A l’issue de l’interpellation du gouvernement sur la situation sécuritaire, le mercredi 3 avril dernier, l’élu de Kita était face à la presse pour expliquer les raisons d’une telle initiative des parlementaires. Il a saisi cette occasion pour demander la démission du Premier ministre avant qu’une motion de censure ne soit déposée à cet effet.
Pour l’Honorable Tounkara, il s’agissait d’interpeller le chef du Gouvernement sur l’insécurité grandissante et les récentes tueries dans le centre » Ce qui se passe aujourd’hui, c’est ce que nous n’avons jamais vu au Mali. Pourquoi plus de cent personnes sont mortes à Ogossagou et pourquoi nos camps militaires sont-ils attaqués » s’est-il interrogé.
Quid de l’absence du Premier ministre ? Il a rétorqué que, selon la loi, quand il est empêché, il peut envoyer quelqu’un d’autre le représenter devant les députés. Mais, pour lui, face à la proportion de cette crise, pour rien au monde il ne devait manquer ce rendez-vous. » Si c’est en France que ces tueries avaient eu lieu, le gouvernement malien aurait affrété un avionspécial pour montrer sa solidarité. Qu’est-ce qui est plus important que le fait de tuer plus d’une centaine d’innocents ? « .
Aussi il a martelé que le Premier ministre a eu peur de venir car s’il était venu, il savait à quoi s’attendre. » Rappelez-vous le temps où Moussa Mara était Premier ministre et devait entreprendre un voyage sur Kidal. Soumeylou Boubèye Maïga, en tant que ministre de la Défense, a prétexté être malade pour ne pas l’accompagner. Donc, c’est quelqu’un qui fait beaucoup de calcul et quand son intérêt n’y est pas, il décline immédiatement l’offre. En refusant de venir à l’hémicycle pour s’expliquer, il nous a manqué de respect » s’est-il insurgé.
Pour le cas des syndicats grévistes des enseignants, ils ont été privés de leurs salaires conformément à certaines dispositions de la loi. Cependant dit-il, » d’autres avant eux ont fait des grèves et, pourtant, ils ont eu gain de cause parce que l’Etat les craignait. Le peu de salaire que les professeurs de l’enseignement public gagnent ont été coupés, c’est intolérable. Que leur salaire leur soient remis aujourd’hui et demain. Ça ne va plus. Plus rien ne va dans notre pays « .
A le croire, 80 % des membres de la majorité dont le Premier ministre fait partie ne le soutiennent plus. » Il (Boubèye) ne s’entend plus avec la majorité ni avec l’opposition. Idem chez les religieux, le corps des enseignants et les juges. Je ne vois aucune institution au Mali qui soutienne le Premier ministre « .
Dans ce contexte, il suggère à Soumeylou Boubèye Maïga de démissionner à l’image des hommes politiques européens se trouvant dans une situation analogue. » Quand c’est comme ça dans les pays européens, le Premier ministre démissionne. Contrairement à chez nous, où il faut vraiment des moyens extrêmes pour le pousser à la sortie. Pourquoi ne démissionne-t-il pas de son gré ? « a-t-il argué, avant de prévenir que » l’on ne peut pas laisser le Premier ministre nous précipiter avec notre président dans un puits. Si ce pays est foutu, notre nom sera cité en tant que responsable. Donc, qu’il démissionne de lui même. Moi, Mohamed Tounkara, si ça ne tenait qu’à moi, il ne passerait pas la nuit à la primature « .
Selon la Constitution, les députés ont le pouvoir de faire partir un gouvernement, mais un seul homme ne peut pas y parvenir. Il faut que les autres députés soient tous d’accord pour pousser Boubèye à la démission à travers une motion de censure
M H
Source: l’Indépendant