Elle n’est plus ministre des Affaires étrangères, mais elle bouscule les tabous, met entre parenthèses les interdits, fonce, et elle fait bouger les lignes. Elle, c’est Mme Kamissa CAMARA, ministre l’Économie numérique et de la Prospective. Grâce à elle, le Mali serait-elle en voie de rétablir ses relations avec Israël ?
On se rappelle que le vendredi 28 juin 2019 Madame la Ministre de l’Économie numérique et de la Prospective, Mme Kamissa CAMARA, ancienne patronne de la diplomatie malienne, avait reçu maladroitement en audience le Directeur commercial de Amos Spacecom, une société israélienne basée à Tel-Aviv et spécialisée dans les VSAT, Monsieur Albert Khayat.
L’objectif de la rencontre, selon le département chargé l’Économie numérique et de la Prospective (voir sa page Facebook) était de présenter leur nouveau satellite AMOS 17 dont le lancement était prévu le 27 juillet à Cap Carnaval, en Floride (USA), et de demander l’accompagnement du ministre dans la concrétisation d’une future convention entre Amos Spacecom et l’AGETIC et éventuellement les autres structures dudit Département.
M. Khayat, Directeur commercial de Amos Spacecom avait aussi saisi l’opportunité pour inviter le ministre, ainsi que l’AGETIC à la cérémonie de lancement du satellite AMOS 17. Et l’ancienne chef de la diplomatie malienne, aujourd’hui ministre de l’Économie numérique et de la Prospective, Mme Kamissa CAMARA avait rassuré le partenaire de son entière disponibilité et de l’engagement du Gouvernement. Eh bien ! C’est chose faite.
Sans résoudre la question du rétablissement des relations diplomatiques avec Israël, Mme Kamissa CAMARA a envoyé une délégation officielle de son département composée des ingénieurs de l’AGETIC et de l’AGEFEAU prendre part au lancement de AMOS-17 qui, dit-on, couvrira une grande partie de notre territoire.
Le Mali répond ainsi officiellement à une invitation d’Israël, à travers la société Amos Spacecom. Distorsion des règles d’usage ou revirement diplomatique ? Quand est-ce notre pays s’assumera ou cesser de brouiller les pistes ?
En effet, dans le cadre de la coopération avec l’État de Palestine, le Premier ministre, Chef du Gouvernement, Dr Boubou CISSE, a reçu, le jeudi 2 mai 2019 dans l’après-midi, une délégation conduite par le Gouverneur de la ville Sainte de Jérusalem, M. Adnan GAISS, et le Directeur général de l’Agence Palestinienne de coopération M. Imad ZOUHAYRI, porteurs d’un message de paix et de solidarité auprès du peuple Malien.
Selon le compte-rendu d’audience, les échanges entre les personnalités ont porté sur les voies et moyens qui permettront le renforcement des liens de coopération historique entre les deux pays, notamment dans les domaines de la santé, de l’agriculture, et de l’éducation.
Le Premier ministre le Dr Boubou CISSE, en homme d’État certainement mieux conseillé, a affirmé à la délégation palestinienne la disponibilité du Gouvernement malien, sous l’autorité du Président de la République, Chef de l’État, SEM Ibrahim Boubacar KEITA, à travailler de concert avec le Gouvernement de la Palestine pour le renforcement des liens d’amitié et de collaboration.
Peut-on renforcer la coopération et avec la Palestine et avec Israël sans rétablir officiellement les relations diplomatiques avec l’État hébreu ? Comment donc comprendre ce zigzag diplomatique ?
Le Premier ministre reçoit et traite les Palestiniens, la ministre de l’Économie numérique reçoit et traite les Israéliens. Pendant ce temps, le ministre des Affaires étrangères, comme s’il planait, reste coi, dans un silence de carpe, comme s’il ne comprenait rien aux enjeux. La confusion ternit l’image de notre diplomatie qui n’a jamais fignolé jusqu’ici.
Le temps est donc venu de s’assumer pour le revirement diplomatique ou d’assumer l’ancrage diplomatique traditionnel. Question d’intérêt du Mali d’abord.
Affaire à suivre
PAR BERTIN DAKOUO
Info Matin