Le Général de Division Alhadji Ag Gamou a été nommé mercredi dernier (22 novembre 2023) gouverneur de la région de Kidal par le conseil des ministres. Une nomination qui intervient presqu’une semaine après l’entrée des Forces armées maliennes (FAMa) dans cette ville prise aux Groupes armés terroristes (GAT) le 14 novembre dernier. Issu de la rébellion des années 1990-1996, Alhadji Gamou est l’un des officiers qui n’a jamais trahi la République du Mali depuis son intégration.
Assurer la sécurité des personnes et des biens dans cette vaste région (près de 260 000 km²) qui n’est pas encore totalement sous le contrôle de l’État ; organiser la reprise des activités des services sociaux de bases (santé, éducation, alimentation et besoins en eaux…) ; restaurer la concorde sociale ; favoriser le retour des réfugiés et des déplacés… Telles seront les premières tâches à accomplir et les premiers défis à relever par le nouveau gouverneur de Kidal, Général de Division Alhadji Ag Gamou.
Sa nomination le 22 novembre 2023 a été bien accueillie dans le cercle des hauts cadres de la région. «Je tiens à exprimer au général de division Alhadji Ag Gamou mes plus sincères félicitations pour sa nomination en tant que gouverneur de la région de Kidal. Son dévouement exemplaire à l’armée et son service antérieur dans cette région, éprouvée par 12 années de lutte, illustrent son engagement indéfectible envers la sécurité et la prospérité» du pays, a déclaré sur «X» Moussa AG Acharatoumane, membre du Conseil national de transition (CNT) et Secrétaire général du Mouvement pour le salut de l’Azawad (MSA, ex rébellion).
«Cet homme est un fin connaisseur de la région de Kidal et de ses réalités. Son parcours remarquable est une source d’inspiration et sa détermination à servir la nation ne fait aucun doute. Je prie pour qu’il puisse guider la région de Kidal vers la stabilité et la reconstruction ; que son leadership éclairé soit une lumière d’espoir pour tous ceux qui ont enduré les épreuves de la guerre», a-t-il ajouté. Pour de nombreux Maliens, la nomination du Général Gamou comme gouverneur de Kidal est «un bon choix». Et cela d’autant plus qu’ils sont convaincus que «Gamou est un rassembleur qui n’aime pas l’injustice ; un homme de terrain qui est toujours devant ses troupes pour se battre contre les ennemis du pays…».
De la Légion verte Libyenne aux Forces armées maliennes
A noter que Alhadji Gamou est né le 31 décembre 1964 à Tidermène, dans le cercle de Ménaka qui faisait alors partie de la région de Gao. Après avoir intégré la Légion verte de l’armée libyenne en 1980 (à 16 ans), au sein de laquelle il a fait la connaissance d’Iyad Ag Ghali, Alhadji Ag Gamou a tourné sa bosse un peu partout dans le monde, notamment en Syrie (Forces spéciales), le Liban aux côtés des Palestiniens… Après plusieurs années de guerres, il regagne un temps la Libye, puis s’engage dans le conflit tchado-libyen. C’est en 1988 qui regagne le bercail. Lors de la rébellion touarègue de 1990-1996, il avait rejoint les rebelles pour combattre au sein de l’Armée révolutionnaire de libération de l’Azawad (ARLA). Mais, en 1994, il s’est brouillé avec Iyad Ag Ghali (fondateur des groupes terroristes Ançar Dine puis du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans/GSIM) alors chef du Mouvement populaire de l’Azawad (MPA).
Satisfait de l’accord de paix signé avec le gouvernement malien en 1996, Ag Gamou a rejoint la même année les Forces armées maliennes (FAMa). Formé à l’Ecole militaire interarmes de Koulikoro (EMIA), il a été affecté à sa sortie dans la région de Ségou en tant qu’officier d’état-major. Casque bleu des Nations unies en 1999 lors de la guerre civile en Sierra-leone, il est revenu au pays une année après (2000) pour être décoré de la médaille de la valeur militaire et est promu au grade de lieutenant-colonel. En 2001, Gamou a été affecté à Gao avant de prendre le commandement de Kidal en 2005. De 2007 à 2009, il a affronté la rébellion touarègue menée par Ibrahim Ag Bahanga. C’est ainsi qu’il a mené l’opération «Djiguitugu» (redonner espoir) et détruit les bases des rebelles. Homme de confiance de feu l’ancien président Amadou Toumani Touré dit «ATT», il est nommé chef d’état-major particulier adjoint de ce dernier en 2010.
Alhadji Ag Gamou est Colonel-major dans le nord du pays (à la tête de la garnison de Kidal) lorsque la rébellion de 2012 a éclaté… En janvier 2013, il a alors pris part à la reconquête du nord du Mali (avec l’Opération Serval de la France) à la tête de 700 hommes, dont 500 Touaregs Imghad. Le 2 septembre 2013, Alhadji Ag Gamou a été élevé à la dignité d’Officier de l’Ordre national du Mali avant d’être promu général de brigade le 18 septembre 2013. En août 2014, le Général a créé le Groupe d’autodéfense touareg imghad et alliés alliés (GATIA). Demeuré cependant général dans l’armée régulière, il n’a jamais officiellement revendiqué son appartenance au Gatia. Le 4 septembre 2019, le Général de Division Ag Gamou a été nommé Inspecteur général des armées et services. Débarqué de ce poste par le colonel Assimi Goïta en décembre 2021, il a été nommé gouverneur de Kidal mercredi dernier en conseil des ministres
Il faut rappeler que son prédécesseur, le colonel Fodé Malick Sissoko, a été arrêté après la prise de Kidal le 14 novembre 2023 suite à la fuite d’une conversation téléphonique très compromettante entre lui et un chef rebelle du nom de Alghabass Ag Intalla.
Moussa Bolly
Le Matin