A l’occasion du rassemblement pour la commémoration du premier anniversaire du M5-RFP, célébré ce vendredi 04 Juin 2021 à la place mythique de l’indépendance de Bamako, le Président du Comité stratégique, le Dr Choguel Kokalla MAIGA, dans sa peau de future Premier ministre de la transition, a tenu discours d’homme d’Etat dans lequel il a fait le diagnostic implacable de la Transition et une fine prospective de la situation politique et sociale de la nation. Face aux défis et enjeux du contexte peu enviable, le futur Chef du gouvernement a décliné ses priorités parmi les urgences et lancé un appel aux amis du Mali au premier rang desquels la France. Aux partenaires du Mali qui doutent faute d’explication et de nécessaire compréhension, Choguel Maïga se veut rassurant : le Mali respectera tous les accords internationaux.
Dévoilant la feuille de route de la Transition rectifiée, Choguel en appelle aussi à chaque Malien et à Malien, à l’unité et la cohésion d’une nation qui a subi tant d’épreuves.
Au nom du président de la transition qui doit prêter serment ce lundi matin à partir de 10h au CICB, il a dévoilé la nouvelle vision ce dernier quant à la suite de la transition : une période de redressement des trajectoires et un processus inclusif.
Voici décliné dans ses grandes lignes discours d’investiture, pardon la Déclaration de politique générale du Premier ministre Choguel.
Bismilahi Rhamani, Rhahim !
Maliennes et Maliens de l’intérieur et de la diaspora, jeunes et vieux ;
Mesdames et messieurs, chers amis du Mali ; Peuple du Mali ;
Je voudrais, avant d’aller plus loin dans mon intervention, saluer à la suite du maitre de cérémonie, les milliers de victime de la crise multidimensionnelle qui sévit dans notre pays depuis bientôt 10 ans, civils et militaires.
Je voudrais que nous priions, il n’est jamais de trop, pour les martyrs tombés durant les combats du M5-RFP.
Mesdames et messieurs, je voudrais aussi que nous ayons une pensée pieuse pour les morts de Sikasso, de Kayes, de Bamako et les blessés d’autres villes.
Mesdames et messieurs,
Il y a un militant du M5-RFP qui aurait dû être là aujourd’hui, mais Dieu en décidé autrement. Je pense à mon ainé, le président feu Soumaila CISSE, que son âme repose en paix.
Vous vous souviendrez que sa libération des mains de ceux qui le prenaient en otages faisait partie des revendications permanentes, à tous les rassemblements du M5-RFP. Je voudrais ici saluer sa mémoire et dire à sa famille, dire à sa formation politique, que le M5-RFP n’oublierait jamais le rôle, sa mémoire, son absence. Malgré qui était absent, il était présent, le rôle qu’il a joué dans la lutte du M5.
Mesdames et messieurs,
Aujourd’hui, on a un de nos grands amis qui n’est pas là et qui était là le 5 juin (2020), je pense à mon ainé, Check Oumar SISSOKO qui faisait partie des intervenants.
Aujourd’hui, il est absent parmi nous pour des raisons de santé. Je lui souhaite prompte rétablissement.
Vous savez, quand on commence à citer, on peut oublier quelques-uns et ça peut créer des malentendus. Mais, je suis sûr que ceux qui n’ont pas été cité, ou qui ne seront pas cité dans la liste de ceux qui ont pesé dans la lutte du M5, personne ne sera offusquée.
Je parle par exemple du Pôle politique du consensus de Jeamill BITTAR, que nous n’avons pas cité, des commerçants détaillants et d’autres organisations.
Mesdames et messieurs,
Je voudrais aussi que nous prions pour le repos de l’âme de deux de nos anciens présidents qui ont disparu au courant de l’année 2020, pendant notre lutte : le président Moussa TRAORE et le président Amadou Toumani TOURE. Que leurs âmes reposent en paix.
Mesdames et messieurs,
Aujourd’hui est un grand jour pour notre peuple. Aujourd’hui, nous scellons définitivement la réconciliation entre les forces armées et de sécurités et le peuple au service duquel elles doivent être. La réconciliation entre les FAMas et le peuple Malien.
Mesdames et messieurs,
Le M5-RFP, comme son nom l’indique c’est Rassemblement des Forces Patriotiques. Rassemblement veut dire inclusion. Nous n’avons jamais pensé qu’au bout de la lutte que nous exclurons d’autres maliens. Ça aurait été une erreur fatale, stratégique, une erreur qui aurait condamné notre mouvement.
C’est pourquoi, aujourd’hui, nous pouvons dire que les forces armées et de sécurités et le M5-RFP qui ont conclu un partenariat stratégique, se sont engagés à faire une transition d’inclusion. Aucun malien ne sera laissé au bord de la route. L’inclusion, c’est le maitre-mot de la transition.
Ce message, le président de la transition a insisté pour que je vous le transmette. Il vaut une transition d’inclusion. Le M5 veut une transition d’inclusion.
C’est pourquoi, le président de la transition m’a chargé de vous dire qu’il compte sur vous, qu’il compte sur le peuple Malien, qu’il compte sur le soutien du M5, qu’il compte sur le soutien de l’ensemble des Maliens.
Ceux qui sont ici, ceux qui ne sont pas ici, des villes et des campagnes, de la diaspora, nous ferons tout notre possible ensemble pour que la transition réussisse.
Mesdames et messieurs,
Nous ferons de la politique au sens noble du terme. J’ai l’habitude de dire que la politique, c’est l’art de réaliser ce qui est possible et de rendre possible ce qui est nécessaire. C’est la compréhension que nous faisons de l’action politique pour réhabiliter le pays, pour réhabiliter l’action politique, pour réhabiliter l’homme politique.
Pour cela, le président de la transition me charge de vous dire, et à travers vous, l’ensemble du peuple Malien et à ses partenaires que nous devons faire preuve d’humilité, d’un esprit de mobilisation sans faille, d’un esprit de suite. Mais aussi, d’une grande capacité de discernement pour ne pas confondre les priorités ; pour ne pas confondre et ne pas prendre en compte les rapports de force dans les décisions que nous serions amenées à prendre.
Nous aurons à rencontrer de puissants vents de mers, nous rencontrerons des tempêtes, des grandes tempêtes de sables qui vont nous boucher l’horizon ; disons qui tenteront de nous boucher l’horizon. Nous rencontrerons des cercles de feux dans lesquels nous allons rentrer avec votre soutien, traverser et conduire le peuple Malien vers des horizons les plus heureux.
Dans ce passage difficile, à travers ces vents contraires, à travers ces cercles de feux, à travers ces vents de sables, nous nous tiendrons la main dans la main. Les Maliens se tiendront la main dans la main. Ils ne laisseront personne tombés. Tous ceux qui seront blessés, qui seront privés, qui seront torturés par les difficultés, nous devons les tenir et tenir et les tirer tous, pour arriver au bon rivage. Il s’agit de tous les Maliens, sans distinction de partis politiques, de religion, de couleur, d’ethnie, de sensibilités sociales et politiques.
Voilà la philosophie du nouvel attelage des forces patriotiques, des forces du changement.
Ça, c’est l’un des messages que le président de la transition m’a chargée de vous transmettre, au nom des forces armées et de sécurités, et toutes les forces acquises au changement.
Mesdames et messieurs,
Il m’a chargé aussi de vous transmettre le message suivant, et à travers vous, à la communauté internationale, le Mali est un grand peuple. Le Mali n’est pas un peuple d’ingrats. Le Mali a toujours été au secours lorsque sa contribution a été nécessaire.
C’est ici à cette place que le président français (François Hollande) en 2013, a dit qu’en intervenant au Mali, la France payait une dette à honorer. Par ce que le Mali s’est battu pour libérer la France.
C’est pourquoi, le Mali aussi, les Maliens, n’oublierons jamais les français qui sont tombés sur notre terre. Rappelez-vous le 11 janvier 2013, lorsque notre pays était menacé par les hordes de terroristes, un français était parmi les premiers qui ont payé leur vie (Damien BOITEUX) pour notre liberté.
Des français sont morts (ndlr : 51 soldats), nous ne ferons jamais l’insulte aux parents de ces soldats qui sont morts.
Nous ne ferons jamais l’insulte aux soldats de la MINUSMA, aux pays africains, aux Tchadiens qui sont morts sur notre territoire en train de nous tendre la main quand nous en avions besoin.
Mais, nous devons dire à nos amis, que notre Peuple a besoin qu’on lui tienne la main pour qu’il se sente débout, pour qu’il retrouve sa fierté, pour qu’il retrouve sa dignité, pour qu’il retrouve son indépendance, pour qu’il retrouve sa souveraineté, pour qu’il retrouve son unité.
C’est pour cela que nous ferons preuve de réalisme et de pragmatisme.
Nous respecterons nos engagements internationaux qui ne sont pas contraires aux intérêts fondamentaux du peuple Malien.
Pour ce que nous savons aujourd’hui, c’est qu’il n’y a pas d’engagements internationaux connus de tous qui soient fondamentalement contre les intérêts du Peuple Malien.
Les engagements qui existent doivent être mise en œuvre dans l’intérêt exclusif du Peuple Malien.
Je n’insisterais jamais assez sur les contingents de la MINUSMA, des soldats de la paix tombés régulièrement sur notre terre.
La MINUSMA investi aujourd’hui dans les actions sociales, appuie les populations sinistrées.
Je crois que nous devons la rendre hommage et la saluer. Et dire à la communauté internationale que le Peuple Malien compte sur sa compréhension. Les invectives, les sanctions, les menaces ne feront que compliquer la situation.
Mesdames et messieurs,
Ce que le président de la transition m’a chargé de transmettre, c’est de rassurer tous nos partenaires que le Peuple Malien veut retrouver son indépendance, son unité. Il veut travailler dans l’honneur. Et nous sommes particulièrement attentifs, nous resterons attentifs aux préoccupations de nos principaux partenaires que sont les pays qui sont venus nous tendre la main lorsque nous étions dans les difficultés.
Mais nous avons besoin aujourd’hui d’un nouveau souffre, d’un nouvel horizon pour que nous retrouvons l’honneur et la dignité du Peuple Malien.
Source: Info-Matin