Le Mali est un pays pauvre, dit-on, et les ressources de l’État sont insuffisantes pour améliorer qualitativement les conditions de vie du peuple. Pourtant, nos dirigeants ne vivent pas cette réalité et bénéficient d’avantages accordés en lien avec leur fonction.
Le quotidien du Malien lambda changera difficilement tant que ceux qui ont vocation à le faire ne ressentent pas les mêmes difficultés. S’il est vrai que le Mali est un pays pauvre, nos dirigeants devraient le démontrer dans leur vie quotidienne. Leurs conditions de vie devraient ressembler à celles du Malien moyen. Ainsi, ils seront à même de mieux comprendre les vécus des populations et chercher rapidement les solutions idoines pour améliorer cela.
Mais nos dirigeants nous regardent de haut. Les Maliens eux-mêmes ont décidé de les « sécuriser » en leur accordant d’énormes avantages afin que rien ne leur manque pour remplir leurs missions au détriment de notre bien-être propre. Ironie du sort, on demande au peuple de faire des sacrifices, de se contenter de sa situation, de ne pas trop revendiquer parce que l’État est pauvre. Ce même peuple remarque pourtant, avec étonnement, que ceux qui se tiennent au-devant font la belle vie avec les moyens de l’État.
Discours politique sans effet
Les hommes politiques l’ayant compris, ils se sont mis désormais à traduire, dans leurs discours, la pensée populaire en vogue : la réduction du train de vie de l’État. C’est eux qui se décident volontairement à renoncer à une partie des avantages qu’on leur accorde sans y être contraints. Mais ils ne touchent pas aux textes mêmes qui leur accordent tant d’avantages.
Avec la crise liée à la pandémie de Covid-19, l’ancien président feu Ibrahim Boubacar Kéita avait décidé, avec son Premier ministre et son gouvernement, de renoncer à deux-trois mois de salaire pour se montrer solidaire des populations vivant une période difficile. Sous l’actuelle transition, les autorités clament haut et fort la réduction du train de vie de l’État. Allez savoir si cela est une réalité !
Matériels roulants de luxe, groupes électrogènes dans leurs domiciles, voyages par avions en classes affaires, soignés dans des cliniques privées ou évacués à l’extérieur, leurs enfants étudiant à l’extérieur ou dans des écoles prestigieuses de la place, nos dirigeants vivent en total déphasage avec les vécus réels des populations. Voilà pourquoi nos dirigeants qui se sont succédé à la tête de l’État voient leurs conditions de vie améliorées sans pourtant arriver à améliorer celles des populations.
Esprit de sacrifice
Quand enseignants et médecins partent en grève, on leur dit qu’ils exercent un sacerdoce. Qu’on ne devient pas enseignant, médecin, militaire pour s’enrichir, mais plutôt par amour pour sa patrie. Pourtant, cela vaut aussi pour nos dirigeants. On ne dirige pas également pour s’enrichir. L’amour pour la patrie doit être égal pour tous.
Quand on compare le niveau de vie des Maliens à celui d’autres pays, on nous répond aisément que nos réalités sont différentes. Pourtant, nos dirigeants vivent dans les mêmes conditions sinon mieux que ceux de ces pays en question. Tant qu’ils n’arriveront pas à véritablement améliorer les conditions de vie des Maliens, nos dirigeants ne devront pas vivre dans un certain luxe.
Les Maliens doivent désormais se faire plus entendre, se mobiliser. En vivant avec tant d’avantages, nos dirigeants ne sont pas du tout en situation d’illégalité. Ce sont des textes pris à notre insu ou à notre su qui leur accordent tout ceci. Nous devons exiger à qui de droit de revoir ces textes et les adapter à notre réalité de vie. D’après ce citoyen, trop de malices se cachent dans des dispositions du genre « telle personne est nommée à tel poste et bénéficie à ce titre des avantages liés à sa fonction ». Imprécis et vagues, s’agit-il de quels avantages en clair ? Il faut contraindre nos dirigeants à la modestie, autrement ils ne le feront pas d’eux-mêmes.
Source : Benbere