Le convoi militaire ravitailleur de l’armée française parti de Côte d’Ivoire est enfin arrivé à Gao, après de nombreux heurts et manifestations sur la route, contre la présence de la France au Sahel, qui ont notamment fait trois morts au Niger. Récit et explications.
Un convoi militaire français en route pour le Mali depuis la Côte d’Ivoire il y a dix jours, est finalement arrivé, dans la nuit de dimanche à lundi, à Gao. Son parcours a été émaillé d’affrontements et de manifestations qui ont fait notamment trois morts au Niger.
Ces incidents, les premiers de ce genre, mettent de nouveau en lumière la question de la présence de la force française au Sahel, selon le grand reporter de France 24 Cyril Payen. “C’est un événement qui est pris au sérieux au plus haut sommet de l’État major français et sans doute au-delà”, explique notre journaliste. “On est dans une période un peu compliqué de redimensionnement de l’opération Barkhane”.
La présence militaire française au Sahel, déployée dans le cadre de l’opération Barkhane de lutte contre les groupes jihadistes, est de plus en critiquée dans ses anciennes colonies comme au Niger, au Burkina Faso et dans d’autres pays d’Afrique de l’ouest. “Sans ce cordon ombilical terrestre, cela va être compliqué de continuer cette opération dans les termes actuels”, précise le reporter de France 24. “Cela peut créer un précédent”.
“C’est un scénario catastrophe pour cette opération en pleine mutation”, résume Cyril Payen.
Trois morts
Ce convoi avait été pris pour cible samedi lors de son entrée sur le sol nigérien après avoir été bloqué une semaine au Burkina Faso par plusieurs centaines de personnes protestant contre la présence de la France au Sahel.
Moins de 30 km après le passage de la frontière du Niger, il a fait face à de nouvelles manifestations à proximité de la ville de Téra, dans l’ouest, où il effectuait une pause pour la nuit, selon Pascal Ianni, porte-parole du chef d’état-major des Armées françaises.
Dans un communiqué, le ministère nigérien de l’Intérieur a déclaré que “le convoi de la force française Barkhane, sous escorte de la gendarmerie nationale, en route pour le Mali, a été bloqué par des manifestants très violents à Téra (…), où elle (sic) a passé la nuit”. “Dans sa tentative de se dégager, elle a fait usage de la force”, a-t-il ajouté, faisant état d’un bilan de 2 morts et 18 blessés dont 11 graves. “Une enquête est ouverte pour déterminer les circonstances exactes de cette tragédie et situer les responsabilités”, a poursuivi le ministère.
“Il y a eu beaucoup d’émotions du côté des soldats français car on ne s’attendait pas à une telle résistance, il y a eu même des blessés selon l’État major, parmi les conducteurs civils des camions”, décrit Cyril Payen.
Avec Reuters et AFP