Depuis quelques semaines, la fréquence de coupures d’électricité, au niveau des quartiers de la capitale (Bamako) et environs ont provoqué l’ire de nombreux citoyens. Certains, regroupés en association projettent même un setting devant la Direction Générale de l’EDM, ce jeudi. Auparavant, en sa qualité de premier responsable du département chargé des Mines, de l’Energie et de l’Eau, Lamine Seydou Traoré a animé une conférence de presse le jeudi 15 avril dernier dans la salle de réunion de son département. Il s’agissait pour lui de donner la réelle situation des choses qui empêche l’EDM à assurer en temps plein la desserte du pays en électricité.
L’objectif de cette conférence de presse était d’expliquer les causes de ces maintes coupures d’électricité, et de faire part à la population les solutions préconisées par l’Etat pour faire face à cela. En sa qualité de seul conférencier du jour, le Ministre Traoré dira en premier lieu que ces délestages sont hors de leur volonté. Avant d’égrener le chapelet des causes de rationnement de l’électricité dans notre pays, que sont : les problèmes de combustibles dans les centrales de productions thermiques et l’ancienneté des équipements.
Pour la petite histoire, il fera savoir que dans l’ensemble, notre pays a besoin durant cette période de pointe en maximum, 400 Mégawatts productibles, sur cette quantité indiquée, Bamako seul consomme 300 Méga soit 75%. Et notre production (le Mali) ne dépasse pas 300 Méga et les 100 Méga doit nous être fourni par l’Etat voisin la Côte d’Ivoire. « Le Mali n’est pas le seul pays à se faire importer de l’électricité, il y a d’autres Etats dans ce même système » a éclairci le Ministre Traoré.
A ses dires, pour prévenir ce problème, un contrat a été signé entre notre pays et la Côte d’Ivoire pour fournir ces 100 Mégawatts. Néanmoins, dit-il, le constat a été que ledit pays nous fournissait en deçà des 100 Méga promis. « Le 7 Avril dernier, le Directeur Général de l’EDM-SA et la Directrice Nationale de l’Energie se sont encore déplacés en Côte d’Ivoire pour aller dire de nouveau aux ivoiriens le constat de la baisse de la tendance. Nous avons pu quand-même combler cette baisse parce qu’ils avaient baissé au tour de 30% et nous voulons être sûrs que la production va être continuelle jusqu’au moins en mois de juin, encore une fois, nous avons eu les garanties. A notre grande surprise, le lundi dernier, on s’est trouvé largement encore en deçà de la capacité promise » a-t-il déploré.
Selon le ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau, toutes les solutions susceptibles d’être mises en place pour pallier ces soucis, ne peuvent pas se faire avant un délai minimum de 18 mois. Et c’est dans ce cadre que furent lancés les travaux des 100 Méga de construction de la Centrale Thermique de Sirakôrô dont le niveau de réalisation est autour de 30% comme 1ère solution. La 2ème est qu’ils ont commencé à mettre en œuvre un plan d’investissement très ambitieux, notamment le développement de l’énergie solaire et de l’énergie éolienne, étant donné que nous avons le vent et le soleil et la 3ème solution porte sur le développement des barrages. C’est pourquoi, les travaux du barrage de Kégné dans la région de Koulikoro ont démarré. D’après lui, il s’agit d’une Centrale hydraulique de 56 Mégawatts qui permettra de sécuriser la consommation de Bamako.
« Nous avons aussi demandé à ce que nous puissions développer, au moins lancer avant la fin de la Transition, trois nouveaux barrages sur le fleuve Niger. Il faut rappeler que depuis tous ces temps-là, en 30 ans, nous n’avons pas réalisé de barrages sur le fleuve Niger. Donc, pour ces barrages Baoulé 2, Baoulé 3 et Baoulé 4, on vient juste de signer en mars dernier un protocole d’accord avec une entreprise pour réaliser les études et les travaux de ces barrages » a informé le Ministre des Mines, de l’Energie et de l’Eau.
Il a également fait savoir, qu’ils ont travaillé de concert avec l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS) pour accélérer les travaux du barrage de Gouyina qui contribuera à augmenter la capacité du système OMVS de 52%, « Mais malheureusement à cause de la Covid-19, le chantier a dû être arrêté au moins deux fois. La fin des travaux est prévue pour septembre 2021 » a dit le ministre Traoré.
Dans son intervention, le premier responsable des questions de l’Energie au Mali a fait savoir que si on veut remettre l’Energie du Mali à niveau et faire en sorte qu’il n y ait plus de délestage, il faut un investissement de 2.300 Milliards de FCFA alors que le Mali ne se limite pas à l’Energie. Pour cela, d’autres solutions alternatives seraient trouvées. Avant de clore ses propos, il a attesté qu’ils travaillent pour alléger la souffrance de la population, auprès de laquelle population il implore la compréhension et l’indulgence. « 2022 sera beaucoup meilleur que 2021…» a-t-il donné comme assurance.
Par Mariam SISSOKO