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«Le Mali sous Moussa Traoré» : Critique de “la contribution du CMLN à l’édification nationale”

A la page 57 du livre intitulé “Le Mali sous Moussa Traoré“, il y a le chapitre IV consacrée “A la contribution du comité militaire de libération nationale à l’édification nationale“. Les auteurs du livre ont écrit à la page 58 ceci: De  “la suppression des champs collectifs afin de libérer les énergies dans les campagnes“: c’est  une campagne d’intoxication qui était à l’œuvre par les ennemis de ce parti qui avaient infiltré son camp après leur défaite aux élections législatives de 1958. Nulle part au Mali, les champs collectifs ont emprisonné les énergies. La production des champs collectifs: l’idée des champs est une idée de la culture au sein de certaines ethnies du Mali en milieu rural.

Moussa traore ancien president malien

Jusqu’a présent au Mali, en pays dogon, senoufo, bambara, il y a le champ de la grande famille et le champ qui appartient individuel. Là où il faut critiquer l’idée des champs collectifs, c’est la préparation psychologique des paysans à cette idée qui n’avait pas réussi.

Ailleurs, au Mali et surtout dans le nord, le problème fondamental des champs collectifs a été que ce sont des champs qui appartenaient à des individus et qui ont été retirés à leurs propriétaires pour en faire des champs collectifs. Cela a fait des mécontentements. Il y a eu un grand problème contre l’US-RDA que le parti n’a pas pu juguler: c’est la campagne d’intoxication contre les actions du parti.

Les éléments du PSP avaient participé à intoxiquer les populations. Par exemple on a fait savoir aux gens qu’avec le socialisme, personne ne peut disposer de sa femme, les gens mangeront  dans une tasse commune. Les personnes âgées seront tuées. Et le président Modibo Keita avait fait même référence à l’exécution de ses vieux dans un de ses discours (voir Modibo Keita: discours et intervention).

Par exemple à Gao où le  parti US-RDA et son gouvernement avaient construit par l’aide de la république socialiste de Yougoslavie,  l’un des abattoirs les  plus modernes de l’Afrique de l’ouest, mais on avait fait croire aux populations de Gao, c’est ici qu’on viendra tuer tous les vieux et toutes les vieilles personnes. A cela s’ajoute la campagne française contre le Mali car à l’époque le cheptel bovin du Mali a été atteint par la peste bovine et la péripneumonie. C’est cet abattoir qui avait servi de camp aux sinistrés en 1973. Les décombres sont encore à Gao.

Les champs collectifs dont vous critiquez, font partie d’un grand projet de développement du Mali sous l’US-RDA mais certaines populations manipulées de l’intérieur et de l’extérieur par les forces du mal n’avaient pas compris.

En Afrique des années 1960, 1970 aux années 1980, l’Afrique comptait deux grands économistes. le marocain Mahdi Elmandjra (futurologue) et le franco égyptien Samir Amine. C’est ce dernier qui était le conseiller économique du président Modibo Keita dans les années1961 – 63. C’est lui qui avait conseillé au président Modibo Keita la politique de “l’investissement humain“. C’est avec cette politique que les paysans avaient construit des écoles partout au Mali où le besoin s’avère nécessaire.

Les paysans ont confectionné les  briques, fait les maçons, à apporter le matériel de toiture et en retour le gouvernement du Mali c’est- à-dire l’état devait apporter les grands moyens: les ipens, le bureau du maître, les fournitures scolaires, l’instituteur et les médicaments. C’est avec ce grand projet que plusieurs milliers d’enfants maliens qui n’avaient vu venir l’école dans leurs villages depuis plus de 60 ans de colonisation, avaient vu le chemin de l’école.

Certaines classes étaient construites en paille et chaque maman, chaque père avait eu à apporter un matériel pour la construction des classes. Les élèves étaient assis à même le sol. Et pourtant, aujourd’hui, plusieurs cadres de notre pays sont sortis de ces écoles, produits de “l’investissement humain“.

L’enseignement catholique dont les auteurs font référence, l’US-RDA ne l’a jamais supprimé et  l’US-RDA était le premier parti politique à demander à introduire les medersas dans l’enseignement  au Soudan depuis les années 1950 donc bien avant son avènement au pouvoir en 1960. C’est la politique du CMLN qui a mis l’enseignement à terre. C’est la politique du CMLN qui avait enterré toutes les énergies au niveau de l’enseignement.

A son avènement sur la scène politique par “effraction” en 1968, les auteurs du coup d’état de 1968 avaient vu aux enseignants, leurs premiers ennemis à abattre car celui qu’ils viennent de renverser est un enseignant. Et les premiers contestataires et opposants à leur putsch étaient les enseignants. Pour avoir de l’énergie, il faut manger. Pour détruire les esprits, il faut affamer les ventres des grands penseurs, qui sont les enseignants.

L’humiliation a commencé  par les tortures au camp para et dans les prisons les plus dures du territoire national : Niono, Kidal et Tombouctou. La guerre contre les enseignants avait commencé depuis 1970 avec la décapitation des syndicalistes enseignants qui étaient les meilleurs syndicalistes du milieu enseignant. Ce sont eux que le chef de la sécurité de Moussa Traoré, le lieutenant Tiécoro Bagayoko avait fait chanter à la radio Mali. Il y avait un parmi eux qui avait refusé de chanter et il avait dit à Tiécoro Bagayoko ceci: “la raison du plus fort est toujours la meilleure“.

A près ce mouvement du SNEC de 1970, ce syndicat est devenu une marionnette de la politique CMLN-UDPM et son congrès de 1988 avait aussi vu  l’avènement des valets du CMLN-UDPM en tête dont un est membre du comité national des parents d’élèves. Ce SNEC CMLN-UDPM est à la base de la déportation des enseignants de la division III SNEC de Bamako en 1980 à Gao, dont parmi les déportés  il y avait Isaac I Konaté, un certain Ongoïba et monieur Simbara qui a été même directeur national de l’enseignement technique et de l’enseignement secondaire général.

Nous revenons sur la situation des enseignants sous le Mali de Moussa Traoré. Ils avaient faim et pour travailler, il faut de l’énergie. L’un des auteurs du livre, “Le Mali sous Moussa Traoré” est monsieur Oumar Issiaka Ba qui a été ministre de Moussa Traoré. Lors d’une visite à l’intérieur du Mali et particulièrement dans la région de Mopti, il a été interpellé par un enseignant du nom de M.D. qui l’avait dit ceci face à la situation dramatique des retards chroniques des salaires: “Même si on est perché dans la cour du ministère de l’éducation nationale, on doit être au courant de la situation des enseignants“.

La réponse que M. Oumar Issiaka Ba donne à ce professeur d’histoire et de géographie, c’est de prendre son véhicule de fonction pour venir à Bamako et faire une décision de mutation à ce professeur muté à Kayes. Ce sont de tels gens qui viennent écrire un livre intitulé, “Le Mali de Moussa Traoré“.

Imaginez, un enseignant qui fait trois à quatre mois sans percevoir son salaire et qui enseigne et la déontologie du métier ne lui permet pas d’abandonner les enfants qui cherchent le savoir et qui sont l’avenir du pays. Vraiment ce régime avait déshumanisé l’homme enseignant. Ce régime a hypothéqué l’avenir de ce pays. C’est le même Oumar Issiaka Ba que Moussa Traoré avait nommé ministre de la Justice et c’est lui qui voulait protéger son cousin qui avait escroqué les agents de la CMDT à Bougouni pour une histoire de vente de bœufs à Abidjan, une somme de plus de 80 millions de francs maliens.

Pour cela, il fait muter le juge qui avait refusé de cautionner s cette action. Son cas me rappelle celui de monsieur Victor Sy que Tiécoro Bagayoko avait décidé d’envoyer à Taoudéni pour un an sans jugement uniquement parce qu’il a manqué du respect au CMLN et Tiécoro Bagayoko fait venir le professeur Yaya Bagayogo, ministre de l’Education nationale pour lui annoncer la nouvelle.

Un ministre enseignant, qui connait parfaitement beaucoup de membres du CMLN après avoir eu à les enseigner à l’EMIA. Le ministre Bagayoko a dit ceci: “d’accord“. Et c’est le capitaine Sounkalo Samaké du camp para de Bamako qui avait intervenu en faveur de Victor Sy pour ramener la détention d’un an à trois mois. Voici le comportement des civils qui avaient servi sous le CMLN. Ce n’est rien qu’un comportement de servitude à une dictature contre la liberté du peuple malien.

Aux auteurs du livre “Le Mali sous Moussa Traoré“, nous avons en image encore à Gao, la situation des enseignants au nord du Mali et particulièrement dans la région de Gao. Une année à Gao et particulièrement à Ansongo, les enseignants avaient plus de six (6) mois sans salaire. Un jour, la rumeur avait couru dans la ville d’Ansongo que le percepteur avait reçu les salaires. Le matin, c’était la ruée sur le cercle d’Ansongo où se trouvait le bureau du percepteur. C’était la consternation quand le percepteur, un sonrhaï, avait eu à leur dire ceci: “Eh! Wallahi (par Dieu), haya kour chaykonè” (je n’ai rien avec moi).Wakoy, goy wiri (allez-y chercher du travail).

A Gao ville, c’était la file indienne devant le trésor de Gao dans les années 1980 jusqu’au 25 mars 1991 où ce régime sinistre dirigé par un homme sinistre et sadique est tombé par la Volonté du Seigneur Qui donne le pouvoir à qui  il veut. Tellement que les enseignants étaient nombreux à occuper les lieux, l’ombre des arbres ne pouvait pas les tenir.

En 1984, les enseignants du premier cycle à Gao, s’habillaient dans leur majorité avec une popeline rayée qui ressemble de vue au Bazin et les gens l’avaient surnommé “le Bazin des enseignants“. Pour vivre, les enseignants  de Gao étaient obligés de faire une sorte de troque chez un commerçant du nom de S.B.

L’enseignant était obligé de faire un bon pour acheter des vivres chez le commerçant avoir de l’argent en espèce, il vend le même grain chez le commerçant en cassant le prix. Certains enseignants prenaient leurs salaires contre des pourcentages chez les billeteurs et les percepteurs.

Aux auteurs du livre, “Le Mali sous Moussa Traoré“, par Allah, cela s’était passé sous le régime que vous avez servi et que vous défendez. Les enseignants étaient menacés par certains de leurs supérieurs hiérarchiques dont les directeurs régionaux de l’éducation (structure créée en 1981 après la crise scolaire de 1980), les inspecteurs. Nous avions été menacés par un directeur régional à l’IPEG (Institut pédagogique d’enseignement général) de Diré en 1988.

Il avait dit ceci lors d’une rencontre avec le personnel enseignant: “Nous ne reconnaissons pas quelqu’un qui s’oppose à un chef de service. Dès qu’on rapporte quelque chose sur vous, vous serez sanctionné“. Un inspecteur de l’enseignement à Bamako, n’avait rien trouvé que de muter injustement un maître de second cycle qu’il avait taxé de meneur dans une grève des enseignants.

Cet enseignant avait fait le concours professionnel d’entrée à l’Ecole Normale Supérieure de Bamako et il avait passé. C’est le même enseignant qui avait rencontré le même inspecteur dans la cour du ministère de l’Education Nationale et il avait refusé de lui tendre la main devant une foule. C’est le même inspecteur qui a été nommé directeur régional de l’éducation dans une région du Mali, directeur national de l’IPN (Institut pédagogique national) sous le général Sékou Ly et un jour il a été dans la ferme de son ministre   accompagné du technicien de l’élevage du ministre.

Les moutons du ministre étaient sortis de l’enclos et il  a couru  en vitesse pour rattraper les moutons de son ministre. Le vétérinaire  n’avait pas bougé. Voici l’état CMLN-UDPM et ses serviteurs civils. Après le coup d’Etat de 1968, devant le capitaine Diby Syllas Diarra, nommé gouverneur de Gao, le juge de Diré de l’époque  a dit ceci: “nous voulons que les militaires restent éternellement au pouvoir“. Diby l’avait dit ceci; “vous ne connaissez pas les militaires!”.

Aux auteurs du livre “Le Mali sous Moussa Traoré“, même le président Alpha Oumar Konaré qui a été ministre sous ce dictateur avait reconnu en 1984 lors d’une visite en France en 1984 que “le coup d’Etat du lieutenant Moussa Traoré, le 19 novembre 1968, n’avait pas sa raison” (voir le journal “Le Nouvel Observateur” de l’année 1984).

L’histoire a donné raison au docteur Mamadou El Béchir Gologo, Abdoul Gata Ba, Kounandi Traoré, Samba Lamine Traoré (paix à leurs âmes) quand ils nous avaient dit ceci lors d’une rencontre à Niono en 1992: “le capitaine Sounkalo Samaké nous avait dit quand nous étions internés  au camp para de Bamako qu’il commandait, qu’il avait joué un rôle déterminant dans le coup d’Etat du 19 novembre 1968 mais si c’était à refaire, il ne le fera plus.” Le capitaine Sounkalo Samaké a repris les mêmes mots dans son livre “Ma vie de soldat” en  2007.

Le 19 novembre 1968, Moussa Traoré qui aime très bien le pouvoir a voulu avoir “son 18 juin 1940” si nous reprenons les termes de l’ancien président du Niger, M. Diori Hamani que le général De Gaulle, Pierre Messmer et Jean Colombani avaient installé au pouvoir le 28 septembre 1958 au Niger.

Le président Diori avait dit que tous les putschistes militaires des années 60 en Afrique, chacun voulait avoir “son 18 juin 1940” comme le général De Gaulle sur Radio Londres qui avait exhorté les Français à poursuivre le combat pour la libération de la France. Pour le président Diori, aucun des putschistes militaires des années 60 en Afrique, n’avait eu à commander un camp militaire dans l’armée française car ils étaient tous atteints par le “numerus clausus“.

Incha Allah, nous apporterons la contre vérité point par point, chapitre par chapitre au livre du grand mensonge. Comment quelqu’un qui avait démissionné d’un système politique 24 h avant sa chute  peut-il  diriger  un collectif de rédacteurs d’un livre pour nous raconter des baratins ?

Moussa Traoré n’est pas de l’histoire pour nous. Nous avons vu son avènement et nous avons vu sa chute. Le sergent chef Samba Sangaré (paix à son âme) dit dans son livre: “Dix ans au camp mouroir de Taoudeni“, qu’après leur libération, lui et son ami l’adjudant chef Guediouma Samaké avaient fait le trajet de la base aérienne de Bamako à la place de l’indépendance au centre de Bamako. C’est de là qu’ils avaient pris un taxi pour rejoindre leurs familles respectives. C’était en 1980. Rien n’avait changé de Bamako et c’est pour cette raison qu’ils avaient été torturés pendant dix ans dans le bagne de Taoudéni?

En écrivant ce livre, cela nous rappelle la phrase célèbre du président IBK après les événements du 23 mai 2006 à Kidal: “Tous les regards seront braqués sur le peuple touareg“.

Vive la vérité.

Yacouba Aliou, Bamako

Source: L’Inter de Bamako

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