Les évènements sociaux (Mariage, baptême), au lieu d’être des moments heureux pour les femmes, constituent pour elle une charge pesante, selon Famakan Dansoko.
Le mariage et le baptême sont des cérémonies heureuses. Ils sont censés procurer de la joie, de la bonne humeur. Lors de leurs célébrations, les convives, chiquement et chèrement habillés, sont tous joyeux. Mais derrière ces habits et cette joie, se cachent des angoisses notamment chez les dames, ces « grobinè » (« gros bonnets »).
Dans notre société, les femmes et les hommes n’accueillent pas de la même façon les nouvelles liées aux évènements sociaux. Les hommes, plus simples, sont tout heureux d’apprendre le mariage et la naissance d’un bébé de leurs proches. Les femmes, quant à elles, affichent un semblant de joie en apprenant qu’un proche se marie. C’est pareil également quand elles apprennent l’accouchement d’un parent ou d’une connaissance. Pourtant, au plus profond d’elles, elles sont animées d’angoisse, d’inquiétude, parce que ces événements sont, d’après leurs propres termes, des véritables « kounko ».
Des problèmes, les femmes en ont vraiment, puisqu’elles veulent toutes sauver la face. Leur simple présence est très loin d’être suffisante. Il leur faut bien d’autres gestes.
« M’as-tu-visme »
Lors de cérémonies de mariage et de baptême, il faut paraitre avec des habits jamais portés auparavant. Il faut ensuite enfiler un uniforme. Les pagnes wax ou d’autres ne sont plus à la mode. Il faudrait du bazin dont le prix coûte au moins dix mille francs le mètre. Telle une obligation religieuse, chacune doit porter son uniforme le jour de la cérémonie ou, à défaut, rester chez soi. Le clou de l’évènement, c’est d’offrir des cadeaux de grande valeur. Ces cadeaux, offerts sous le signe de l’amitié et de fraternité, sont soigneusement notés avec les noms des donneuses dans un cahier par la bénéficiaire. Ce cahier servira d’aide-mémoire. Car ces soi-disant cadeaux sont des dettes à rembourser souvent avec un bonus lorsque les donneuses, elles aussi, ont des « kounko ».
C’est pourquoi certaines femmes font des prêts pour s’acquitter de leur dette à défaut d’offrir plus. Mieux vaut arguer d’une maladie ou d’autres contraintes que de se pointer sans rien à offrir, parce que ce qui compte de nos jours, c’est le matériel et non la présence physique. Du coup, au lieu de se réjouir, les belles dames s’inquiètent à l’annonce des nouvelles de mariage ou de baptême.
Solidarité opportuniste
Avec de telles pratiques, érigées en tradition, les valeurs humaines sont sérieusement menacées.
Jadis, nos grands-mères manifestaient leur solidarité par leur simple présence aux différentes cérémonies, souvent munies de petits présents. Pour le baptême, elles pouvaient apporter un morceau de savon, un pagne, une tasse remplie de céréales ou quelques pièces. Pour ce qui est du mariage, elles offraient pratiquement les mêmes articles. Elles faisaient avec les moyens disponibles, en toute simplicité. Nul besoin de s’endetter pour les circonstances. C’étaient des présents sans contrepartie, sans arrière-pensées, venant du cœur.
Il est grand temps de revenir à ces valeurs basées sur l’humanisme et le désintérêt pour le matériel. Autrement, nos mariages et baptêmes seront source de grands problèmes non seulement pour nos mamans et sœurs, mais aussi les maris qui vont devoir supporter les caprices de leurs femmes.
Source : Benbere