Âgé seulement de cinq (5) ans, Rayan Awram a été un « héros » international en raison des traitements accordés à sa situation dans les médias et de la mobilisation générale pour son sauvetage, depuis près d’une semaine. Tombé dans un puits, profond de 32 mètres, depuis le mardi 1er février, le petit Rayan déclenchera un énorme effort de sauvetage dans le pays pendant cinq jours.
Pour l’atteindre dans son trou, selon les médias locaux, les sauveteurs ont dû enlever une grande partie de la colline adjacente tout en creusant un passage horizontal dans le puits. Malheureusement, tous ces efforts ne réussiront pas à sauver le petit garçon.
L’annonce de sa mort, samedi 5 février courant dans la soirée, a été un coup de pied dans la fourmilière. Les espoirs se sont assombris, mais pas la satisfaction morale d’avoir accompli un devoir.
Pourquoi tant d’efforts pour sauver un seul enfant, pourrait-on se demander dans certaines contrées du monde où l’on a de plus en plus l’impression que l’humanisme a cédé la place à l’hypocrisie, à l’ascendance de l’individualisme. Pourtant, cette mobilisation dans un tel monde a tout son sens et doit inviter au recul et à la réflexion.
Accorder plus de valeurs à l’humain
Dans ce monde au seuil de l’implosion, où les familles sont déchirées, les conflits inter ou intra communautaires se multiplient, créant des vagues de déplacés ; où la course aux intérêts personnels prime sur la sauvegarde de l’humanité, cette leçon marocaine de l’humanisme mérite une attention particulière. Elle exhorte à accorder beaucoup plus de valeurs à l’humain, à la protection de l’humanité, à la solidarité, au respect de toute vie, sans considération aucune, comme le recommande la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948.
L’émotion créée par la mort de Rayan doit servir, partout dans le monde, de moment de méditation sur les tensions entre États et entre communautés. Des tensions qui conduisent le plus souvent à des vagues de morts, parmi lesquels des milliers d’enfants. Aussi doit-elle servir de moment de réflexion sur la « responsabilité transgénérationnelle » en matière de protection de l’environnement, que l’humain dégrade un peu plus chaque jour de par ses actions dévastatrices. Une situation qui, à la longue, conduit à des phénomènes coûtant des vies innocentes.
Face aux principaux maux dont souffre le monde, notamment la crise climatique et sécuritaire, s’il existait une mobilisation réelle à l’aune de celle pour Rayan, nous vivrions dans « le meilleur des mondes possibles ».
Chiencoro Diarra