Après un répit assimilable à l’effacement tactique, le Premier ministre donne de la voix à nouveau ou du moins se montre plus bruyant que depuis la fin de son long alitement. Choguel Maïga n’est certes pas aussi taquin que du temps où il s’amusait à jeter la pierre dans la mare du Mouvement Démocratique, mais quelque chose cloche manifestement de son côté.
Et, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas l’air de s’en laisser conter dans la rude bataille pour conquérir la bonne grâce des colonels. Quoique le processus référendaire lui soit passé par-dessus la tête – du vote de la nouvelle loi électorale jusqu’à l’élaboration du projet de nouvelle constitution, le chef du gouvernement est quand même bien présent à la tâche avec la détermination à y jouer un premier rôle au risque de ravir la vedette à son initiateur. Son ardeur à la tâche l’a même poussé à la maladresse de sortir de son bonnet une tour de magie inédite dans le fonctionnement de l’administration malienne : un décret de la Primature portant vulgarisation du nouveau projet de constitution. Signé comme son nom l’indique des mains du chef du gouvernement, ledit décret est maladroitement contresigné par l’ensemble des chefs des différents départements dont les compétences cadrent avec l’initiative du Premier ministre. Dans le cadre des objectifs dudit décret, il est procédé à une distribution des tâches entre des membres du gouvernement qui rivalisent plus dans la cueillette de suffrages que dans l’explication du contenu du texte en question. Seulement voilà : les observateurs les plus avertis sont formels sur le fait que le Premier ministre outrepasse ses pouvoirs en encadrant la démarche par un décret contresigné par d’autres ministres. Et pour cause, les décrets du chef de gouvernement ne concernent que le seul fonctionnement des services de la Primature et un arrêté interministériel aurait suffi pour la vulgarisation d’un projet dont le président de la Transition, explique-t-on, demeure l’unique porteur.
La Rédaction
Le Témoin