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LES HUMEURS DE FACOH : On rançonne !

Depuis mi-mars 2020, des mesures gouvernementales pour prévenir l’épidémie (et non pandémie chez nous) du Covid-19, les autorités politiques et les forces de sécurité ne cessent d’ajouter du désordre à l’anarchie avec un amateurisme qui frise parfois la recherche du gain facile. De telle sorte que des abus et des excès sont signalés çà et là de manière criarde sans que les populations y puissent faire quoi que ce soit contre.

 

La fermeture des bars et restaurants ainsi que des boîtes de nuit, certainement décidée par imitation servile des pratiques d’Europe et d’Amérique, n’est qu’une réponse maladroite pour lutter contre ce nouveau mal du siècle. Mais en des pays comme le nôtre où la vie est organisée en groupe et où l’individualisme est peu toléré, on se demande si cette idée n’est pas ridicule.

Au plan national d’ailleurs, selon plusieurs témoignages, les forces de l’ordre et de sécurité feraient du zèle, plus de mal que de bien et causeraient des dégâts plus énormes que le Covid-19.

Dans la Commune rurale de Dogodouman située à l’ouest de Lafiabougou, entre les collines et représentant les dernières manifestations des Monts manding, le poste de gendarmerie récemment créé se déchargerait sur des individus en mal de célébrité pour faire respecter les mesures gouvernementales.

Les gendarmes titulaires se cacheraient derrière ces individus non autorisés pour rançonner les populations. Selon des témoignages concordants, dès 20h, la camionnette de la gendarmerie locale serait conduite par des éléments ne faisant même pas partie du corps et ne possédant point le permis de conduire. Par ce procédé, des chaises, des bancs et du matériel de thé furent enlevés devant des boutiques et des familles sans que rien n’en sorte sauf que les propriétaires ne retrouvèrent leurs biens qu’après paiement de la somme de 20 000 F CFA. Des gros bras qui sans concours ni autres formes de compétition seraient admis à aider les forces de l’ordre soit comme chauffeurs soit comme indicateurs, pour organiser le racket au niveau local et, l’enclavement géographique aidant, se faire des sous en catimini. Ces patrouilleurs d’un autre âge n’auraient d’autres motivations que de montrer à leurs compatriotes  qu’ils sont sortis de la galère alors que plus personne n’attendait quelque chose d’eux et que dorénavant ils font partie des gens sinon du milieu du moins de ceux d’en haut.

Les populations ne reconnaissant pas la réalité du Covid-19, comme dans « la chèvre de M. Séguin«  du fabuliste, qui ne croyait pas à l’existence du loup sur la montagne et qui finit par la manger, croient davantage à une machination du pouvoir pour s’enrichir de l’OMS et des autres organisations internationales. Et c’est vrai que nos autorités furent tellement imprécises, tout au long des années de la démocratie, sur des sujets cruciaux qu’une crise de confiance s’est installée entre elles et leurs administrés.

Facoh Donki Diarra

(écrivain, Konibabougou)

Mali Tribune

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