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La restauration : Un frein à la bonne marche de la transition

La cote de popularité de la transition se réduit comme peau de chagrin. La cause: la restauration. On assiste au retour en force des dignitaires des anciens régimes aux affaires. Le retour de ces hommes, responsables de tous les maux dont souffre le peuple malien depuis plus de trois décennies, met dos-à-dos la transition les femmes et les hommes qui prônent le changement depuis la chute d’Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), le 20 août 2020.


Il n’est jamais trop tard pour bien faire, dit-on. L’après Bah N’Daw a été appelé rectification de la transition. Malheureusement, elle a donné naissance à la restauration. Au lieu de donner une nouvelle orientation à la gestion de la transition pour matérialiser le souhait ardent de changement du peuple malien, on assiste, malheureusement, avec les lames aux yeux, au retour des cadres des régimes déchus aux affaires. Et avec des décisions impopulaires qu’ils espèrent imposer aux Maliens pour mettre un frein au changement.
Ils sont maintenant dans les rouages de l’administration. Les hommes de la restauration ont réoccupé leur place partout où ils avaient été chassés au nom du changement au début de la transition. Ils considèrent ce retour inespéré comme une revanche sur les hommes du changement. Profitant de cette réhabilitation, les anciens dignitaires ont pris la transition en otage et bloqué toute évolution vers un véritable changement sans lequel le Mali ne retrouvera jamais sa stabilité légendaire.
La nouvelle collaboration entre les militaires et les nouveaux venus est en train de faire sortir de leur gong les soutiens de la transition. Ils tirent tous à boulets rouges sur la gestion de la collaboration. Il y a deux (02) semaines, Adama Diarra dit Ben le Cerveau, porte-parole du mouvement Yèrèwolo Débout sur les Remparts, donnait le ton de ce que nous avons appelé l’inévitable clash entre la transition et ses soutiens. Il a surpris tout le monde avec des déclarations qui dénonçaient les travers de la transition. Elles ont fait l’effet d’un tremblement de terre au sein de l’opinion nationale. La semaine dernière, c’était au tour de Abdel Kader MaMaïga, un leader de Mouvement du 5 juin et rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Lui aussi n’est pas parti avec le dos de la cuillère. Il déplore l’accentuation de l’insécurité dans le pays et la mauvaise gouvernance.
Comment ces deux hommes ont-ils changé de langage en moins d’une année ? La réponse est simple. La restauration a pris le pas sur le changement. On comprend alors leur colère, déception et amertume. Ils se disent que leur effort est tombé à l’eau avec le retour aux affaires des femmes et hommes qui ont travaillé pour leur propre épanouissement depuis l’instauration de la démocratie imposée aux Africains à la Baule, en France, en 1990.

Comment en est-on arrivé là ?
Depuis un certain temps, les autorités de la transition ont tourné dos aux revendications légitimes du peuple malien, à savoir le changement. Ils ont donné leurs mains aux caciques des anciens barons corrompus pour une nouvelle gestion du pays en mettant sur le quai les acteurs du changement. Ce revirement choque aujourd’hui l’opinion nationale qui espérait qu’avec cette transition, le Mali allait voir le bout du tunnel. Ce retour se voit à travers les nominations dans les commissions mises en place et dans d’autres structures étatiques. Ils sont dans les bagages des ministres pour des missions à l’extérieur.

À la COP 27 en Égypte, beaucoup d’anciens ministres et cadres dont les profils n’ont rien à voir avec l’environnement étaient dans la délégation ministérielle. D’autres sont nommés conseillers spéciaux des présidents de certaines institutions. Le cas frappant est le Conseil national de transition (CNT). Il sert de refuge aujourd’hui à des gens qui doivent répondre devant la justice et des anciens délinquants financiers. Quelle moralité?
Face à la montée de la grogne sociale, la transition doit rectifier la rectification pour satisfaire le désir de changement du peuple malien. Avant qu’il ne soit trop tard.

Yoro SOW

L’Inter de Bamako

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