partenariat entre leurs armées. Il marque aussi une nouvelle étape de la rupture avec les anciens partenaires occidentaux et notamment la France, engagée depuis le départ auprès du G5 Sahel. Pour Niagale Bagayoko, les départs successifs du Mali puis du Burkina Faso et du Niger du G5 Sahel étaient prévisibles et ne font que confirmer “la mort cérébrale de l’organisation“.
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