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Le Mali accuse le français IDEMIA d’entraver la présidentielle de février 2024, désormais reportée à une date ultérieure

L’élection présidentielle au Mali sera reportée. Dans un communiqué, le gouvernement de transition explique ce report par des raisons techniques, notamment la « prise en otage » d’une base de données par l’entreprise française IDEMIA, à qui l’Etat refuse le paiement de 5 milliards FCFA.

Au Mali, l’élection présidentielle prévue pour les 4 et 18 février 2024 sera finalement reportée. L’annonce a été faite par le gouvernement malien de transition, dans un communiqué publié ce lundi 25 septembre.

Selon les autorités maliennes, ces dates connaîtront un « léger report pour des raisons techniques ». L’objectif, indiquent-ils, est de prendre en compte les nouvelles dispositions constitutionnelles dans la loi électorale […], les résultats de révision annuelle des listes électorales dans le fichier électoral à partir de janvier 2024. Mais surtout, ce report viserait selon les autorités à mieux gérer la « prise en otage » de la base de données du Recensement administratif à vocation d’Etat civil (RAVEC) par le prestataire IDEMIA, une société française.

D’après le communiqué du gouvernement malien, l’entreprise réclamerait 5,2 milliards FCFA (8,4 millions $) qui lui seraient dus avant de transmettre aux autorités l’accès à la base de données qu’elle a développée. En réponse, Bamako a annoncé son refus de payer la somme due à la suite d’un audit du contrat qui aurait révélé 15 irrégularités.

Désormais, les autorités maliennes prévoient d’utiliser un système différent, dont les détails n’ont pas été révélés. Sur instruction du colonel Assimi Goïta (photo), président de la Transition, chef de l’Etat, précise le communiqué, le gouvernement a démarré des démarches administratives pour « effectuer dans les plus brefs délais le basculement de notre base de données sur un autre système qui sera exclusivement contrôlé par le Mali, sans aucun risque de vol de données ni de prise d’otage ».

Entreprise française de sécurité numérique spécialisée dans la biométrie, l’identification et l’authentification, la société IDEMIA, très présente dans le secteur numérique en Afrique de l’Ouest, avait déjà été citée, il y a deux ans dans une enquête. Selon l’association Maliko (constituée de plusieurs organisations de la société civile malienne), l’entreprise aurait bénéficié du soutien de l’ancien ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, qui aurait usé de son influence auprès de l’ancien président IBK, pour lui faire obtenir en 2015 le marché de la fabrication des passeports maliens, en remplacement d’une société canadienne. Cependant, ces allégations n’ont jamais vraiment donné suite à une procédure judiciaire en bonne et due forme.

Si aucune nouvelle date n’a encore été communiquée par le gouvernement de transition pour la tenue de l’élection, on peut raisonnablement imaginer que celle-ci ne pourra avoir lieu qu’une fois l’affaire des bases de données résolue. Et pour l’heure, difficile de dire combien de temps cela prendra, même si le communiqué du gouvernement se veut rassurant. Pendant ce temps, les opposants d’Assimi Goïta lui prêtent des intentions de se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible.

Le 14 septembre dernier, l’activiste malien Adama Diarra dit « Ben Le cerveau » a été condamné à deux ans de prison dont un an ferme pour « atteinte au crédit de l’Etat ». Cette condamnation est intervenue après qu’il a demandé publiquement aux autorités de transition de respecter leur parole en tenant les élections selon le calendrier prévu.

Moutiou Adjibi Nourou

agence ecofin

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