J’avoue sans honte, être désormais exaspérée et le fais savoir quand je suis assaillie par une horde de gamins, supposés élèves coraniques, et qui deviennent mendiants à la limite du racket. Certains disent même d’eux, qu’ils sont des brigands voire des passeurs pour des trafiquants de stupéfiants. C’est vrai que, souvent, ils apparaissent au moment où on s’y attend le moins. Pendant qu’on rêvasse dans un véhicule ou qu’on négocie un prix ou qu’on marche comme un automate, pris par ses pensées…
C’est indéniable, qu’ils sont «agressifs» dans leur démarche, se bousculant et vous bousculant. Sans parler des agressions sonores avec ces litanies qui vous percent le cœur ou alors, par leur tempo saccadé, vous rappellent la pire migraine de votre vie. Comment ne pas donc sentir, voir la crasse de la tête aux pieds, sur le corps, les vêtements, dans leur boîte de conserve transformée en récipient pour l’obole…
S’ils portent des chaussures, ce sont des morceaux de plastique (ou autre matière) tellement usés qu’ils finissent par se confondre avec leurs pieds ou la crasse et les crevasses se font concurrence. Ces enfants, ces adolescents, qui sont de plus en plus nombreux dans les rues de la ville sont le reflet de ce que notre société est devenue.
Le Mali, un pays de solidarité ? C’est pour ça que nous y dédions certainement un mois dans l’année ! Oh les lumières ! Bravo ! C’est pour ça que tant de bœufs sont immolés et que, mis à part ce mois, le vendredi est le jour d’overdose de lait, dattes, et galettes pour les enfants. Oui, le Mali est un pays de solidarité ! Merci de le marteler avec ce qui est supposé être de la conviction mais qui, au fond, n’est qu’une manifestation de la forme irresponsable d’hypocrisie qui fait au Mali pire que le Covid-19, ébola et le VIH/Sida réunis.
Mais que vaut donc la «solidarité» quand elle s’exerce non pas en vue de soulager l’autre, mais de tenter de s’absoudre de certains pêchés ou alors de se faire bien voir… Bref pour donner naissance à des déclinaisons honteuses mais fanfaronnes de ce qui n’est qu’investissement avec un retour égoïste attendu.
En fait, plus je réfléchis, plus j’analyse et j’observe, plus j’arrive à la conclusion qu’en fait nous surfons sur un système d’exclusion très cruel et que nous présentons comme la solidarité. Ce système d’exclusion est devenu une norme et s’applique selon l’opinion, la religion, la richesse matérielle, la naissance… Elle s’appuie sur l’hypocrisie pour se faire valoir… L’exclusion est d’autant plus déroutante et dégoûtante par ses critères ; des critères qui poussent à l’exclusion de l’un, de l’autre, d’un groupe…
Hypothéquer l’avenir de millions d’enfants pour investir des millions pour le formatage, l’éducation de centaines d’autres est la bombe à retardement qui a été inconsciemment posée par des éclairés certainement sur les fondements même de la République. De talibés, élèves coraniques, à… En fait, ces enfants et d’autres se voient voués au destin funeste de ceux qui les y envoient, à savoir le brigandage ! Sauf qu’eux ne seront pas en cols blancs, exception faite de l’exception, mais bien crasseux. Ils auront la hargne, la cupidité et la grande insensibilité toutefois en commun avec l’irresponsabilité qui a perverti leurs vies. Certains marmonnent, sûrement, «les pauvres n’ont qu’à faire moins d’enfants».
D’ailleurs, s’il y a tant de miséreux dans nos pays, c’est pour quelle raison ? Et puis quand on en profite politiquement et économiquement parlant, mieux vaut faire profil bas. Je n’ai jamais compris cette propension à s’exhiber dans ce cadre fait misère. Oh mon Dieu ! Oh mes aïeux et ancêtres ! Sommes-nous donc condamnés à choisir entre la peste et le choléra ? «Contemporanisons» entre ébola et corona !
KKS
Source : Le matin