Quatre hélicoptères de marque russes ont été livrés par Moscou au Mali dans la nuit du jeudi 30 septembre 2021. Une commande saluée par tout le pays. Ce qui rehausse aux yeux des Maliens la cote de popularité des Russes avant la signature de l’accord de partenariat entre Bamako et Moscou. Du côté de Paris, “c’est une honte’’. Emmanuel Macron a qualifié les propos des Choguel à la tribune des Nations-Unies d’“inacceptables’’ mais, visiblement, rien ne semble arrêter Dr Choguel K. Maïga et Colonel Assimi à aller au bout de leur projet de réarmement et surtout de diversifier le partenariat militaire.
La guerre diplomatique entre Paris et Bamako au sujet des rumeurs sur un probable accord entre le Mali et le groupe privé de sécurité russe Wagner continue. Paris multiplie des sorties médiatiques et intimidations à l’encontre des dirigeants de la transition malienne, et ce sans compter sur la détermination des autorités du Mali de couper le cordon les réseaux Françafrique aussi vieille que les indépendances. En marge du dîner de clôture de la saison, Africa 2020 au palais de l’Élysée, Emmanuel Macron, a exprimé sa colère envers la transition malienne. “J’ai été choqué, ces propos sont inacceptables’’, s’est-il attaqué à Choguel Maïga. C’est l’enfant de deux coups d’État. La légitimité du gouvernement malien est pratiquement nulle’’, renchérit Macron, tout en soulignant les sacrifices des soldats français au Mali et le mépris des dirigeants maliens.
Du côté de Bamako, silence radio, cependant, les actes piquent plus Paris qui ne sait plus à quel saint se vouer.
Le Colonel Sadio Camara, ministre de la Défense, lors de la réception des hélicoptères russes, jeudi dernier à l’aéroport de Bamako-Senou, a été clair. « Nous sommes ici ce soir pour réceptionner quatre hélicoptères de type Mi-171, des armes et des munitions. Les armes et les munitions sont offertes par la Fédération de Russie. Les quatre hélicoptères, neufs, ont été entièrement acquis sur le budget national. C’est la concrétisation d’un contrat signé en décembre 2020. L’extrême rapidité de l’exécution de ce contrat montre la fiabilité et le sérieux de ce partenaire qui nous a toujours donné satisfaction dans le cadre d’échanges gagnant-gagnant ».
Paris aboie la caravane de Bamako passe.
Cette livraison intervient à un moment de grande tension avec la France, ex-puissance coloniale et partenaire historique qui, comme de nombreux pays africains et européens, s’inquiète d’un possible recours du Mali aux paramilitaires du groupe privé russe Wagner.
Pour le Colonel Sadio, « c’est la concrétisation d’un contrat signé en décembre 2020, entré en vigueur en juin 2021’’. Comme la bonne nouvelle ne vient jamais seule, l’autre avion en maintenance, la Casa C295, est également arrivé à Bamako pour le transport des troupes. Une bonne nouvelle en attendant l’arrivée du deuxième Casa bloqué par les USA en Espagne.
Peu avant cette réception, le président français, Emmanuel Macron avait jugé « inacceptables » les déclarations du Premier ministre malien de transition, Choguel Kokalla Maïga, qui a assimilé, le 25 septembre, à la tribune des Nations-Unies, la réorganisation du dispositif militaire français au Sahel à un « abandon en plein vol » de son pays. « C’est une honte et ça déshonore ce qui n’est même pas un gouvernement », a déclaré le président français à Radio France Internationale (RFI) en marge du dîner de clôture de la saison Africa 2020 au Palais de l’Élysée, estimant que « la légitimité du gouvernement actuel », issu de deux coups d’État, en août 2020 et en mai 2021, était « démocratiquement nulle ».
Cette sortie d’Emmanuel Macron pour répondre à un Premier ministre annonce la fin de l’hégémonie française sur les pays dits colonisés. Ce réveil brutal est juste une réponse cinglante de Bamako à l’annonce de retrait des troupes dans les régions du Nord. Au lieu d’aller à Paris se faire humilier, les autorités de la transition ont jugé utile d’occuper le vide laissé par la France avec l’arrivée d’un nouveau partenaire, qui selon toute vraisemblance, un compétiteur avec qui Paris ne veut pas cohabiter. Dans toutes les régions d’Afrique, la France se sent ridiculisée, humiliée et rabaissée par deux hommes déterminés à laver l’honneur de leur nation, le Mali. Le duo Assimi-Choguel, bien qu’inattendu hier, est en train de surprendre les Maliens et le monde.
Kevin KADOASSO
Source : LE COMBAT