La mort annoncée d’Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l’Etat Islamique (EI) qui compte en Afrique des organisations affiliées dont Boko Haram, ne signifie pas forcément la disparition de ces groupes terroristes en raison de « l’islamisation des radicalités sociales » notée en Afrique.
« En Afrique, le chômage peut expliquer l’immigration, la délinquance et le djihadisme. Dans ce continent, 66 % des jeunes ont moins de 35 ans et ils n’ont pas énormément d’alternatives. Contrairement à ce qui se passe en Europe, au Proche-Orient ou au Moyen-Orient, il y a une islamisation des radicalités sociales en Afrique et non une radicalisation islamique », soutient Abdou Latif Aïdara, professeur au Centre d’études diplomatiques et stratégiques (CEDS).
A titre illustratif, cet expert international en analyse géopolitique renseigne qu’Ansar Dine et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), deux groupes présents dans le nord du Mali, sont composés entre autres « de trafiquants de cigarettes, de drogue et d’anciens repris de justice ».
Pour le cas du Mali, M. Aïdara préconise d’abord « de lutter contre la délinquance, d’instaurer la bonne gouvernance et d’effectuer un bon aménagement du territoire n’excluant aucune communauté sur toute l’étendue du territoire national ».
A en croire cet enseignant au Centre africain d’intelligence stratégique (CISP), si les Etats africains ne font pas d’efforts dans ce sens, « les populations des périphéries seront mécontentes et donc réceptives aux idées de subversion. La solution ne réside pas simplement dans l’action militaire ».
Ibrahim Awad al-Badri, plus connu sous le nom d’Abou Bakr al-Baghdadi, s’est autoproclamé calife de l’organisation État Islamique (EI) en juin 2014 à Mossoul (Irak). Au summum de sa puissance, l’EI contrôlait un immense territoire à cheval sur l’Irak et la Syrie.
C’est dimanche dernier que Donald Trump, le président des Etats-Unis, a annoncé la mort du leader de l’Etat Islamique au cours d’une opération militaire américaine près du village de Baricha, dans le nord-ouest de la Syrie.
Abou Bakr al-Baghdadi a été plusieurs fois donné pour mort sans aucune preuve le confirmant. De l’avis de Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements djihadistes, « ce serait vraiment surprenant que le président américain s’avance à ce point-là s’il n’était pas sûr de son coup.
Donald Trump sait très bien que « si ce n’est pas vrai, al-Baghdadi peut diffuser une vidéo pour démentir cette information. Et ce serait un sacré camouflet pour les Etats-Unis », souligne Wassim Nasr dans une interview accordée à APA.