Le dernier rapport de l’Enquête d’opinion de Mali-Mètre « Que pensent les Maliens (e)s ? » publié ce jeudi 19 mai relève que plus de neuf personnes enquêtées sur dix ont confiance (70% beaucoup confiance et 22% peu confiance) en l’appui de la Russie pour aider le Mali à retrouver son intégrité territoriale. En revanche, la Force Barkhane qui est en train de se redéployer au Niger ne laissera pas bonne presse, car plus de sept enquêtés sur dix sont insatisfaits (13% plutôt insatisfait et 60% très insatisfait) de son travail de lutte contre le terrorisme.
Friedrich Ebert Stiftung (FÈS) a réalisé la treizième édition de son enquête d’opinion politique marquant aussi les dix ans d’existence de Mali-Mètre.
Au cours de la collecte de données qui s’est déroulée du 13 mars au 4 avril 2022, l’échantillon a concerné 2344 personnes de 18 ans et plus, réparties entre le District de Bamako et l’ensemble des capitales régionales, y compris Kidal, Ménaka et Taoudénit.
La présente édition a recueilli les opinions des Maliennes et des Maliens sur la gestion de la Transition et sa durée, les priorités des Maliens, les acteurs de la sécurité, l’implication des religieux dans la vie politique, la relecture de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger, entre autres.
Dans ce rapport publié dans un contexte de vive tension entre le Mali et certains de ses partenaires, dont la France, des Maliens ont pu apprécier la conduite et les résultats des acteurs de la lutte contre l’insécurité et de la stabilisation dans le pays. Parce que l’une des principales attentes des Maliens reste la lutte contre l’insécurité, soit 75% des personnes demandées.
Proportionnellement à cette forte attente de la population frappée de plein fouet par les conséquences de cette situation, des Maliens, en grande partie, ne font pas confiance aux acteurs déployés sur le territoire national en vue d’assurer la sécurité excepté les soldats russes.
Déployée au Mali suite à un mandat des Nations unies, la MINUSMA reste une force qui a encore des efforts à consentir pour bénéficier de la confiance des Maliens.
« L’analyse des résultats montre que plus de la moitié de la population n’est pas satisfaite de la MINUSMA (14% plutôt insatisfaits et 45% très insatisfaits). Cependant, une personne sur cinq est satisfaite de la MINUSMA », indique le rapport de Mali-Mètre.
En comparant les résultats des enquêtes des cinq dernières éditions, le document note une hausse de quinze points de pourcentage de la proportion d’enquêtes insatisfaites du travail de la MINUSMA (passant de 43% en 2021 à 58% à 2022). Toutefois, cette proportion est de 78,0% en 2018.
Les personnes insatisfaites du travail de la MINUSMA reprochent à la Mission onusienne de : ne pas protéger les populations contre la violence des groupes armés (71,5%), se protéger elle-même (42%), son mandat n’est pas suffisamment connu (29,2%) être complice des groupes armés (28%).
Quant à la Force Barkhane, qui a pris le relais de l’opération Serval, après 9 ans d’engagement militaire, est en train d’être redéployée au Niger. Une décision consécutive à la brouille entre le Mali et la France et ayant conduit à la dénonciation du traité de coopération militaire entre les deux États.
Si dans les discours publics, les autorités politiques accusent la Force Barkhane de ne pas être à hauteur de ses missions de lutte contre le terrorisme, ce constat est aussi ressenti par des Maliens. Ainsi, ils sont nombreux soit plus de sept enquêtes sur dix à être insatisfaits (13% plutôt insatisfait et 60% très insatisfait).
Les insatisfaits du travail de Barkhane avancent les arguments selon lesquels, d’une part, la force française ne protège pas les populations contre la violence des groupes armés et des terroristes pour 68,5% ; d’autres parts, ils accusent les soldats de Barkhane d’être complices des groupes armés (51%).
Ainsi, plus de la moitié des personnes enquêtées (52%) estiment que le retrait de la force Barkhane aura un effet positif sur la sécurité dans leur région. Il s’agit des régions de Kayes, Koulikoro, Sikasso, Ségou, Mopti. Cependant, dans les régions dites du Nord, la majorité des enquêtés pense que le retrait de Barkhane n’aura aucun impact sur la sécurité dans leur région : Gao (48%), Kidal (60%), Ménaka (45%) et Taoudénit (66%).
Par ailleurs, l’enquête de Mali-Mètre a aussi mis en évidence l’engouement et l’espoir que les Maliens fondent sur la Russie dans le cadre de la lutte contre l’insécurité, contre le terrorisme. Le Mali, depuis la rectification de la Transition, tente de renforcer davantage ses relations militaires avec la Russie en témoigne les dernières acquisitions d’équipements de combats, mais aussi des séries de visites des autorités maliennes à Moscou.
« Plus de neuf personnes enquêtées sur dix ont confiance (70% beau¬coup confiance et 22% peu confiance) en l’appui de la Russie pour aider le Mali à retrouver son intégrité territoriale », affirme le résultat de l’enquête de Mali-Mètre.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin