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MALI: un an après IBK, que dire… ?

Après trois (3) mois d’agitation et d’émeute à l’initiative de l’opposition politico-religieuse, le pouvoir du Président Ibrahim Boubacar Keïta lâché par tous ses soutiens intérieurs et extérieurs tombe.

Ce jour 19 août 2020, une junte militaire dirigée par des Colonels annonce avoir pris le pouvoir en parachevant la lutte du peuple du Mouvement du 5 Juin – Rassemblement des forces patriotiques en abrégé M5-RFP.

Au-delà du peuple tout acquis et tout conquis pour ne pas dire compromis du M5-RFP, le peuple du Mali, démocrates et patriotes de toutes les officines, leaders et de troubadours de toutes les sauces acquiescent s’ils n’applaudissent pas. Ce jour-là le Peuple du Mali avait des raisons de croire aux jeunes officiers aux visages angéliques lorsqu’ils disaient dans leur première déclaration : «nous ne tenons pas au pouvoir, mais nous tenons à la stabilité du pays qui nous permettra d’organiser dans des délais raisonnables consentis des élections générales pour permettre au Mali de se doter d’Institutions fortes capables de gérer au mieux notre quotidien et restaurer la confiance entre les gouvernants et les gouvernés. »
Ce jour-là, ce vendredi 21 août-là, sur le Boulevard de l’indépendance, le Peuple du Mali avait crû à ces Chefs militaires qui ont agi à l’unisson dans une unité presque parfaite des Forces de Défense et de Sécurité du Mali et avaient dit que « le Comité National pour le Salut du Peuple remercie le peuple malien pour son soutien. Il n’y a pas eu de Coup d’Etat, nous avons parachevé le travail du peuple ».
Comme dans un nirvana collectif, mu par l’espoir le peuple était en transe et célébrait en héros les putschistes adulés par tout un peuple. Fut-il que ce soit celui que tout le monde a vite taxé d’assoiffé de pouvoir qui fut ce jour-là clairvoyant sur le Boulevard de l’Indépendance. Contre la philharmonie entonnée, Cheick Imam Mahmoud DICKO avait mis un bémol et avertit :
«Le Peuple Malien vous observe. Respectez votre serment et votre engagement devant le peuple du Mali. Le CNSP nous inspire confiance et nous osons croire qu’ils vont parachever ce travail convenable ».
Un an après, où en sommes-nous avec cette prémonition ? À défaut de Mali-Koura, où en est le Mali avec la refondation tant souhaitée par tous ? Le Mali et les Maliens ont-ils été dupés une nouvelle fois ?
Qui aurait cru qu’après tant de péripéties et de blocages à Bamako que le putsch le plus propre qui soit se soit soldé au bout d’un an par une regrettable duperie sur la marchandise.
En tout cas, au fil du temps de l’avis de beaucoup d’observateurs tant nationaux qu’internationaux l’espoir suscité par cette prise du pouvoir par les armes s’est vite transformé en cauchemar.
La Première désillusion a été de voir leur chef de la junte, le Colonel Assimi GOITA au bord d’un hélicoptère habillé en Rambo et équipé d’un fusil d’assaut pour annoncer la bonne nouvelle, à savoir la levée du siège de Farabougou, cette localité martyrisée et qui est toujours occupée par des djihadistes.
Ce jour tous les Maliens avisés ont su que cette junte militaire malienne n’a pas le niveau requis pour gérer ce grand pays. Car, même les débutants en stratégie et tactique militaires savent que pour qu’une ville soit déclarée reprise et sécurisée il faut l’arrivée dans ladite ville des forces terrestres. Et l’arme affichée avait tout l’air d’une arme collective…
Depuis ce grand bluff du Rambo malien monté de toute pièce par ces pseudos spécialistes en communication institutionnelle, les subterfuges d’État continuent sans aucun résultat convaincant sur le terrain.
À part un baroud d’honneur d’émancipation et de guerre d’influence, nos fameux Colonels adoubés par le peuple en août 2020 n’ont apparemment rien apporté de nouveau sous les cieux si c’est n’est plus de désolation et de désespoir.
En effet, une année plus tard, on est toujours à se demander s’il était utile de chasser IBK malgré ses défauts et ses frasques familiales. Le résultat est tellement décevant et chaotique que beaucoup au sein du mouvement insurrectionnel ont honte de s’en réclamer en dépit de la rectification, elle-même donnée pour être rectifier pour le vrai salut du Mali.
Des arrestations arbitraires, des scandales financiers, des Accords bidon avec les terroristes et des effets d’annonce sans lendemain… en un mot que de la propagande. On avait dit le problème du Mali était IBK, un an après sa destitution, on dirait bien que ce n’est pas IBK qui est tombé, mais le Mali.
En effet, tout le reste du pays est tombé sous le contrôle ou coupe des djihadistes et des groupes armés sans scrupules. Il ne reste plus aujourd’hui qu’une seule petite zone verte à savoir le District de Bamako et cela même pour plus longtemps, si nous continuons sur la même lancée.
Si les vainqueurs civils et militaires semblent se réconcilier et trinquent désormais ensemble, quid de l’unité dans les rangs ? Chacun sait aujourd’hui qu’elle est de façade au sein du M5-RFP depuis la nomination du Dr Choguel K. MAIGA en juillet dernier à la tête du gouvernement. Pour ce qui est de l’unité au sein de nos Forces de Défense et de Sécurité prions qu’elle résiste aux guerres d’influence et de positionnement dans les rangs de l’ex-CNSP. En tout cas Kati gagnerait à refaire l’unité qui lui a valu le respect et le ralliement de l’ensemble de la nation. Si le peuple voit des fissures en leur sein comme ce qu’on voit actuellement avec des emprisonnements de porteurs d’uniforme à la pelle et souvent pour des raisons fallacieuses, le divorce pourrait vite intervenir.
C’est dans cette conjoncture singulière où les tombeurs du Président ont du mal à présenter un bilan concret dans le sens des attentes du peuple du Mali et dans cet environnement peuplé d’incertitudes quant à nos relations avec la communauté internationale qui nous tient toujours sous sanctions et de confusions quant au respect des échéances que des laudateurs veulent pousser l’ex-junte à s’éterniser au pouvoir à travers une prolongation dictée de la Transition. Ils se sont fait entourer de marginaux et de revanchards qui pensent que le pays tout entier se résume à leurs personnes. Qu’à Dieu ne plaise ! Moussa TRAORE a cédé aux sons des sirènes, Amadou Toumani TOURE s’est laissé bercer par les ritournelles, Aya n’a pas eu le temps, Assimi GOITA va-t-il se laisser piéger par l’ivresse du pouvoir ?
Malheureusement aujourd’hui tous les efforts de nos dirigeants sont presque orientés vers ce combat perdu d’avance. Car ils doivent savoir que la propagande la plus vive en l’absence de résultats probants et tangibles ne peut résister à l’épreuve du temps. Or le peuple malien n’a besoin que de résultats aujourd’hui. En termes plus simples il ne veut que du pain et de la paix, pas plus.
Que le président Assimi GOITA ne se laisse donc pas berner. Aujourd’hui, le Mali n’a pas besoin de justicier autoproclamé ni de Rambo bluffeur qui s’élève au niveau des dieux. Il n’a besoin que de patriotes désintéressés pour se rassembler autour de lui afin de restaurer son honneur et sa dignité d’en temps. Refondation, joli mot pour manipuler les foules livrées à la pire des insécurités, jamais connues sous IBK encore moins sous ATT.
Un an après que dire… ?

BOURAMA COULIBALY

Source : Info-Matin

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