En cette période de crise économique où même la présidence de la République peine à s’offrir un café, le puissant ministre de la Santé et des Affaires sociales ne se prive de rien. Passant pour un homme humble, c’est mal connaître son goût immodéré pour les privilèges et le lux dont il raffole. Michel n’est pas humble et d’ailleurs, ce mot n’existe nulle part dans son vocabulaire. Pendant que ses collègues du gouvernement ont de la peine à se rendre ne serait-ce qu’à Bancoumana, Michel Sidibé, s’offre le lux de visiter les capitales régionales. Tenez-vous bien, pas en voiture, mais par la voie des airs. Ce ministre supposé veiller sur les pauvres ne les voit que depuis le hublot de son avion. Il plane au-dessus de leurs têtes. En six mois, il a visité plusieurs capitales régionales, pas une seule fois en voiture. Alors même que son patron de Premier ministre se tape les plus de 300 km Bamako-Sikasso en voiture. Michel se fait déposer par avion lors de toutes ses sorties. Sa dernière virée régionale en date s’est passée à Kayes, le week-end dernier. Les Maliens ont pu voir le super ministre dans ses grands jours, avec un sourire large. Michel n’aime pas la route, car il ne supporterait pas la poussière. Lui, ancien grand patron de l’ONU-SIDA, habitué à l’air conditionné et aux jets privés, ne peut côtoyer les bourgades du Mali profond. Peut-être comme il est trop émotif et qu’il a des soucis à contrôler ses glandes lacrymales à l’image de son grand patron, il préfère fuir les regards de désespoir des pauvres. C’est mieux de ne pas être au courant de certaines situations de ces bouts de bois de Dieu que la faim et la misère malmènent. Sinon, si notre puissant ministre avait pris la route de Kayes, il aurait vu ces malheureuses populations que les politiques hasardeuses et mal conçues du régime ont poussées dans le désarroi. Michel Sidibé aurait également vu les démunis de Diéma, de Kolokani, de Didiéni, de Sandaré, de Lakamané, de Lambatara. Il aurait pu se rendre compte à quel point les centres de santé de Gory, Kopéla, de Séro, ou de Yélimané manquent de tout. S’il était peut être un peu courageux, Michel aurait pu voir de ses yeux comment les enfants et les femmes de Gangontri, de Bafoulabé, de Toukoto ou de Tambakara manquent d’eau potable. Mais, le ministre de la Santé et des Affaires sociale a peur de voir la misère du Mali profond. Il n’est pas assez hardi pour croiser les yeux de ses jeunes désœuvrés, livrés à toutes sortes de maladies à Kita, Kéniéba, Kassaro ou à Soféto. Ne lui en voulez surtout pas ; Michel n’a aucune idée de ce que c’est la pauvreté, encore moins du fait que deux Maliens sur trois ne mangent pas à leur faim.
Pourtant, il se raconte qu’il est en stage dans le gouvernement pour connaître un peu le Mali et éventuellement remplacer Boubou Cissé à la tête de l’Exécutif. Il faut croire que ce n’est pas gagné d’avance, car un chef de l’Exécutif qui ne connaît pas son pays et le mal profond de son peuple ne peut décider pour son bonheur.
En attendant, les pauvres victimes de la crise du Nord et du Centre crèvent dans l’arrière cour de Bamako sans assistance de Michel Hamala Sidibé. Ce dernier peut se permettre de dilapider nos maigres ressources dans du kérosène et s’offrir une vue imprenable au-dessus de la tête de ce peuple tant meurtri. Et que dire du cri de détresse de la pauvre paysanne du fin fond de Kadiolo qui risque de perdre la vie faute de soins et de plateau technique adéquat, en donnant la vie.
Dieu veille !
Jean JACQUES