Un convoi militaire français a été bloqué au Burkina Faso puis au Niger par des habitants excédés par la violence terroriste persistante. Pourquoi la force Barkhane a-t-elle organisé une telle opération alors que le sentiment antifrançais ne cesse de croître ?, interroge le site burkinabé Wakat Séra en évoquant un “convoi maudit”.
En provenance de Côte d’Ivoire, et après avoir été plusieurs fois bloqué sur son parcours, notamment à Kaya, au Burkina, le convoi de 90 véhicules transportant de la logistique de la force Barkhane à destination de Gao, au Mali, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, a également subi le courroux des habitants de Téra au Niger avant de pouvoir poursuivre sa route.
Les manifestations contre le convoi qui ont fait des blessés sur le territoire burkinabé et deux morts au Niger, ont surtout été l’œuvre de populations qui seraient indignées par la présence militaire française au Sahel. Si la manipulation n’est pas étrangère à ces actes et à ces slogans hostiles à la France, qui continue de souffrir du péché originel d’“ancien colonisateur”, ce serait trop simpliste de se limiter à cette raison.
Car les populations sont davantage excédées par les tueries quotidiennes qui endeuillent civils et forces de défense et de sécurité et jettent sur la route de l’exil des millions de personnes, qui deviennent des réfugiés dans leur propre pays.
Et tout naturellement, ces peuples martyrs ne comprennent pas comment la France, associée à tous les autres Occidentaux qui interviennent sur le terrain, ne sont pas en mesure, malgré tous les équipements de haute technologie qui sont les leurs, à vaincre l’hydre terroriste.
Pis, certains n’hésitent pas à accuser ceux qui portent aide et assistance aux armées nationales de complicité avec les djihadistes et autres bandits qui sèment la désolation dans le Sahel, et plus particulièrement au Mali, au Burkina Faso et au Niger.
Une multiplication d’impuissances
C’est dans cette optique également que les dirigeants africains sont pris à partie, car incapables d’éradiquer le phénomène du terrorisme qui enfonce de plus en plus certains pays, dont les armées exposées au dénuement et à la cupidité de leur hiérarchie ne savent plus à quel saint se vouer.
S’il urge de réajuster le tir du développement endogène concernant tous les citoyens du pays qui ont droit aux besoins existentiels dont la majorité est en manque total, il est davantage important de remettre à niveau les armées nationales et les équiper davantage, afin que la sécurité et la défense du territoire, domaines éminemment de souveraineté, ne soient plus sous-traitées avec des puissances étrangères, qu’elles s’appellent France, Russie, Chine, ou États-Unis.
Ces partenaires de premier ordre peuvent, comme l’a reconnu, avec responsabilité, le président nigérien, Mohamed Bazoum, contribuer à assurer la formation des éléments des armées nationales et les aider avec des renseignements affinés qui leur permettront de devenir des chasseurs et non des chassés des terroristes. De même, les Français, Américains et Allemands pourraient mettre à la disposition des pays sahéliens les moyens logistiques aériens dont ils ont besoin pour plus d’efficacité.
Attention aux provocations inutiles
Les solutions existent donc bel et bien pour éviter ce sentiment d’envahissement que provoque chez les populations sahéliennes cette présence de troupes françaises au sol qui, malgré les efforts qu’elles font pour anéantir les chefs et des combattants des groupes terroristes, souvent au prix du sacrifice ultime de leurs soldats, sont contraintes de subir l’ire de populations prises dans l’étau des “hommes armés non identifiés” [ou Hani, c’est sous ce vocable que sont désignés les auteurs des attaques terroristes].
Question : pourquoi Barkhane, bien au fait de l’existence du sentiment antifrançais qui ne cesse de croître, tient à faire traverser sur trois pays, un convoi aussi important de logistique, alors que le transport par les gros-porteurs de type Antonov ferait plus facilement l’affaire ? À moins que ce soit par pure provocation ou par ignorance des réalités du terrain.
Morin