Au moment où le Mondial 2018 débute en Russie, grosse désillusion pour l’Afrique en général et pour le Maroc en particulier. Le Maroc n’organisera pas la Coupe du monde de football en 2026. Les 203 fédérations membres de la FIFA ont hier désigné l’Amérique du Nord, à savoir le trio Canada-Mexique-Etats-Unis.
En effet, il y a eu quelques surprises, comme le souligne le site de l’hebdomadaire marocain Tel Quel : « les deux principales défaillances attendues se sont produites, avec l’Arabie saoudite et l’Afrique du Sud qui se sont rangées derrière le concurrent nord-américain. Ces fédérations influentes en ont probablement entraîné quelques autres dans leur sillage, à l’image des nations arabo-musulmanes et africaines qui n’ont pas choisi le Maroc : le Pakistan, la Jordanie, le Liban, ainsi que la Namibie, le Lesotho, le Botswana ou encore le Liberia. De façon plus surprenante,poursuit Tel Quel, la Guinée, pourtant réputée proche du Maroc, a voté pour la candidature nord-américaine. D’autres pays africains, comme le Bénin et le Cap-Vert n’ont pas respecté la consigne du président de la CAF, Ahmad Ahmad. » En revanche, « le Nigeria, qui avait été directement mis sous pression par Donald Trump, a finalement voté pour Maroc 2026. »
Du sable dans le couscous royal…
« Le Maroc amer », soupire Jeune Afrique. « Si l’Afrique était unie, cela se saurait. Le Maroc s’en est aperçu hier à Moscou, en voyant onze pays du continent lui préférer United 2026. Les Nord-Africains, qui misaient sur une cinquantaine de votes africains, tombent de haut. »
« On a mis du sable dans le couscous royal », lance L’Observateur Paalga au Burkina. « Le projet marocain n’a pas pesé lourd, en témoigne le résultat du scrutin : 134 voix contre 65. Cela commence à être lassant car c’est la 5e fois pour ce pays. C’est trop. Cette dernière déconvenue est dure à avaler. Et elle risque d’être la dernière car le nouveau format de la Coupe du monde à 48 équipes n’est quasiment pas favorable à un seul pays, fut-il le Maroc. »
L’incompréhensible vote de la Guinée
« Mondial 2026 : où est passée l’unité africaine ? », s’interroge Ledjely en Guinée. « L’opinion publique africaine se demande pourquoi 11 pays africains ont fait le choix de l’Amérique du nord au détriment du voisin maghrébin qui vient pourtant de réintégrer l’Union africaine. Et l’incompréhension est encore plus manifeste face au choix opéré par le Benin et la Guinée,s’exclame Ledjely. (…) Devant le tollé, le président de la Fédération guinéenne de football s’est empressé de se trouver une excuse. Selon Antonio Souaré, son vote a été détourné par une ‘erreur technique’. A l’appui de cette justification, il rappelle qu’il était lui-même ambassadeur de la candidature du Maroc. Mais il faut le dire tout net, le représentant guinéen peine à convaincre grand-monde, estime Ledjely. (…) Poignarder un ami tel que le Maroc dans le dos n’honore pas la Guinée. Et c’est d’autant plus rabaissant pour le pays d’Alpha Condé qu’à la trahison, on semble rajouter la lâcheté. »
Quid des investissements promis ?
En tout cas, la bataille était perdue d’avance, pointe Le Monde Afrique… On savait que les Etats-Unis ne lâcheraient rien après leur défaite face au Qatar pour l’organisation du Mondial 2022. « ‘On ajoute un nouvel échec après ceux de 1994, 1998, 2006 et 2010, déplore un intermédiaire marocain qui ne cache pas son amertume. On a mobilisé des gens, poursuit-il, dépensé de l’argent, donné de l’espoir en s’engageant dans une bataille perdue d’avance’. Pour les citoyens marocains, reste une question, posée sur les réseaux sociaux depuis des mois, relève encore Le Monde Afrique : quid des investissements promis dans les infrastructures ? Le pouvoir, qui était prêt à mobiliser quelque 15,8 milliards de dollars pour organiser la compétition, le sera-t-il toujours pour tenter de réduire les profondes inégalités sociales dans le pays ? »
Et Le Monde Afrique de citer cette question d’un internaute marocain sur Twitter à quelques heures de la décision : « si on n’organise pas la Coupe du monde 2026, on aura droit aux infrastructures ou on ne les mérite pas ? »
RFI