Après Souleymanebougou, le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Affaires foncières veut se faire entendre encore. Il veut chasser les pauvres de leurs maisons en laissant les riches occupés illégalement la zone aéroportuaire.
Quand on est le maillon faible de la chaîne au Mali, on souffre énormément dans sa chair et dans sa conscience. Les paysans expropriés de leurs champs et toutes les victimes des hommes d’en haut ne diront pas le contraire. Il a suffi que le président de la République ait porté son choix sur Me Mohamed Ali Bathily pour prendre la tête du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Affaires foncières pour que l’espoir gagne le cœur des Maliens surtout ceux dont les parcelles, les maisons, les champs ont été injustement confisquées par les riches en complicité avec les agents de l’Etat.
Ils avaient tous pensé que le changement tant demandé par le peuple se concrétisait ainsi. Et ils n’ont pas hésité à crier haut et fort que Me Bathily est l’homme de la situation et qu’il ne va pas tarder à mettre de l’ordre dans cette pagaille foncière dans laquelle les «démocrates» en ont fait un fond de commerce depuis leur arrivée au pouvoir, en 1992.
Mais c’est avec l’affaire de la démolition des maisons à Souleymanebougou que l’espoir s’est transformé en désillusion. Ceux qui n’avaient pas de soutiens politiques et religieux ont été les principales victimes de cette opération menée d’une main de fer par le ministre Bathily. Ils ont tous assisté impuissamment à la destruction de leur maison. On était en 2015. Ces pauvres gens ont payé à la place des agents de l’Etat qui ont vendu les parcelles sachant bien que c’était un domaine appartenant à l’ACI.
Aujourd’hui l’occasion est donnée au ministre de sévir contre les gens qui construisent dans la zone aéroportuaire. Lui-même reconnaît que ce domaine est protégé par un décret datant des années 1990. Mais on sait qu’il ne peut rien dans la mesure où l’espace en question est occupé par les hommes d’en haut et la progéniture de certains ministres.
Au lieu de prendre une décision énergique contre les occupants de la zone aéroportuaire, le ministre Bathily serait sur le point de s’en prendre à d’autres maillons faibles de la chaîne. Me Bathily envisagerait de démolir vingt-quatre maisons à Niamana, situé derrière les logements sociaux. Le tort des habitants de ce quartier est qu’ils n’ont pas de protection politique ou religieuse.
Selon un habitant de ladite zone, les chefs de famille des vingt-quatre (24) maisons détiennent des documents administratifs en bonne et due forme. Il précise que les propriétaires des maisons avaient obtenu leur permis ou lettre d’attribution avant que le projet des logements sociaux ne voit le jour à Niamana. Autre précision de taille, les maisons sont habitées à 90% par leurs propriétaires.
Du côté du ministère, on explique que la démolition des vingt-quatre maisons permettra de donner un cadre idéal aux logements sociaux. Il serait prévu de construire une route et d’autres logements.
Au lieu de s’en prendre à ces pauvres, le ministre de l’habitat, de l’Urbanisme et des Affaires foncières, Me Mohamed Ali Bathily, doit se rendre à l’évidence que personne ne s’installe sur une parcelle sans papier. Ces agents sont les premiers responsables de la spéculation foncière. C’est eux qui doivent subir sa colère et non les pauvres. Le cas de la zone aéroportuaire est là. Tout le Mali est ébahi dans cette affaire.
Il est temps ce deux poids deux mesures de ce ministre, qui s’est spécialisé dans la vente des bâtiments administratifs, prenne fin.
Yoro SOW
Source: Inter De Bamako