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Les dirigeants d’Afrique lancent l’alerte d’une situation d’urgence face au paludisme

Les chefs d’État et de gouvernement d’Afrique, les dirigeants mondiaux de la santé et les partenaires de développement ont ce jour lancé un appel commun à l’action urgente pour parer à la crise imminente de la lutte contre le paludisme. À défaut d’action immédiate, avertissent-ils, l’objectif d’élimination du paludisme d’Afrique à l’horizon 2030, tel que fixé par l’Union africaine, ainsi que celui de l’ONU de mettre fin aux épidémies de paludisme dans ces mêmes délais, seront compromis.

À l’occasion d’une conférence de presse organisée en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York ce vendredi, les dirigeants ont lancé l’alerte : le monde se trouve confronté à la plus grande urgence posée par le paludisme ces deux dernières décennies, du fait de la néfaste coïncidence du changement climatique, de la résistance grandissante et de son impact sur l’efficacité des insecticides, des antipaludiques et des tests de diagnostic rapide, et d’un financement inadéquat imputable à la crise financière qui sévit dans le monde.

Umaro Sissoco Embaló, président de la République de Guinée-Bissau et de l’Alliance des dirigeants africains contre le paludisme (ALMA) dresse un tableau alarmant : « Nous avons atteint un point critique. Nous ne disposons actuellement pas de ressources suffisantes au simple maintien des programmes vitaux existants contre le paludisme. Ceci représente la plus grave menace posée à l’élimination du paludisme ces 20 dernières années. Si nous n’agissons pas rapidement pour combler l’écart immédiat de 1,5 milliard de dollars US et mobiliser les ressources nécessaires, nous assisterons sans nul doute à une recrudescence du paludisme et des épidémies. »

Et d’invoquer, pour illustrer la situation, combien la crise financière qui continue d’ébranler le monde a fait grimper les coûts de prestation des interventions essentielles, tandis que la résistance accrue aux insecticides et aux médicaments sape plus profondément encore la lutte contre le paludisme face aux nouveaux produits et approches hautement efficaces mais d’autant plus onéreux aussi. Les hausses de température liées au changement climatique, les cyclones, les inondations et les situations d’urgence humanitaire qui s’ensuivent, accroissent la couverture et les coûts des programmes. La cherté résultante de la lutte contre le paludisme conduit au renversement des acquis durement gagnés du passé.

Durant la conférence de presse, les dirigeants ont préconisé l’accélération du lancement de conseils et fonds multisectoriels nationaux de haut niveau pour l’élimination du paludisme et des maladies tropicales négligées, afin de maintenir la lutte parmi les hautes priorités nationales de développement et de mobilisation de ressources tout en accroissant le financement domestique public et privé. L’accroissement de l’allocation budgétaire publique à la santé et à la lutte contre le paludisme a notamment été invoquée, de même que la priorisation de leur financement dans les allocations aux pays sous les auspices de l’Association internationale de développement (IDA) à travers la Banque mondiale et le recours aux échanges de dettes. À la Banque mondiale, il est demandé instamment de prendre l’engagement d’un nouveau programme renforcé de lutte contre le paludisme, afin de faciliter le financement supplémentaire requis pour combler les insuffisances immédiates, avec l’aide complémentaire des banques de développement régionales. L’apport international accru des bailleurs de fonds traditionnels et de nouveaux marchés donateurs n’en demeure pas moins crucial.

Le Président Embaló a appelé à l’action ses homologues et partenaires : « Le moment est venu de financer entièrement la lutte contre le paludisme, afin de garantir, une fois pour toutes, l’élimination de la maladie. L’objectif peut être atteint par le biais d’approches intégrées, où la lutte contre le paludisme joue un rôle pionnier fondamental au renforcement des systèmes de santé aux fins de la CSU et de la préparation aux pandémies, de même que dans l’atténuation d’impact et l’adaptation au changement climatique. »

La lutte contre le paludisme a atteint un carrefour. Il incombe aux pays, aux régions et à la communauté mondiale de protéger les gains acquis ces deux dernières décennies et de réaliser l’objectif 2030 d’éradication des épidémies de paludisme et de libération de l’Afrique du joug de la maladie.

temoignages.re

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