En 2021, le paludisme a tué 619 000 personnes sur les 247 millions de cas enregistrés, une trop légère diminution par rapport aux résultats des années précédentes et à l’objectif d’un monde sans paludisme d’ici 2030. Autre constat terrible : 95% des cas et des décès dus au paludisme se situent en Afrique subsaharienne, et quatre pays concentrent à eux-seuls la moitié des cas et des décès.
En France hexagonale, le paludisme a été éliminé depuis les années 1970 grâce à une combinaison de mesures de lutte antipaludique, telles que la surveillance épidémiologique, la prévention des piqûres de moustiques, la recherche et le traitement des cas, ainsi que la prévention des rechutes chez les personnes infectées. Mais en 2019, 212 cas ont été enregistrés en Guyane, et environ 6000 cas par an sont importés lors de voyages dans des pays endémiques.
“Les moyens financiers pour mettre fin au paludisme existent bel et bien. Et il s’agit avant tout de volonté politique”
Le récent rapport du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme en atteste : la lutte contre le paludisme est victime du changement climatique. La multiplication des inondations comme au Pakistan ou au Mozambique du fait de la crise climatique a entraîné une hausse des cas de paludisme, et des programmes d’urgence ont dû être déployés pour faire face à cette urgence sanitaire.
Ce constat et ces chiffres ne sont pas une fatalité, les moyens financiers pour mettre fin au paludisme existent bel et bien. Et il s’agit avant tout de volonté politique.
Nous, Elus Locaux contre le Paludisme (ELCP), affectés directement et indirectement par cette maladie, avons décidé de nous réunir en collectif et de nous mobiliser ensemble. Nous voulons porter la voix de nos familles, amis et communautés gravement touchés dans les différents pays endémiques africains dont nous sommes originaires.
Nos proches sont parfois éloignés des systèmes de santé ; l’accès à certains outils comme la chimio-prévention saisonnière, dont l’efficacité n’est plus à démontrer, est souvent impossible pour les populations les plus pauvres et les plus vulnérables et notamment les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes.
Nous insistons sur l’accès aux traitements, aux services de santé en matière de lutte contre le paludisme, à la prévention dans les pays les plus touchés et auprès des populations les plus affectées, indépendamment de leur statut socio-économique, à l’impérieuse nécessité d’investir davantage dans la recherche et le développement de nouveaux outils de lutte antivectorielle, les médicaments et les vaccins.
Coopération internationale
En 2021, seuls 3,5 milliards de dollars ont été investis au total pour le contrôle et l’élimination du paludisme, contre les 7,3 milliards de dollars nécessaires. Le financement dédié à la recherche et développement a atteint 621 millions de dollars en 2021 contre 850 millions de dollars requis chaque année.
Nous savons à quel point la solidarité, l’aide multilatérale, la coopération internationale sont essentielles pour atteindre les objectifs de mettre fin aux pandémies, notamment au paludisme, d’ici 2030, comme l’ensemble des Etats-membres des Nations Unis s’y sont engagés.
Nous avons observé la mobilisation exceptionnelle de la communauté internationale pour lutter contre la COVID-19, à travers des contributions financières et des collaborations scientifiques permettant de contrôler et de prévenir la pandémie.
Prenons-en exemple et contribuons à ce que, plus jamais, le paludisme ne tue chaque minute un enfant sur le continent africain et dans le monde.
scidev.net