A quelques jours de la célébration de cette date historique du 20 janvier 1961, par ailleurs date de création de l’armée malienne, une polémique, récurrente et presqu’itérative, fait un son de cloche disgracieux dans l’harmonie des relations internationales du Mali. Le sujet n’est donc pas nouveau, car certains leaders pointent, encore, du doigt la présence des militaires français sur le sol malien. En le faisant, il appelle à une grande manifestation pour exiger, sinon demander, le départ de la France.
C’est en soi un bel hommage au courage du Président Modibo Keïta, qui en prenant cette décision rapatriait les soldats soudanais, qui combattaient sous la bannière de la France en Algérie et au Cameroun. C’est dire qu’il avait le souci d’avoir une armée souveraine à même de défendre le territoire national. A ceux qui lancent l’appel au départ de la France, une question revient comme un boomerang sans jamais recevoir de réponse tranchée. L’armée malienne, en l’état actuel, est-elle suffisamment montée en puissance pour défendre l’intégrité territoriale ?
Avant d’avoir une réponse à cette interrogation, il nous plaît de mettre à profit cette date diplomatique importante pour jauger de la présence du Mali sur la scène diplomatique internationale. Le discours du Président Keïta devant l’Assemblée nationale en janvier 1961 était essentiellement consacré à la grande activité diplomatique de la jeune République. 60 ans après, cette voix malienne qui fédérait les non-alignés face aux blocs Est/Ouest a perdu de sa superbe. Notre pays se fait dicter les règles, suit béatement les directives internationales contenues dans les accords et autres protocoles de coopération. C’est ainsi qu’il s’est trouvé confronté à la levée de boucliers face à l’intégration d’un module d’éducation sexuelle complète à l’école. C’est ainsi qu’il se voit accuser d’importer des lois étrangères quand il veut avoir une législation sur les violences basées sur le genre.
La diplomatie malienne est dans un neutralisme inquiétant sur les questions africaines et ouest-africaines. Elle s’atrophie, du point de vue de son influence, pour se recroqueviller sur la question malienne simplement. L’heure est grave, sans doute, mais elle ne nous autorise pas à naviguer dans un neutralisme négatif.
Y.KEBE