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Mali-Sahel : nouveau terrain d’expérimentation des « guerres de civilisations » ?

Le G5 Sahel ou « G5S » créé le 17 février 2014 par cinq États du Sahel, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, la Mauritanie à la demande de la France est censé être le cadre de coopération avec l’armée Française pour la « guerre aux terroristes-djihadistes« . Le constat est simple et sans équivoque : plus l’occupation militaire Française perdure, plus les groupes « djihado-terroristes » essaiment dans tout le Mali.
Le massacre de 160 pulaars du village d’Ogossagou dans le centre du Mali vient reposer la question de l’occupation militaire du Sahel, du Mali au Tchad jusqu’en Centrafrique par l’armée Française. On est passé à une combinaison des enlèvements d’otages lors des Paris-Dakar, de la sécession de l’Azawad, du « djihado-terrorisme », l’ethnicisme et tout cela sous l’occupation militaire françafricaine du Mali et du Sahel.

Du sécessionnisme de l’Azawad …

Depuis 2013, le Mali est le terrain de nombreuses interventions militaires internationales: 12.213 casques bleus,1.737 policiers déployés au sein de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), 4.500 soldats français au sein de l’opération « Serval » puis « Barkhane », 5.000 à 10.000 soldats prévus pour la Force conjointe du G5 Sahel (FC-G5S), 580 soldats au sein de l’EUTM Mali (European Union Training Mission) et un nombre difficile à préciser de forces étasuniennes et européennes dans les pays du G5 Sahel positionnées pour la soi disant « guerre contre le terrorisme« . Le G5 Sahel ou « G5S » créé le 17 février 2014 par cinq États du Sahel, le Mali, le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, la Mauritanie à la demande de la France est censé être le cadre de coopération avec l’armée Française pour la « guerre aux terroristes-djihadistes« .

Parallèlement à cette présence militaire massive, force est de constater qu’il est de fait interdit à l’armée, la gendarmerie, la police, l’administration, les services publics de l’Etat du Mali, non seulement d’être présents à Kidal où règnent les milices armées dites « Touaregs » et dans plusieurs autres localités du Mali.

Le constat est simple et sans équivoque : plus l’occupation militaire Française perdure, plus les groupes « djihado-terroristes » essaiment dans tout le Mali. Comment ne pas observer qu’en fait les divers groupes « djihado-terroristes« , Al Qaïda, Aqmi, Mujao, Ansardine, Boko Haram, etc, ne font que changer de noms en se répandant du nord vers le sud ? Se pose donc une question simple : quels sont les dessous de cartes de cette occupation militaire du Mali et du Sahel-Sahara par l’armée Française ?

à l’ethnicisme « djihado-terroriste »…

Les gouvernants successifs corrompus des Alpha O. Konaré, ATT, Dioncounda et IBK, tous inféodés aux diktats du FMI, de la BM ont laissé le pluralisme politique démocratique né de la révolution anti-fasciste inachevée de 1991 se vassaliser à la Françafrique. La destruction et l’assassinat de Khadafi a infesté le Mali des « djihado-terroristes » qui recrutent maintenant dans toutes les nationalités du pays. Voilà ce qu’en dit un chercheur malien Baba Dakono de l’Institut des études sécuritaires : « Nous sommes dans des localités où historiquement les groupes socioprofessionnels ont des rapports conflictuels. Seulement depuis 2014, on est entré dans une nouvelle forme de violence avec la présence de divers groupes armés; des groupes extrémistes violents comme la Katiba Macina, mais aussi des réseaux de trafics qui opèrent tout le long de la frontière entre le Mali et le Burkina. Cette attaque était prévisible car elle est intervenue dans un environnement dominé par des luttes de pouvoir locales ainsi que dans un cycle de représailles et de vengeances entre des acteurs qui s’affrontent pour des ressources naturelles très limitées dans la zone« .

En d’autres termes l’Etat Malien est tout simplement absent de la majorité du terrtoire national et de fait, la nature ayant horreur du vide, est remplacé par des « groupes extrémistes violents, des réseaux de trafics, des luttes de pouvoirs locaux ». Or justement c’est le prétexte initial de l’intervention militaire Française : sauver l’Etat du Mali face aux ordres « djhado-terroristes » fascistes armés qui se sont attaqués par racisme aux tombes des « 333 Saints » Africains à Tombouctou, comme ils avaient détruits les statuts bouddhistes des Bamiyan en Afghanistan, aux archives de l’histoire multiséculaire africaine à Gao et à Tombouctou, etc.

Devant ce délitement voulu de l’Etat, les différentes nationalités du Mali ont cherché des armes et se sont dotées de milices pour « se défendre » contre les attaques et crimes « djihado-terroristes » à l’instar des « gandakhoï » (la terre est à nous) Sonrhaï face aux Touaregs sécessionnistes. Les gouvernements successifs corrompus empêtrés dans les politiques libérales d’ajustement structurel dictées par le FMI et la BM au nom de la dette se sont aussi montrés sourds aux revendications démocratiques des Touaregs.

C‘est ce coktail explosif d’ethnicisation du fanatisme religieux qui s’est répandu sous l’occupation militaire française du Sahel et l’activisme criminel « djihado-terroriste » recruteur dans toutes les nationalités au point de produire ces massacres que les uns et les autres s’attribuent réciproquement.

Les conflits ancestraux entre pasteurs éleveurs et sédentaires agriculteurs, même si le profil socio-professionnel recoupe souvent les nationalités dans les milieux ruraux de nos pays, n’ont plus les régulations ancestrales pacificatrices d’antan qui ont été jetées aux orties sous les coups de boutoirs de l’économie néocoloniale de survie, de l’occupation militaire française et l’expansion du « djihado-terrorisme » financé par les pétro-dollars. Ces conflits là sont aujourd’hui exarcerbés par l’occupation militaire française et l’expansion des milices armées « djihado-terroristes » qui s’alimentent réciproquement, car la présence de l’une justifie celle de l’autre et vice versa. La France dit-on « combat le terrorisme islamiste » et le « djihado-terrorisme » déclare vouloir « chasser les mécréants occidentaux« .

En fait le Sahel-Sahara est devenu le terrain d’expérimentation en pratique des « guerres de civilisations, de religions« , cette nouvelle stratégie prônées par l’Occident impérialiste dans le cadre de la nouvelle phase de la « mondialisation capitaliste » née de la défaite du camp socialiste-communiste dans les années 89-91.

Les gouvernements maliens se soumettent aux diktats de la françafrique, les « djihado-terroristes » reçoivent des armes, notamment françaises, achetées et fournies par leurs mentor des théocraties wahabites, salafistes et takfiristes des pétro-dollars.

Des Maliens sont ensuite recrutés par l’argent des « djihado-terroristes » dans toutes les nationalités majoritairement musulmanes du pays pour tuer et massacrés d’autres Maliens alors que l’armée et l’Etat Maliens sont ainsi maintenus avec la complicité servile des dirigeants dans l’incapacité de libérer le pays de ce fléau mortel comme l’ont fait l’armée et l’Etat Algériens face aux fascistes « djihado-terroristes » du Front Islamiste du Salut (FIS), du Groupe Islamiste Armé (GIA), du Mouvement Islamiste Armé(MIA) dans les années 1990/2000.

Participent aussi à ce marché de dupes meurtriers françafricains les Etats du G5 Sahel que sont le Burkina Faso, le Niger, le Tchad, la Mauritanie. Ces Etats, en particulier, le Burkina Faso sont de plus en plus attaqués depuis que le peuple à chasser l’ex-président françafricain, assassin de Thomas Sankara, Blaise Compaoré ex-filtré par l’armée Française en Côte d’Ivoire où le président Ouattara, autre pièce maïtresse de la françafrique, lui a donné la nationalité ivoirienne pour lui éviter d’être extradé à la demande de la justice Burkinabé. Il est à remarquer que, depuis, le Burkina Faso est le théâtre d’attentats terroristes y compris dans la capitale Ouagadougou. N’est-ce pas là des indices inquiétants des liaisons dangereuses entre françafrique et « djihado-terrorisme » ?

On est bien loin ici de l’attitude du Nigéria et du Cameroun qui ont éloigné la France impérialiste de leur combat légitime contre le « djihado-terrorisme » en découvrant, comme le notent certaines sources d’information, la présence des « éléments des forces spéciales occidentales » parmi les « djihado-terroristes » de Boko-Haram.

On peut aussi observer que là où l’impérialisme français déclare « être là au Sahel pour très longtemps« , le Nigéria et le Cameroun ont pour l’essentiel liquidé Boko-Haram de plus en plus réduit aujourd’hui à des attentats terroristes comme à Paris, Bruxelles, Londres, Berlin ou New-York. Il est clair que la présence militaire Française au Mali et dans tout le Sahel-Sahara n’est pas la SOLUTION, mais est le PROBLEME. On est bien loin de l’illusion de la »libération du Mali » proclamée par Paris.

Les forces démocratiques, patriotiques, syndicales, associatives et politiques doivent revendiquer que LA FRANCE DEGAGE DU MALI ET DU SAHEL. L’alliance des Etats du Sahel doit écarter la présence militaire de AFRICOM, des forces spéciales étatsuniennes, françaises, etc et l’armée malienne réarmée doit être la cheville ouvrière du rétablissement de l’Etat sur l’ensemble du territoire national.

au non respect de la diversité des croyances, de la liberté de croyance, de la laïcité…

La pauvreté, le chômage endémique, le délabrement des services publics de l’école, de la santé, la disette voire la famine dans nos campagnes, bref les fléaux inhérents au sous-développement néocolonial font que nos populations sont en quêtes permanentes de quoi survivre.

Cette misère a été décuplée par les plans libéraux d’ajustement structurel pour rembourser la dette usuraire, la dévaluation brutale du CFA, l’achat des secteurs clefs privatisés des économies nationales par les Multinationales.

La corruption de nos gouvernants qui passent leur temps à ramasser les restes en milliards de francs CFA du pillage de l’impérialisme pour s’en mettre plein les poches avec leurs familles et leurs clans affame les populations et accroît la lutte pour la survie au sein du peuple.

Pour éviter que le peuple ne les désigne comme responsables de sa misère et ne les combatte, les « politiciens » libéraux néocoloniaux non seulement abdiquent sur la souveraineté nationale, mais aussi sur le maintien de la religion dans la sphère personnelle et spirituelle. La religion est de plus en plus partout, que ce soit les différentes « târikha » islamiques ou les différentes « églises » chrétiennes.

Au fur et à mesure de la mise sous coupe réglée des politiques libérales néocoloniales depuis les années 80, on assiste à une montée en puissance d’une sorte de « concurrence » entre obédience religieuse de plus en plus boostée par « la guerre des civilisations et des religions » menée par les impérialistes, laquelle prend la forme aux USA et dans les pays de l’UE de la chasse à la « cinquième colonne » Noire, Arabe, Rrom, Musulmane accusée de « grand remplacement » d’une population autochtone vieillissante.

Historiquement les croyances religieuses ont été des « soupirs du peuple » selon l’expression de Karl Marx du combat des El Hadj Omar, Samory, Mamadou Lamine Dramé, Lat Dior, Aline Sitoé, Kimbangu, etc contre le colonialisme. La religion était une des ressorts en plus du patriotisme de la lutte contre la soumission coloniale. Aujourd’hui le « djihado-terrorisme » fasciste instrumentalise la foi religieuse comme « opium du peuple » selon l’expression de Karl Marx, non seulement pour tuer majoritairement d’autres musulmans, mais aussi pour embrigader les populations musulmanes dans la « guerre de tous contre tous » au seul profit des intérêts de la finance mondiale à laquelle sont associés les pétro-dollars d’Arabie Saoudite, du Qatar, des Emirats, du Koweit et des puissances impérialistes des USA et de l’UE.

au champ lexical des occupations militaires françaises…

On assiste à une mutation guerrière de la Françafrique au fur et à mesure que l’impérialisme Français perd du terrain sur le plan économique, au fur et à mesure que les Total, Areva, Bouygues, Bolloré, Orange, BNP, Société Générale, etc perdent des parts de marchés face aux nouveaux investisseurs Chinois, Indiens, Russes, etc.

La « guerre contre le terrorisme » n’est en vérité qu’un prétexte pour préserver les intérêts des grands groupes capitalistes Français, assurer par la présence militaire française leurs profits maximums et renverser les gouvernements Africains qui cherchent à échapper à la domination unilatérale française.

C‘est pourquoi les opérations militaires de l’impérialisme Français portent des noms significatifs au regard des objectifs impérialistes qui leurs sont assignés :

– Turquoise au Rwanda = bijou « humanitaire » pour couvrir l’opération de repli des génocideurs du hutu-power au Kivu dans l’est de la RDC

– Licorne en Côte d’Ivoire = animal capable d’éventrer l’éléphant dans la mythologie, ce qui a permis de destituer et capturer L. Gbagbo

– Harmattan en Libye = vent très chaud et sec chargé de poussière de sable qui souffle du Sahara vers le Sahel et même la savane

– Serval au Mali = animal qui pisse pour délimiter son territoire ce qui à permis comme nous l’écrivions le 13 août 2013 de « redonner une seconde vie au vieux projet colonial de l’OCRS (organisation commune des régions sahariennes) par le biais d’une « décentralisation-régionalisation » qui met fin à l’intégrité et l’unité territoriale du Mali ; projet qui visait à couper le sahara du reste de l’Algérie, mais que la solidarité panafricaine FLN et US-RDA avait mis en échec, favoriser le contrôle direct ou indirect de Kidal par le MNLA séparatiste pour « autonomiser l’Azawad » dans le cadre d’un Mali ainsi « décentralisé-régionalisé »

– Sangaris en Centrafrique = papillon qui brûle la peau et donne donc des démangeaisons qui accompagne les multiples coups d’état et les affrontements ethnoreligieux entre « séléka islamistes et anti-balakat chrétiens »

– Barkhane tout le long du Sahel-Sahara = dunes qui se déplacent au grès des vents dans le désert donc permet à l’armée française de se déplacer tout le long du Sahel-Sahara.

à la prise de conscience des dangers qui planent sur l’Afrique

Ce qui se passe au Mali, ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire ou le génocide au Rwanda est possible partout en Afrique. Voilà pourquoi dès 1994 nous écrivions que « toute l’Afrique est potentiellement un Rwanda« . Fermer les yeux, faire comme si cela n’arrive qu’aux autres est une terrible ignorance de ce que le Chancelier Helmut Kohl a déclaré : « Il ne saurait être question de laisser l’Afrique s’industrialiser, l’Occident ne se laissera plus surprendre une deuxième fois; l’Asie lui oppose une sérieuse concurrence aujourd’hui, parce que l’Occident avait été distrait face à son développement » (1987).

La responsabilité des gouvernants libéraux, corrompus et apatrides africains est manifeste comme on peut le lire sur les réseaux sociaux qui attribuent faussement cette vérité constatable par tous au président Russe:

« Quand un Africain devient riche,

Ses comptes bancaires sont en Suisse,

Il se soigne en France,

Il investit en Allemagne,

Il achète à Dubaï,

Il consomme chinois,

Il prie à Rome ou à la Mecque,

Ses enfants étudient en Europe,

Ses tourismes s’effectuent au Canada, USA, France,

S’il meurt, il veut être enterré en Afrique, au pays natal,

L’Afrique n’est qu’un cimetière pour l’Africain,

Comment développer un cimetière ? »

De tels gouvernants empêtrés dans la servitude volontaire n’ont « d’Africains » que le lieu « africain de leur inhumation. De leurs vivants les néocoloniaux libéraux locaux servent leurs maîtres étrangers au détriment des intérêts des peuples d’Afrique. C’est contre eux que se développe la lutte des classes laborieuses pour renverser et chasser la domination impérialiste sur l’Afrique.

Le patriotisme, c’est retrouver comme point d’appui d’une gouvernance au service du peuple, les valeurs traditionnelles progressistes comme celles fécondées à l’époque de l’empire du Mali en 1212 -1222. La Charte du Manden définissait, bien avant le Bill Right anglais en 1689, et bien avant la déclaration française des droits de l’homme en 1789-93, à travers le « serment des chasseurs » des droits humains basés sur le principe « qu’une vie n’est pas supérieure à une autre vie », que « chacun veille sur le pays de ses pères, par pays ou patrie, il faut entendre aussi et surtout les hommes », que » la faim n’est pas une bonne chose, l’esclavage n’est pas non plus une bonne chose; il n’y a pas pire calamité que ces choses-là, Dans ce bas monde, tant que nous détiendrons le carquois et l’arc, la faim ne tuera plus personne au Manden, si d’aventure la famine venait à sévir; la guerre ne détruira plus jamais de village au Mandem pour y prélever des esclaves; c’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable pour aller le vendre, personne ne sera non plus battu, à fortiori mis à mort parce qu’il est fils d’esclave » (Youssouf Tata Cissé, la charte du Manden, février 2015, édition triangle Dankoun).

Ou encore les valeurs d’une gouvernance éthique que Thierno Souleymane Baal enseignait au Futa Toro: « La victoire est dans la persévérance… Toutefois, je vous recommande :

1)De rechercher, pour assumer la fonction d’Almami, un homme désintéressé, qui ne mobilise les biens de ce monde ni pour sa personne, ni pour ses proches ;

2)Si vous le voyez s’enrichir, démettez-le et confisquez les biens qu’il a acquis ;

3)S’il refuse la démission, destituez-le par la force et bannissez-le ;

4)Remplacez-le par un homme compétent quelle que soit sa lignée ;

5)Veillez-bien à ce que l’Almamiyat ne soit jamais héréditaire ;

6)N’intronisez qu’un méritant ».

Les peuples du Mali et de tout le Sahel doivent exiger le départ des troupes étrangères et bâtir une alliance militaire entre les Etats africains pour en finir avec le « djihado-terrorisme« .

Source: .investigaction.net

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