Un des combats menés par le Président de l’Assemblée Permanente des Chambres de métiers du Mali (APCMM), Mamadou Minkoro Traoré, est de faire bénéficier aux artisans maliens la commande publique portant sur des milliards de nos francs qui leur passent sous les nez.
Cela pendant les entreprises évoluant dans ce secteur sont à l’article de la mort ’’Aujourd’hui, nous sommes en agonie. Si nous n’avons pas de marchés, nous risquons tous de mettre la clé sous le paillasson‘’.Pourtant, il existe bel et bien deux Lettres circulaires et un Décret portant accès des Petites et Moyennes Entreprises (PME) à ces commandes. Même s’il refuse de dénoncer ouvertement le manque de volonté politique, le Président de l’APCMM se pose de nombreuses questions sur la non-application de ces textes par les responsables de l’administration publique.
Dans cet entretien qu’il a bien voulu nous accorder le 23 juillet dans son bureau au siège de la faitière, le Président Traoré tire encore la sonnette d’alarme. Il appelle à l’application de ces textes pour un accès des PME à la commande publique. Entretien !
Le Challenger : A l’époque, le Premier ministre, Oumar Tatam Ly, a instruit aux services de l’Etat à accorder une attention particulière aux équipements réalisés par nos artisans, à consommer malien. Qu’en est-il aujourd’hui de la mise en oeuvre de ces instructions?
Mamadou Minkoro Traoré : Le 07 mars 2014, Oumar Tatam Ly a effectivement signé une Lettre circulaire dans ce sens. Une seconde Lettre suivra, signée par son successeur à la Primature, Moussa Mara. Aujourd’hui, on est au niveau du Décret 2018/ 0473 du 28 Mai 2018 portant accès des Petites et Moyennes Entreprises (PME) à la commande publique. Malheureusement, la satisfaction n’est pas totale. Nous ne sentons ni lesdites Lettres ni le Décret. Pour se dire la vérité, nous ne sentons rien de façon générale.
Monsieur le Président, cela est dû à quoi ?
Nous-mêmes, nous nous posons cette question. Cela est dû à quoi ? Nous cherchons à y répondre. Il y a une semaine, j’ai adressé une lettre à tous les ministres, à tous les chefs des institutions pour savoir les raisons. Malheureusement, on n’a pas reçu de réponse à la date d’aujourd’hui.
Peut-on conclure à un manque de volonté politique ?
Non ! Je ne pourrai pas dire cela. À mon humble avis, le fait qu’on a transformé la Lettre en Décret veut dire qu’il y a une volonté politique derrière. C’est l’application des textes qui pose problème au Mali. Malheureusement, nous ne sommes pas les seules victimes de cette situation. Je ne caresse pas dans le sens de poils. Je dis ce que je pense.
En réalité, il est facile de prendre les textes au Mali, mais l’application, c’est tout autre. C’est un cas général. Nous comprenons comme ça.
Aujourd’hui, nous sommes en agonie. Si nous n’avons pas de marchés, nous risquons de fermer nos portes. Et malheureusement, ces commandes tardent à nous être confiées.
Nous avons montré nos capacités partout à travers de nombreux espaces. Lors du dernier Slon de l’Artisan du Mali, le 17 Novembre 2017, le Président de la République était sur le terrain. Il était agréablement surpris de voir que nous pouvons faire tous ces meubles au Mali et que, malheureusement, nous n’avons pas les commandes. Pourquoi on ne nous confie pas les commandes ? C’est à cette question que nous cherchons à répondre.
Avez-vous une idée du montant investi par l’Etat dans l’achat des meubles importés par an ?
On nous dit que ce sont des milliards. Je ne connais pas les chiffres exacts. Demandez aux éléments de la statistique, ils vont vous les donner avec certitude.
Vous venez d’évoquer vos difficultés. Quel appel fort vous avez à l’endroit des plus hautes autorités du pays ?
L’appel, c’est de nous faire confiance et de nous confier les commandes publiques, de mettre ce décret en application. En réalité, la première lettre dont vous parliez était la lettre de Tatam Ly. Ils disaient que c’est une simple lettre, que la lettre ne dit pas comment payer, comment procéder à la commande publique avec nous. Si la lettre n’a pas été explicite, le décret en dit long. Malheureusement, ce n’est pas pour leur donner des arguments, je ne sais pas s’ils vont me parler de l’Arrêté d’application aussi.
En tout cas, je ne connais pas un artisan qui m’a signalé avoir obtenu une commande publique suite à la Lettre ou au Décret.
Propos recueillis par Moussa Diarra, stagiaire
Source: Le Challenger