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Mamadou Kassogué : Pour le renouveau de la justice

Une quinzaine de personnalités envoyées en prison, des sulfureux dossiers en examen… Le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Mamadou Kassogué, devient la hantise des personnes présumées coupables de crime économique et financier. Clin d’œil sur l’homme, son parcours et ses actes posés.

 

Magistrat réputé intègre, rigoureux et incorruptible à la tête de la chancellerie du ministère de la justice depuis juin 2021, Mamadou Kassogué, 47 ans, peut se vanter d’avoir franchi un cap important dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. De son passage au pôle économique et financier du Tribunal de la Commune III du District en tant que Procureur de la République au ministère de la justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, quelque chose a changé.

Souvent coiffé d’un bonnet haoussa, jovial, franc parleur, le ministre Kassogué, natif de Bandiagara, la vitrine du pays Dogon, reste donc droit dans ses bottes. Il affirme aussi que nul n’est au-dessus de la loi. « Il n’y aura plus de classement sans suite de dossiers. Nous investiguerons chaque fois que nous serons sollicités », clamait-il au moment où il était procureur en charge du pôle économique et financier de Bamako.

Face aux insuffisances des textes juridiques lui permettant convenablement de faire son travail, il entreprend dès son arrivée au ministère des reformes, des tournées de prise de contact afin de s’assurer des conditions de travail du personnel.

Donner la cohérence à la politique pénale

Le 16 septembre 2021, trois projets de loi sont votés par le Conseil National de la Transition (CNT) : le projet de loi modifiant la loi n°01-080 du 20 août 2001 modifiée, portant code de procédure pénale ; le projet de loi modifiant la loi n°02-54 du 16 décembre 2002 modifiée, portant statut de la magistrature et le projet de loi portant modification de la loi n°2011-37 du 15 juillet 2011 portant organisation judiciaire.

Ces textes ont été initiés dans le but de faire face aux insuffisances constatées dans les missions des pôles économiques institués au siège des Cours d’Appel de Bamako, de Kayes et de Mopti.  Ceux-ci permettront, selon le ministre Kassogué, de donner de la cohérence à la politique pénale, plus de visibilité aux actions qui vont être menées, mais aussi assurer la saisie des avoirs.

Syndicaliste qui s’est fait remarquer lors de la longue grève des 100 jours des magistrats et aussi dans les négociations, celui sur qui le Président de la Transition, Assimi Goïta, a porté son choix pour occuper le fauteuil de ministre de la justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, est un homme qui a construit sa réputation au sein de la magistrature qu’il intègre en 2004, de par sa droiture, sa rigueur dans le traitement des dossiers et sa soif de justice.

Mandat de dépôt

Nommé procureur du Tribunal de la Commune III en charge du pôle économique et financier de Bamako, en juin 2019, Mamadou Kassogué entreprend une série d’interpellations, suivies de la mise sous mandat de dépôt des personnalités non des moindres du régime défunt.

Le 4 juillet 2021, le maire de Kati, Yoro Ouologuem et ses adjoints dont Bouyé Diallo et Badra Aliou Sangaré, venaient d’être placés sous mandat de dépôt. Ils sont interpellés pour leurs présumées responsabilités dans des histoires de spéculations foncières et des malversations financières.

Le 22 octobre 2019, le maire du District de Bamako, Adama Sangaré est interpellé au pôle économique pour un dossier relatif au projet de passation de marché d’éclairage public de la capitale. Le même jour, un mandat de dépôt lui sera notifié. Après avoir bénéficié d’une liberté provisoire.

En septembre 2019, Bakary Togola, l’influent président de l’Assemblée permanente des chambres d’agricultures du Mali (APCAM) tombe dans les filets de Mamadou Kassogué. Il lui est reproché un présumé détournement de près de 10 milliards FCFA, avec ses complices. Ce dernier bénéficie également d’une liberté provisoire. Il y a aussi le cas Bandiougou Diawara, le président du Conseil régional de Kayes, et quatre de ses complices, impliqués dans un présumé détournement de plus de 20 milliards FCFA.

En août 2021, la Cour suprême du Mali ouvre un sulfureux dossier relatif à l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Le 26 du même mois, l’ex Premier ministre SBM et l’ex ministre de l’économie et des Finances Mme Bouaré Fily Sissoko sont placés sous mandat de dépôt.

Septembre suivant, impliqué dans le même dossier, pour « favoritisme, faux en écriture, usage de faux et complicité d’atteinte aux biens publics par usage de faux », l’ex-chef de cabinet d’IBK, au moment des faits, Mahamadou Camara est aussi incarcéré.

Le 6 du même mois, le commissaire divisionnaire Oumar Samaké, commandant de la FORSAT, est retourné à la MCA. Il avait été libéré à la suite d’une manifestation des policiers. Il est poursuivi par la justice pour sa présumée responsabilité dans les tueries des 10, 11 et 12 juillet 2021 à Bamako.

Assainir le secteur de la justice

Certes, il faut saluer la justice malienne dans le cadre de la lutte contre la corruption et la délinquance financière, mais, il faut aussi reconnaitre qu’elle « souffre de beaucoup de maux, notamment, son manque d’indépendance, son impartialité et la corruption », reconnait Moussa Touré, président de l’Association Malienne de Lutte contre la Corruption et la Délinquance Financière (AMLCDF).

Pour lui, le ministre Kassogué connait bien toutes les plaies de la justice. « Donc, le premier acte du ministre Kassogué, c’est d’assainir le secteur de la justice dont il détient les leviers. Tout acte qu’il posera, tant qu’il n’assainira pas le secteur de la justice, sera vain », a-t-il estimé.

« Kassogué, c’est quelqu’un qui ne badine pas. Si tu as un dossier de crime économique chez lui, tu es foutu. En riant, il va t’envoyer en prison », ajoute Bocar Sacko, vendeur des téléphones androïdes au marché de Bamako.

En somme, on peut dire l’unanimité se dégage presque autour des actes posés par la justice, ces derniers temps, même si elle doit aller encore loin. Pour un observateur, le soutien à la transition de bon nombre des citoyens semble motiver par les actions de la justice sous la conduite du ministre Mamadou Kassogué. Au tableau de bord, une quinzaine d’incarcération et des dossiers en examen.

Ousmane Morba

Source : L’Observatoire

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