«Je ne suis pas dedans, je suis né Malien je veux mourir Malien In Shaa Allah» ! Tel est l’engagement sans cesse renouvelé du Général de Division Alhadji AG Gamou. Ce valeureux officier est le gouverneur de Kidal depuis le 22 novembre 2023. Une juste et légitime reconnaissance à un militaire qui a la patrie chevillée à sa baïonnette.
Et pourtant ce globe-trotteur qui a tourné sa bosse dans les endroits les plus chauds de la planète (Libye, Liban, Syrie…) avait toutes les raisons du monde de tourner le dos à la République. Détesté par ses premiers compagnons de combat pour sa loyauté au Mali, la nation n’a pas toujours été reconnaissante à son égard. En témoigne la manière dont il a été remercié à l’Inspection des armées en 2021. Depuis son intégration à l’armée malienne, selon de nombreux témoignages, les motifs de frustration n’ont pas manqué pour ce téméraire militaire «sac-à-dos».
Mais, c’est comme si cela le poussait chaque fois à se sacrifier davantage pour la patrie. Il est réputé être un officier qui ne mâche pas ses mots quand il le faut et qui ne tergiverse pas quand l’intérêt général est menacé ou compromis. Quoi que cela puisse lui coûter personnellement, il n’est pas dans la langue du bois, surtout quand ce sont les intérêts supérieurs de la nation qui sont menacés.
C’est ce qui manque hélas à la majorité des cadres et intellectuels de ce pays qui s’accommodent de tous les manquements et de toutes les mauvaises pratiques tant que cela ne menace pas leurs intérêts. Et ils sont capables de fermer les yeux sur tout pour ne perdre leurs places, les privilèges liées à leurs fonctions. Dans nos services quand, tu vois un agent ou un cadre dénoncer une mauvaise pratique de la hiérarchie, c’est qu’il a cherché à en profiter en vain. Et il en est ainsi un peu partout et presqu’à tous les échelons.
Aujourd’hui, ils sont nombreux à découvrir soudainement les mauvaises pratiques cultivées à souhait sous les différents régimes de ce pays. Mais, à l’époque, ils ont gardé le silence par rapport à des questions ou à des pratiques qui ont hypothéqué nos efforts de développement. Ils avaient toute la légitimité de défendre la patrie face aux vautours qui se la partageaient comme une charogne. Mais, ils ont gardé le silence en pensant à leurs postes, à leurs fonctions et aux privilèges qui y sont liés. Ce sont ces jeux d’intérêts qui ont mis ce pays dans l’impasse actuelle. Et c’est pourquoi la quête de la paix est devenue un fonds de commerce. Bâtir le Mali Kura suppose que nous arrêtions à jouer au médecin après la mort, que chacun accepte de mettre l’intérêt général au-dessus de son ambition personnelle.
Cela suppose que chaque citoyen et chaque citoyenne comprennent que le patriotisme ne se limite pas aux discours démagogiques ou à des déclarations d’intention. Il doit surtout se traduire par des actes concrets, d’engagements sans ambages à défendre les intérêts de la patrie à son corps défendant !
Moussa Bolly
Le Matin