Malgré les efforts consentis par le gouvernement de la Transition à hauteur de milliards de francs CFA pour amortir le prix des denrées de première nécessité, certains commerçants n’ont de cesse d’augmenter les prix. En première ligne, le prix du sucre qui a subitement pris l’ascenseur comme pour se mettre hors de portée des bourses.
Or, c’est précisément dans le but de soulager la souffrance des consommateurs maliens suite à la flambée des prix sur le marché mondial qu’il a initié un certain nombre de mesures parmi lesquelles, une subvention à hauteur de 14 milliards de francs CFA. Mais le cahier des charges établi entre les importateurs et le gouvernement à cet effet est manifestement violé par des commerçants.
C’est pourquoi le Conseil des ministres extraordinaire convoqué le dimanche 7 août 2022 a pris des décisions fortes pour remettre en ordre que les deux ministres ont explicitées devant la presse.
Le ministre de l’Industrie et du Commerce, Mohamed Ould Mahamoud a fait un tour d’horizon sur la situation du marché mondial. Il y a des rapports de cause à effet entre l’inflation que nous connaissons et la crise ukrainienne, les sanctions prises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et l’Union économique et monétaire ouest- africaine (Uemoa) contre notre pays déjà fragilisé par la double crise sécuritaire et sanitaire liée à la Covid-19. Ainsi, les prix de la plupart des produits sur le marché international ont connu des augmentations. Le prix de la tonne de blé est passé de 177.000 FCFA en novembre 2021 à 262.000 FCFA en avril 2022, soit une hausse de 48%. Au même moment, le prix du sac de 50 kg de farine boulangère est passé de 22.500 à 25.000 FCFA, soit une augmentation de 11%.
Par ailleurs, les prix fournisseurs du sucre ont connu une hausse de 275.000 à 445.000 FCFA, soit 62%. Selon les données de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao), I’indice des prix des produits importés par les pays de l’Union Economique et monétaire Ouest Africaine (Uemoa) s’est accru de 48,6% au mois de juin 2022 par rapport à son niveau de la même période en 2021. Cet indice est en accélération par rapport à mai 2022 où il avait enregistré une hausse de 46,2%. Ainsi, les hausses les plus importantes sont notées au niveau du blé (+73,1%), du riz (+44,8%), des huiles (+39,6%) et du sucre (+24,2%). Les cours du pétrole brut sur les marchés internationaux (moyenne WTI, BRENT, DUBAI), exprimés en dollar US, ont enregistré une progression de 55% en glissement annuel en juin 2022, après une hausse de 62,8%% au mois de mai 2022.
Pour le ministre, la situation du Mali aurait été plus compliquée si des mesures d’atténuation n’avaient pas été prises par les autorités. Ainsi, pour contenir la répercussion intégrale de ces augmentations sur le prix au consommateur, le gouvernement a pris des mesures visant la réduction de 50% de la base taxable à l’importation de 300 000 tonnes de riz, 110 000 tonnes de sucre et 30 000 tonnes d’huile alimentaire représentant un manque à gagner d’environ 15 milliards de FCFA ; l’administration des prix de ces produits pour éviter les augmentations injustifiées ; le renforcement des brigades de contrôle des prix de la Direction Générale du Commerce, de la Consommation et de la Concurrence et la suspension de l’exportation des céréales et du bétail sur pied.
Grâce à ces mesures, les hausses des prix fournisseurs ne sont pas proportionnelles aux augmentations enregistrées sur les prix indicatifs plafonds.
Cette performance enregistrée par notre pays a été rendue possible grâce aux concertations engagées par le département avec les industriels, les importateurs et les commerçants détaillants qui ont accepté de renoncer à une part substantielle de leur marge bénéficiaire.
Pour toutes ces raisons, le gouvernement ne saurait tolérer une quelconque spéculation de prix. Les contrôles sont renforcés pour faire ramener le prix du kilo de sucre importé à 600 FCFA et celui du sucre local à 500 FCFA comme avant. Tous ceux qui outrepasseront ces prix seront sanctionnés, a-t-il affirmé.
Pour édifier l’auditoire, le ministre Sanou a affirmé que la subvention de 14 milliards ne veut dire que le gouvernement a versé cette somme aux importateurs. Il a en fait, renoncé à des taxes à hauteur de ladite somme. Le ministre de l’Economie a ensuite évoqué d’autres facilités accordées par le gouvernement pour soulager les populations. Ainsi, plus de 350 milliards ont échappé au gouvernement, selon ses explications. Depuis l’éclatement de la crise, les dépenses sont beaucoup plus orientées vers les secteurs de la sécurité.
Drissa Togola