Le ministre de la Communication, de l’Economie numérique et de la Modernisation de l’administration, Alhamdou Ag Ilyène, a fait savoir que la rencontre avec la presse est une instruction du président de la Transition, le colonel Assimi Goïta. Elle vise à conseiller les hommes de médias à être, durant la crise socio-sécuritaire, professionnels dans le traitement et la diffusion des informations, à combattre la désinformation, la propagande, l’intoxication, à cultiver le patriotisme et développer la résilience chez les Maliens, de motiver les Forces armées maliennes en vue d’instaurer la cohésion sociale, le vivre ensemble au Mali.
Il a fait remarquer que “l’information doit être utile. Et si elle n’est pas utile, elle ne doit pas être nuisible. Nous savons toutes les difficultés dans lesquelles les hommes de médias exercent péniblement leur noble métier. Mais, s’il y a des événements graves comme le conflit interne de terrorisme, de criminalité imposé au peuple malien, il est important que le gouvernement, par la voix du ministre de la Communication, contacte les hommes de médias pour échanger en vue d’améliorer le traitement et la diffusion des informations qui développent l’esprit patriotique, l’esprit de résilience chez les populations maliennes, des informations qui encouragent les Forces armées du Mali à bien faire leur travail de protection des personnes et de leurs biens, contrer et combattre les désinformations, les propagandes, l’intoxication sur le Mali. Il s’agit aussi de diffusion des informations qui combattent les informations hostiles à l’Etat et aux populations du Mali, qui combattent les informations de division qui portent atteintes à la cohésion sociale et le vivre ensemble au Mali qui est un pays de brassage et de complémentarité culturelle. Et pour cela, le président de la Transition compte sur l’esprit patriotique des hommes de médias”.
“Une communication adaptée aux circonstances pour sauver notre pays”
Le ministre de la de la Refondation de l’Etat, chargé des Relations avec les institutions, Pr. Ibrahim Ikassa Maïga a rappelé que le Mali est en guerre multidimensionnelle et multiforme dont une guerre de communication imposée au pays depuis 10 ans et qui touche les Maliens au plus profond de leur existence. Donc, a-t-il précisé, les Maliens sont contraints à cette lutte existentielle. “Depuis plus de 10 ans, les Maliens se battent contre l’hydre. Des indépendantistes alliés à des terroristes nous sont présentés. Mais, nous savons que les ramifications les plus importantes sont ailleurs. Puisqu’il y a des commanditaires, des sponsors, des alliés. Et c’est le Mali qui est menacé de disparition, c’est notre peuple qui meurt tous les jours par milliers. C’est macabre de le dire ainsi, mais c’est la triste réalité. Plutôt que de bénéficier de la solidarité des uns et des autres, nous voyons tomber sur nous des agressions de toutes natures. Aujourd’hui, nous faisons face à une guerre de communication. Et à cette guerre de communication imposée au Mali, il est demandé aux hommes de médias d’opposer une communication de la guerre, une communication adaptée aux circonstances pour sauver notre pays, le Mali. Parce que l’information est déformée sous toutes ses coutumes pour présenter à l’opinion nationale et internationale une certaine facette des choses qui est loin de la réalité”, a-t-il expliqué.
Dans l’entendement du ministre Ikassa, le journaliste a une grande et lourde responsabilité puisqu’il est considéré comme le 4e pouvoir au sein de l’Etat. A ses dires, ce journaliste doit mieux comprendre l’effet induit de sa ligne éditoriale, des mots, des thèmes qu’il choisit pour informer sur tel ou tel événement et qui peut impacter l’opinion nationale, qui peut atteindre l’opinion et le peuple dans sa détermination, dans son patriotisme, dans sa vocation à être résilient face à cette agression dictée par des intérêts géostratégiques de cette puissance. “Depuis que nous avons entamé cette lutte pour le renouveau, pour le Mali Kura, les masques tombent avec des approches deux poids, deux mesures.
Ce qui est inacceptable pour un peuple malien qui se bat contre le terrorisme et qui se meurt depuis 2012 jusqu’à ce jour malgré la mobilisation les super puissances internationales pour, soi-disant, l’assister. Les forces françaises, Serval, Barkhane, puis la Minusma, qui dépensaient chacun plus d’un milliard F CFA par jour, somme si elle était mise dans la disposition de l’Etat du Mali, pouvait permettre de relever le niveau de son armée, de redéployer l’Administration et de finir avec cette guerre. Sauf que l’objectif des puissances étrangères, surtout de la France, n’était pas d’aider l’Etat malien à se restaurer, à rétablir son autorité et à conquérir l’intégrité du territoire national. Leur objectif était ailleurs. Il s’agit de diviser le Mali pour créer le chaos et exploiter ses ressources. L’opération Serval a délimité le territoire malien pour faire place à l’opération Barkhane qui est l’amoncellement de dune de sable pour faire ombrage afin de lutter contre le Mali avec l’opération Takuba (l’épée) pour diviser le Mali. Le peuple malien a mis tout ça en échec. C’est pour dire aux hommes de médias que nous n’avons pas d’autre pays que le Mali. Il leur est donc demandé d’opposer une communication adaptée à la désinformation, à la propagande. Les hommes de médias, considéré comme le 4e pouvoir, ont une grande responsabilité pour amener le peuple malien à être résilient. Il s’agit de nous sauver”, a-t-il ajouté.
Pour le président de la Haute autorité de la communication, Gaoussou Coulibaly, la rencontre d’échange est un appel au patriotisme. Selon lui, la Hac ayant en charge la régulation des organes de médias (presse écrite, audiovisuel, presse en ligne) est en train d’élaborer des textes dès leur adoption permettront d’avoir un œil regardant sur les réseaux sociaux pour limiter les dérives à leur niveau. Il a souligné que la Hac fait partie intégrante de l’Etat et ne saurait se soustraire des préoccupations de l’Etat. Selon lui, les hommes de médias sont des acteurs et des défenseurs de la liberté de presse, l’émanation du 4e pouvoir. Les hommes de médias, à ses dires, sont donc des sentinelles pour tous qui doivent faire preuve du respect des normes de la déontologie et de l’éthique qui encadrent leur mission. Ce qui est la quête permanente de la Hac. Il s’agit de permettre aux hommes de médias d’être professionnels dans le traitement et la diffusion des informations afin de ne pas tomber dans le sensationnel.
“Par les temps qui courent, il est demandé aux hommes de médias un jugement à leur propre niveau. Quand la nation est en danger, chacun se doit d’apporter sa pierre dans la survie de l’Etat qui est confronté à des forces négationnistes venues de l’extérieur. Donc, nous appelons tous les médias à être suffisamment professionnels”, a-t-il indiqué.
En réaction, certains participants à la rencontre ont assimilé les propos des ministres et du président de la Hac à un bâillonnement de la presse. Ce qui, à leurs dires, n’est pas acceptable car les journalistes sont responsables et patriotes. A ce titre, ils ne doivent pas être ridiculisés. Ils ont fait savoir aux personnalités les difficultés des organes de presse et le difficile accès à l’information qui doit être proche des hommes de médias, surtout ceux de l’intérieur du pays qui ne demandent qu’à être sécurisés.
Siaka Doumbia