Les concitoyens de la cité des Rails s’estimaient aux anges avec l’annonce d’une réhabilitation de la RN1 en plus de la reprise du trafic ferroviaire. Le second a fini par devenir une réalité au bout de la longue tragédie des essais infructueux et les passagers doivent se frotter les mains de disposer pour l’instant d’une alternative transitoire à l’insécurité. Et pour cause, les travaux de réhabilitation de la route Kayes – Bamako bougent avec le même rythme de tortue que la reprise des rails.
En cause, l’ouvrage repose sur un pilier trop fragile pour ne pas connaître de sitôt un avancement rassurant. En clair, le projet ne fait pas exception à la règle de souveraineté affirmée et reste tributaire comme tant d’autres d’un financement sur budget national. Il va sans dire que par ces temps de difficulté à compenser la disette budgétaire par des levées de fonds sur les marchés régionaux, le rythme de décaissement est en deçà de la cadence appropriée. Il est assujetti aux aléas des ouvertures de crédit et beaucoup d’observateurs estiment par conséquent que la RN 1 ne peut être opérationnelle avant 3 ans.
Les milliards de la carte biométrique sous le boisseau
Dans l’histoire des marchés scandaleux, c’est l’arbre qui cache la forêt. C’est le cas de l’histoire de la carte Nina. Pour 5 milliards en souffrance, il n’aura pas suffi suspendre le processus électoral. Une procédure judiciaire en bonne et due forme a été également diligentée illico presto comme annoncé dans le communiqué du gouvernement sur le report des élections sine die. En atteste le défilé au Pôle économique et financier de plusieurs hautes personnalités impliquées dans le marché passé avec l’entreprise franco-américaine dépositaire des données de base du NINA malien. Selon nos confidences, il a été d’ailleurs démontré à qui de droit que le compte bancaire alimenté pour les besoins du processus électoral de 2018 était crédité à hauteur de 8 milliards de nos francs, soit 3 milliards de plus que le montant nécessaire pour solder les comptes avec le prestataire.
Quoi qu’il en soit, les projecteurs sont braqués sur l’affaire des données NINA pendant qu’un dossier similaire est mis sous le boisseau. Il s’agit du sulfureux marché d’une quarantaine de milliards débloquée pour disposer de cartes biométriques qui ont du mal à se faire jour. Après avoir raté le rendez-vous référendaire et contraint les pouvoirs à la réhabilitation du système désuet d’identification des électeurs. Aujourd’hui encore l’effectivité de la carte biométrique demeure l’otage des multiplies anomalies que révèle le fichier à chaque assurance donnée aux usagers.
Le nouveau ministre des sports est gourmand
Les charges et privilèges régaliens n’ont visiblement pas encore remodelé le nouveau ministre des Sports. Sa proximité avec la plèbe reste entière, au grand dam des exigences protocolaires. De bonne source, en effet, Monsieur Fomba a récemment surpris plusieurs hauts responsables du cercle sportif malien au Stade du 26 Mars qui ont jugé certains de ses gestes en deçà de son rang. C’était lors de la dernière confrontation entre les Aigles du Mali et «The Cranes» de l’Ouganda. Comme d’habitude, en effet, les mi-temps sont l’occasion de retrouvailles de prestige dans la main-courante où les hautes personnalités dégustent une collation avant la reprise de la partie. Il nous revient, de source bien introduite, qu’il n’a pas suffi au ministre malien d’afficher publiquement son appétit glouton. Il lui fallait exposer sa gourmandise par des pratiques qui sont le propre des catégories de convives peu recommandables et insatiables sur les lieux du festin. Le respectable membre du gouvernement en est-il un. ? En tout cas, il n’a éprouvé aucune gêne à se saisir d’un sachet qu’il a rempli de friandises avant de le faire garder dans sa voiture par l’un de ses gardes du corps. L’épisode continue de faire jaser et d’alimenter les commérages dans le microcosme sportif malien où un tel spectacle ne s’est jamais produit auparavant.
La jeunesse du M5 crie aussi au lâchage en plein vol
Sous l’égide du PM Choguel Maiga, le Comité exécutif du M5-RFP n’est plus en odeur de sainteté avec sa jeunesse. C’est l’impression qu’il se dégage, en tout cas, de la dernière rencontre entre le directoire des tombeurs d’IBK et la Coordination nationale de la jeunesse M5. Dans le cadre d’un programme de redynamisation des différentes structures du RFP, il était question d’examiner avec la frange juvénile la situation politique du pays, d’envisager les voies et moyens d’accompagner au mieux la Transition et l’armée et de dégager les perspectives. Mais les échanges, à en juger par le contenu du communiqué qui en est issue, n’a pu éviter de donner lieu à des réclamations de comptes sur fond de frustrations et de dénonciations. A la délégation conduite par Boubacar K Traoré et où figure l’ancien ministre Oumar Diarra, les jeunes ont notamment craché à la figure que leurs «doléances n’ont jamais été prises en comptes à fortiori satisfaites depuis guère 3 ans». À ses réclamations, la jeunesse de la branche politique de la Transition associe également les «martyrs» de juillet 2020 tout en réclamant «un audit des 10 points et 11 mesures». Dans le même communiqué, les jeunes du Mouvement du 5 Juin assimilent l’attitude de leurs aînés à un délaissement comme pour se plaindre d’avoir été abandonnés depuis l’envol rectificatif de la Transition et l’accession de leur président Choguel Maiga à la Primature.
Le jeu trouble et double d’Algérie
À force de valser sur la crise malienne, le puissant et redoutable voisin algérien s’est retrouvé, selon toute vraisemblance, dans un dilemme cornélien. Pas seulement parce que son solide soutien à l’échelle mondiale, la Russie en l’occurrence, fait face aux côtés du Mali au phénomène terroriste exporté d’Algérie, mais aussi parce que le pays de Tebboune sait à peine où donner de la tête devant l’équation touareg. Il nous revient pourtant, de bonne source, que la deuxième patrie des Hommes Bleus a finalement penché pour la difficile option de lâcher ses protégés au profit de ses intérêts géostratégiques. De même source, en effet, Alger servirait depuis quelques temps de vecteur d’acheminement par voie aérienne de matériels russes destinés aux positions Wagnériennes et FAMa de Tessalit pour leur expédition guerrière contre la CMA et le CSP. Et, pendant que l’assaut s’annonce de plus en plus imminent, la ville de Kidal, frontalière d’Algérie, se vide progressivement de ses habitants qui n’ont d’autre destination que l’Algérie pour échapper à la terreur russe. Mais pour atténuer les coups du bâton servi à Moscou contre ses protégés, Alger est disposé, selon nos confidences, à la compensation par une dose de carotte. Les autorités algériennes ont déjà donné leur accord, dit-on, pour abriter un camp d’accueil des nombreux habitants de Kidal potentiellement éligibles au statut de réfugié. Il s’agit d’une première, mentionne notre source, en indiquant au passage que l’Algerie restera toujours réfractaire à l’ouverture de son territoire aux humanitaires de l’ONU. Elle va préférer une domestication des assistances humanitaires.
La Rédaction
Le Témoin