Le comité mis en place par la junte au pouvoir depuis le putsch du 18 août au Mali a désigné Bah N’Daw, un colonel à la retraite, au poste de président de la transition. Celui-ci devra faire face à plusieurs défis économiques pour un pays qui reste très fragile.
Le colonel à la retraite Bah N’Daw (photo), présenté par la junte putschiste au Mali comme celui qui va assumer les fonctions de président de la transition, aura un agenda chargé. Au-delà de la stabilisation sociale et politique de ce pays, il lui faudra redonner confiance aux différents secteurs économiques. Une tâche qui n’est pas gagnée d’avance.
La première chose à faire est de regagner la confiance des donateurs internationaux. Leurs différentes contributions ont soutenu la croissance du produit intérieur brut (PIB) du pays entre 5 et 6% au cours des récentes années. Bah N’Daw a collaboré avec la France en sa qualité de militaire et de ministre éphémère de la Défense, mais a des attaches personnelles avec la Russie, un partenaire qui avance à grands pas en Afrique.
Sans le soutien des donateurs, le Mali continuera de connaître une profonde crise sociale. Sur une base purement mathématique, le PIB par habitant est de 2471 $ par an, soit environ 1,4 million de francs CFA par an. Mais la redistribution effective de la richesse créée est légèrement différente. Selon les données disponibles sur le site de l’institut national des statistiques, le seuil de pauvreté qui est de 177 000 FCFA de revenus par an est atteint par 46% de la population.
L’économie malienne est peu diversifiée du point de vue des exportations. Les ventes d’or brut ont représenté environ 85% des exportations en 2019 et au cours du premier trimestre 2020. La production agropastorale qui a représenté près de la moitié du PIB au cours des deux dernières années reste faiblement représentée dans le commerce international.
Aussi, ce secteur occupe une part importante de la main-d’œuvre du pays, à l’exclusion des autres secteurs. Dans une telle configuration, les importations du Mali représentent deux fois ses exportations ; ce qui le met en situation de déficit extérieur chronique.
L’autre grand défi du pouvoir de la transition est le maintien des grands équilibres du budget. Les revendications populaires risquent de revenir avec force, une fois que l’euphorie de la victoire du peuple va passer. Or structurellement, le gouvernement malien dispose d’un budget limité, en raison d’un faible niveau de taxation aussi bien des individus que des entreprises.
La dernière ligne de confiance à restaurer est celle des relations avec le secteur financier. Un résultat très peu perçu de la majorité protestante au Mali a été la possibilité du pays à lever des financements sur le marché des capitaux de l’UEMOA à des taux intéressants. Cela a été possible grâce à une inflation (hausse des prix) maitrisée au sein de l’économie, et une situation gérable de la dette.
Bah N’Daw va prêter serment le 25 septembre si son statut est accepté par toutes les parties prenantes. Alors commencera la gestion effective des affaires, loin de la passion des revendications populaires.
Idriss Linge
Agence Ecofin