Le ministre des affaires étrangères, Abdoulaye Diop, a proposé à la Cédéao de prolonger cette période de cinq ans maximum à compter du 1er janvier.
Dimanche 2 janvier, une dizaine d’organisations politiques maliennes ont rejeté la durée de la transition de cinq ans proposée la veille par le gouvernement à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Le ministre malien des affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait déclaré samedi à la télévision publique qu’il avait présenté au président ghanéen, Nana Akufo-Addo, président en exercice de la Cédéao, une prolongation de cinq ans de la transition, au plus, à compter du 1er janvier.
Dans un communiqué publié dimanche, le « Cadre d’échange des partis et regroupements politiques pour une transition réussie » indique que cette échéance, outre qu’elle « viole la charte de la transition, n’a pas fait l’objet de discussions au Mali et ne saurait être en aucun cas une aspiration profonde du peuple malien ». « Par conséquent, le Cadre rejette ce chronogramme unilatéral et déraisonnable », ajoute-t-il.
Le Cadre d’échange réunit plusieurs partis et regroupements de partis, dont le Rassemblement pour le Mali (RPM), de l’ancien président Ibrahim Boubacar Keïta – renversé le 18 août 2020 –, et Yelema, de l’ancien premier ministre Moussa Mara. Cette coalition avait déjà annoncé son refus de prendre part aux Assises nationales de la refondation, organisées du 11 au 30 décembre. Il avait exprimé ce refus le 19 novembre au colonel Assimi Goïta, au pouvoir depuis le putsch du 18 août 2020.
« On veut que le délai de la transition ne soit pas lié aux assises. On veut les dissocier pour aller à l’organisation rapide des élections », avait expliqué à l’AFP Sékou Niamé Bathily, chargé de communication du Cadre d’échange. Les Assises nationales de la refondation ont recommandé une transition d’une durée de six mois à cinq ans, sans trancher.
Un sommet extraordinaire de la Cédéao
Les dirigeants ouest-africains se réuniront en sommet extraordinaire sur le Mali le 9 janvier à Accra. Le 12 décembre, ils avaient exigé des élections en février et menacé d’imposer des sanctions supplémentaires dès janvier si les autorités maliennes ne s’engageaient pas à organiser un scrutin le 27 février 2022. Mais celles-ci ont notifié à la Cédéao qu’elles seraient dans l’incapacité d’organiser des élections présidentielle et législatives en février, comme la junte s’y était préalablement engagée.
Le gouvernement malien invoque l’insécurité persistante dans ce pays pauvre et enclavé, livré depuis 2012 aux agissements de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l’organisation Etat islamique, ainsi qu’aux violences de toutes sortes perpétrées par des milices autoproclamées d’autodéfense et des bandits. Les forces régulières sont elles-mêmes accusées d’exactions. Les deux tiers du pays échappent au contrôle des autorités.