Le décès de l’ancien Premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga, survenu lundi à Bamako, a semé l’amertume au sein de la classe politique du pays qui continue à lui rendre hommage à travers des communiqués de presse et sur les réseaux sociaux.
Les partis les plus influents comme l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ dont le défunt était membre fondateur) ont salué sa mémoire, tout comme les anciens Premiers ministres, Moussa Mara, Modibo Sidibé et le Dr Boubou Cissé.
« Sa mort, survenue sous la garde de l’Etat, nous plonge dans une profonde tristesse et une immense interrogation. Nous le savions tous souffrant, fatigué depuis quelque temps. Sa santé s’est considérablement détériorée pendant son incarcération et il est tombé gravement malade dans les semaines qui ont précédé sa mort », a déploré via les réseaux sociaux et depuis l’étranger le Dr Boubou Cissé.
« Soumeylou est finalement mort. Fatigué d’attendre, d’espérer. Rongé par la maladie que ses geôliers ont laissée prospérer avec lucidité et cynisme… Ils porteront le poids des tes péchés et les expieront ici-bas », a, pour sa part, dénoncé l’ancien ministre de la Défense et président de l’Union pour la démocratie et le développement (UDD, ex-majorité présidentielle), Tiéman Hubert Coulibaly. Il a fui le pays depuis quelques mois par crainte de poursuites judiciaires.
« C’est avec une grande tristesse que j’ai appris le décès de Soumeylou Boubèye Maïga », a réagi le chef de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), El-Ghassim Wane.
Quant au président du Niger, Mohamed Bazoum très critique à l’égard des autorités de transition au Mali, il a souligné que « la mort de Boubèye Maïga en prison rappelait celle de Modibo Kéita », premier président du Mali indépendant décédé le 16 mai 1977 dans des conditions obscures pendant sa détention après le putsch qui l’a renversé le 19 novembre 1968.
Dans la rue et sur les réseaux sociaux, ils sont nombreux à déplorer les conditions du décès de l’ancien Premier ministre qui a été privé du droit à des soins appropriés à l’étranger, en dépit de fortes demandes dans ce sens de la part de sa famille.
« La mort seule suffit pour nous enseigner les leçons de la vie. Le seul maître, le seul juge a rendu son verdict aujourd’hui, sans demander l’avis de qui que ce soit… », a déclaré un leader d’opinion, là où un membre de la famille du défunt a martelé : « le tigre (surnom du défunt dans l’arène politique) n’est plus, mais son rugissement sera entendu. Le temps se substituera à la justice des hommes ».
« Je n’étais pas une de ses partisanes, mais sa disparition me fait un mal de chien car j’ai le profond sentiment qu’elle n’aurait pas dû être maintenant ! Cette mort, plus que les autres, est injuste », a réagi une cadre du ministère malien des Affaires étrangères qui a requis l’anonymat.
Des organisations de la presse ont aussi salué la mémoire « du journaliste et du militant de la liberté d’expression et de presse que M. Maïga fut au cours de sa riche carrière ».
Pour sa part, la Maison de la presse du Mali lui a rendu un hommage particulier, décrivant le défunt comme « un artisan de la démocratie et un grand serviteur de l’Etat ».
Inculpé dans l’affaire dite de l’avion présidentiel, le défunt Premier ministre (2017-2019) était placé sous mandat de dépôt depuis août 2021.