Jean-Luc Mélenchon a récemment assuré que François Hollande portait la responsabilité d’avoir “déclenché la guerre au Mali” et clamé que l’intervention française dans ce pays avait coûté 8 milliards d’euros. Cette double affirmation est sujette à caution : si l’ancien président socialiste a bien pris la décision d’engager militairement la France au Mali en 2013, il l’a fait à la demande des autorités de Bamako qui étaient déjà aux prises avec les jihadistes. Loin d’être consolidé, le chiffre de 8 milliards d’euros est par ailleurs une simple estimation qui ne fait pas l’unanimité. Fin 2021, le candidat LFI lui-même préférait parler de 5 milliards.
En pleine ébullition provoquée par l’invasion russe en Ukraine, Jean-Luc Mélenchon a récemment dénoncé l’absence de concertation ayant, selon lui, entouré l’intervention militaire de la France au Mali, qui a débuté en 2013 et vient de s’achever sur fond de brouille avec la junte au pouvoir à Bamako.
“Ils ne vous ont jamais rien demandé ni avant, ni pendant ni après”, a raillé le candidat LFI à la présidentielle dimanche 6 mai lors d’un meeting à Lyon, appelant les électeurs à un changement.
“Si vous ne décidez pas, rappelez-vous que vous ne déciderez plus. Car celui qui est au pouvoir, comme celui qui l’avait précédé, ont déclenché la guerre au Mali, et vous n’en avez plus entendu parler, après qu’on ait voté une fois, pendant neuf ans, nous avons dépensé 8 milliards, (…) nous avons perdu 54 des nôtres”, a-t-il déclaré, précisant ensuite ses propos dans un tweet: “Hollande a déclenché la guerre au Mali, et Macron l’a continuée”.
Cette affirmation, qui a provoqué la colère de responsables socialistes, est trompeuse : si l’ancien président socialiste a bien pris la décision d’engager militairement la France au Mali en janvier 2013, il l’a fait à la demande des autorités de Bamako face à la menace des groupes jihadistes qui contrôlaient alors le nord du pays.
Le chiffre de 8 milliards d’euros avancé par le candidat LFI est, lui, sujet à caution: il s’agit en réalité d’une simple estimation qui est notamment contestée par le président de la commission de la défense et des forces armées du Sénat. En réalité, aucun chiffrage officiel n’est disponible et, fin 2021, M. Mélenchon lui-même évoquait un coût de 5 milliards.
Une intervention militaire demandée par Bamako…
Contrairement à ce que laisse entendre le candidat insoumis, François Hollande n’a pas “déclenché” la guerre au Mali, qui était en proie à une insurrection au nord du pays bien avant l’intervention française.
“Je ne suis pas de la sensibilité de François Hollande, donc je peux parler savamment et dire que c’est totalement faux. Ce sont des propos de préau qu’on tient en période d’élections”, déclare à l’AFP Christian Cambon, président LR de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat.
Quand le président français donne son feu vert le 11 janvier 2013 au lancement de l’opération Serval, il répond en réalité à une demande des autorités de Bamako face aux avancées des groupes jihadistes qui ont lancé une insurrection début 2012.
Depuis juin 2012, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Dine et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) contrôlent désormais les trois régions administratives formant le nord du Mali (Kidal, Gao, Tombouctou) ainsi que des localités de la région de Mopti.
Selon le pouvoir intérimaire alors en place à Bamako, installé après le coup d’Etat militaire perpétré six mois plus tôt, ces groupes visent à présent la capitale Bamako.
Source : AFP Factuel