Florence Parly rencontre, lundi, son homologue au Mali, dans un contexte de tensions entre Paris et la junte, accusée de vouloir recruter des mercenaires de la société paramilitaire russe Wagner. Bamako avait affirmé qu’il lui appartenait de “décider quels partenaires il peut solliciter ou pas”.
La ministre française des Armées, Florence Parly, est attendue, lundi 20 septembre, au Mali, où le gouvernement de transition dominé par les militaires envisage de s’adjoindre les services de la société paramilitaire russe Wagner. Des pourparlers en cours entre le Mali et la sulfureuse entreprise russe a engendré des tensions avec Paris, qui réduit sa présence militaire dans le pays.
“Mon objectif est de parvenir à clarifier la position des autorités maliennes et de réitérer des messages”, a expliqué Florence Parly avant de rencontrer son homologue malien, le colonel Sadio Camara. “On ne va pas pouvoir cohabiter avec des mercenaires”, a-t-elle prévenu.
Un recours à Wagner pour former les forces armées maliennes et assurer la protection des dirigeants serait “incompatible” avec le maintien au Mali des troupes françaises, qui combattent depuis huit ans les jihadistes au Sahel, avait déjà prévenu le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian.
Le Mali invoque sa souveraineté
La sulfureuse société privée russe, soupçonnée d’appartenir à un homme d’affaires proche du Kremlin, Evguéni Prigojine, a déjà conclu, en 2018, un contrat avec la République centrafricaine, où elle est accusée d’exactions et de pillage des ressources minières et douanières.
Mais le gouvernement malien a rétorqué dans un communiqué qu’il ne permettrait “à aucun État de faire des choix à sa place et encore moins de décider quels partenaires il peut solliciter ou pas”. “Il y des partenaires qui ont décidé de quitter le Mali pour se replier sur d’autres pays, il y a des zones qui sont abandonnées”, avait fait valoir le Premier ministre, Choguel Kokalla Maïga.
Les négociations entre la junte et Wagner interviennent en effet au moment où la France a entamé une réduction de son dispositif militaire au Sahel au profit d’une présence resserrée, centrée sur les frappes ciblées contres les chefs et cadres jihadistes et l’accompagnement des armées locales.
Les militaires français doivent quitter, d’ici la fin de l’année, les bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou, dans le nord du Mali, et le nombre de troupes françaises déployées au Sahel devrait passer de plus de 5 000 hommes actuellement à “2 500 ou 3 000” d’ici 2023, selon l’état-major.
Florence Parly, qui avait débuté sa tournée sahélienne par une halte au Niger, dimanche, a tenu à rassurer sur la poursuite des efforts français au Mali et plus largement au Sahel malgré la réduction en cours des effectifs. “La France ne s’en va pas”, elle “maintiendra son engagement pour accompagner les forces armées sahéliennes”, a-t-elle souligné. “La situation reste précaire, nous savons que c’est un long combat”.
La France inquiète pour les élections en suspens
Outre le dossier Wagner, les autorités françaises s’inquiètent du peu d’empressement des colonels, qui ont renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta, à organiser des élections pour rendre le pouvoir aux civils en février 2022.
“Les dirigeants maliens veulent probablement prolonger la transition en dépit des engagements pris auprès de la Cédéao (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest)”, craint-on à Paris.
Avec AFP