L’Égypte a été préférée à l’Afrique du Sud pour organiser la CAN-2019. Déjà habitué à organiser de grandes compétitions sportives, le pays a de nombreux atouts en matière d’infrastructures. Seul bémol : la sécurité.
La Confédération africaine de football (CAF) a fait son choix mardi 8 janvier. Après le retrait du Cameroun en novembre dernier, c’est finalement l’Égypte qui organisera la prochaine Coupe d’Afrique des Nations du 15 juin au 13 juillet 2019. Le pays des pharaons été choisi au détriment de l’Afrique du Sud, qui faisait pourtant figure de favori.
« Ce qui a fait la différence, c’est l’engagement du gouvernement. Comme vous le savez en Afrique, vous ne pouvez rien faire, les passeports, les visas, les transports, la sécurité, tout dépend du gouvernement. Si vous n’êtes pas sur de l’engagement complet du gouvernement sur ces sujets, vous ne pouvez rien faire », a déclaré au micro de France 24Ahmad Ahmad, le président de la Confédération africaine de football.
L’Égypte a déjà organisé à quatre reprises la CAN (1959, 1974, 1986 et 2006). Mais le défi est aujourd’hui tout autre. Elle n’a que 158 jours avant le début de la compétition. Très prisée par les touristes, elle dispose de deux grands aéroports internationaux et d’un vaste parc hôtelier. Elle compte aussi plusieurs stades de grande capacité.
« Huit stades sont déjà prêts et utilisés pour les matchs du championnat local », décrit ainsi Tamer Ezz El Din, le correspondant de France 24 en Égypte. « Selon nos informations, les rencontres de la CAN-2019 auront lieu dans quatre villes : Le Caire, Alexandrie, Ismaïlia et Port-Saïd ».
Reste le problème des transports, comme le souligne le journal Jeune Afrique : « Les routes du pays font partie des plus dangereuses du monde, une tendance qui s’est aggravée depuis la révolution, où la soif de liberté fait souvent les règles de sécurité les plus élémentaires. Le réseau routier est correct sur les grands axes, beaucoup moins au niveau des voies secondaires ».
La menace d’attentats
Mais la véritable interrogation concerne la sécurité. Le pays va organiser pour la première fois une Coupe d’Afrique depuis la chute du président Hosni Moubarak, en 2011. L’Égypte est confrontée à une vague de violences depuis l’arrivée au pouvoir en 2013 d’Abdel Fattah al-Sissi. Les attaques de groupes extrémistes ont tué des centaines de membres des forces de sécurité, mais aussi des civils au cours des dernières années, notamment de la minorité copte et des touristes. En novembre 2015, l’organisation État islamique avait fait exploser une bombe à bord d’un avion de ligne russe décollant du Sinaï, tuant 224 personnes.
Il y a quelques semaines, le 28 décembre, trois vacanciers vietnamiens et leur guide égyptien ont aussi trouvé la mort dans un attentat à la bombe près des pyramides de Guizeh.
Malgré la menace, les organisateurs se veulent rassurants. « Il y a de grands projets pour la sécurité. Je ne pense pas que nous aurons de problème », a insisté le président de la fédération égyptienne, Hany Abo Rida.
La violence dans les stades
La violence à l’intérieur même des stades égyptiens est un autre sujet d’inquiétude. En février 2012, au moins 74 personnes, pour la plupart des supporters d’Al-Ahly, sont mortes dans des heurts au stade de Port-Saïd après une rencontre entre le club cairote et l’équipe locale d’Al-Masry. Ces violences avaient conduit à l’interdiction aux supporters d’assister aux matches. La mesure a été par la suite assouplie. « La violence dans les stades sera contrôlé durant la CAN, comme cela l’a été lors des matches de la Ligue des champions qui ont eu lieu en Égypte. Aucun acte de violence n’a eu lieu dernièrement », tempère Tamer Ezz El Din.
Même si des efforts sont mis sur la sécurité, est-ce que les spectateurs seront au rendez-vous ? Lors de la CAN-2006, les rencontres de l’équipe nationale avaient rassemblé de nombreux spectateurs, mais celles des autres sélections avaient été boudées par le public. Tamer Ezz El Din se veut cependant optimiste car « le football est la passion » des Égyptiens. « Ils ont en plus le grand espoir de remporter la Coupe. Ils l’ont gagnée trois fois lorsqu’ils l’ont organisée », rappelle le correspondant de France 24.
Pour parvenir à cet objectif, les Pharaons pourront compter sur leur joueur vedette : Mohamed Salah. Véritable ambassadeur du pays, il a remporté pour la deuxième année consécutive le Ballon d’Or africain. Il devrait être la grande attraction de la CAN-2019.
Avec France24