« Pragmatique ». Ainsi se définit l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga au lendemain du deuxième coup d’État au Mali, en moins d’un an. Il estime que sa candidature à la future présidentielle sera « dans l’ordre des choses ».
Ancien Premier ministre d’un pays qui vient de subir un deuxième coup d’État en moins d’un an, Soumeylou Boubèye Maïga se veut « pragmatique ». La décision de la Cedeao de suspendre le Mali de ses instances, mais l’absence de mise en place de sanctions économiques et la reconnaissance du coup de force mené par Assimi Goïta contre Bah N’Daw et son Premier ministre Moctar Ouane, ne semble pas l’émouvoir outre mesure. S’il juge qu’il aurait été « idéal de rester attaché à la charte de la transition », il estime aussi que, dans le contexte, l’essentiel est « d’avancer ». Bah N’Daw, désormais écarté du pouvoir, ne trouve aucune grâce à ses yeux. Il « n’a rien fait depuis qu’il a prêté serment », lâche même l’ancien président de l’Alliance pour la solidarité au Mali-Convergence des forces patriotiques (Asma-CFP). À un an de l’échéance fixée par la charte de la transition, Soumeylou Boubèye Maïga est pressé de tourner cette page. Depuis plusieurs semaines, il semble déjà lancé dans la campagne pour la présidentielle qui doit se tenir à l’issue de la transition. ’ancien Premier ministre multiplie les tournées à l’intérieur du pays : Kayes, Koulikoro, et, tout récemment, Nioro du Sahel, où il a tenter de renouer avec le chérif Bouyé Haidara. L’influent chef religieux, avec lequel il a longtemps entretenu des relations en dents de scie, avait été parmi les plus critiques à son égard, avant que Boubèye Maïga, visé par une motion de censure, ne finisse par jeter l’éponge et quitter la primature, en avril 2019. Si l’on ne peut encore vraiment parler de réconciliation, peu de choses ayant filtré de l’échange entre les deux hommes, le simple fait que le chérif de Nioro ait accepté de le recevoir vaut signe d’apaisement, alors que Soumeylou Boubèye Maïga – considéré comme clivant et, en partie, isolé sur une scène politique en pleine recomposition – est engagé dans une véritable « opération de séduction » tous azimuts. Ce dernier assure d’ailleurs n’avoir « jamais été en conflit » avec le chérif de Nioro.